FOCUS – Huit lycées grenoblois ont dû être évacués après avoir reçu une (fausse) alerte à la bombe, jeudi 5 octobre 2023 au matin. Des évacuations qui n’ont pas toujours été exemptes de ratés. Déclenchement de la mauvaise alarme, élèves livrés à eux-mêmes, manque de consignes, informations trop tardives… Des parents d’élèves et enseignants déplorent les couacs survenus dans certains établissements. De son côté, le rectorat dresse un bilan plutôt positif mais admet néanmoins des « dysfonctionnements », et a rencontré les chefs d’établissement, mardi 10 octobre, en vue d’un retour d’expérience.
« Heureusement qu’il n’y avait pas de bombe ! On a quand même mis les élèves en danger. » Près d’une semaine après les faits, ce professeur1qui souhaite témoigner anonymement au lycée Champollion ne décolère toujours pas. L’établissement fait en effet partie des huit lycées grenoblois (avec l’externat Notre-Dame, les lycées Stendhal, Eaux-Claires, Argouges, Mounier, Iser-Bordier et les trois sites du lycée hôtelier2Beaumarchais, Clos d’Or et hôtel Lesdiguières) ayant dû être évacués, jeudi 5 octobre 2023, après avoir reçu une alerte à la bombe. Depuis, des voix s’élèvent, parmi les parents d’élèves et enseignants, pour dénoncer les couacs et ratés survenus lors de certaines de ces évacuations.
Au lycée André-Argouges, comme dans sept autres lycées grenoblois, les élèves et le personnel ont dû être évacués en raison d’une alerte à la bombe, jeudi 5 octobre 2023. DR
Le message d’alerte à la bombe – qui, comme la veille au collège La Salle L’Aigle, s’est avéré être un canular – a été envoyé par mail, dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 octobre, aux huit lycées. Lesquels ont tous été avertis peu avant 8 heures. « Huit établissements en même temps, c’est une situation qu’on n’avait jamais connue », souligne Samuel Vitel, directeur de cabinet de la rectrice de l’académie de Grenoble.
« L’organisation s’est structurée très rapidement, pour agir le plus vite possible », se félicite-t-il. Dans chaque lycée, les enseignants ont ainsi été chargés d’évacuer et de mettre en sécurité leurs élèves, tandis que les forces de l’ordre mettaient en place des périmètres de sécurité. Le tout en attendant l’intervention des démineurs et des équipes cynophiles, qui ont ensuite inspecté minutieusement les différents locaux, « jusqu’à la levée de doute ».
« Ce n’était pas l’alerte évacuation, mais l’alerte anti-intrusion, qui implique de s’enfermer dans les salles, se barricader et mettre les élèves sous les tables. »
Voilà pour la théorie. Car au lycée Champollion, l’enseignant précité narre une histoire sensiblement différente. Environ huit minutes après le début de son cours de 8 heures, raconte-t-il, « on a entendu la sonnerie, pas le message. J’ai ouvert la porte et ce n’était pas l’alerte évacuation [pour un incendie ou une alerte à la bombe], mais l’alerte anti-intrusion, qui implique de s’enfermer dans les salles, se barricader et mettre les élèves sous les tables. »
Les élèves du lycée Champollion se sont presque tous retrouvés sur la place Victor-Hugo, après l’évacuation des locaux. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Heureusement, poursuit le professeur, « au même moment, les deux adjointes sont arrivées en courant, en nous disant “sortez tous, c’est une alerte à la bombe”. On est tous sortis, sans consignes, et on s’est retrouvés à 2 000 dans l’angle de la place Victor-Hugo. J’ai dit à mes élèves “dispersez-vous” mais certains n’avaient rien sur eux, toutes leurs affaires étant restées à l’intérieur. »
« Une prof d’anglais est restée deux heures dans sa salle avec ses élèves »
Problème : une poignée de classes n’ont pas pu être prévenues par les adjointes du déclenchement de la mauvaise alarme. « Vers 8 h 20, on a vu arriver les “prépas” », se souvient l’enseignant. « Eux sont dans les étages et s’étaient confinés car personne n’est passé les prendre. » D’après certains témoignages, ceux-ci auraient été avertis de la nature de l’alerte grâce aux réseaux sociaux.
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