EN BREF – Belle initiative du fonds de dotation des Brûleurs de Loups grenoblois. L’organisme a profité de la Journée internationale des droits des femmes, mercredi 8 mars 2023, pour organiser une conférence sur l’égalité et la lutte contre les agressions sexuelles dans le sport. Sans annoncer toutefois une suite concrète à ces discussions.
Le jour d’une grève féministe, la rencontre était assez inattendue et, au moins sur le papier, très intéressante. Le fonds de dotation des Brûleurs de Loups organisait à Alpexpo le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, une conférence et un débat sur des questions… brûlantes. En l’occurrence, celles relatives à l’égalité hommes-femmes dans le sport, notamment le hockey.
L’organisme avait, pour l’occasion, invité trois personnalités à s’exprimer sur ces sujets. Dont deux femmes : Nathalie Tomasini, avocate au barreau de Paris, engagée dans la lutte contre les violences sexuelles, et Mathilde Poli, cheffe d’entreprise, consultante et formatrice en égalité sociale. Le seul orateur masculin était Jean-Patrick Thirion, directeur technique adjoint de la Fédération française de hockey sur glace.
La juriste, qui a parlé la première, a d’emblée donné le ton d’un discours sans langue de bois : elle a ouvert son intervention en regrettant l’absence d’Éric Piolle, maire de Grenoble, « même s’il [était] dûment représenté ».
Cheffe d’entreprise et consultante en égalité sociale, Mathilde Poli estime qu’il reste beaucoup à faire pour les droits des femmes, notamment dans le milieu du hockey sur glace. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
Dans le public, mixte, figuraient des élus et un certain nombre de hockeyeurs de Grenoble et Chambéry. Une audience attentive, même si un peu dissipée sur certaines questions “sensibles”.
Les trois intervenants en ont abordé beaucoup. En premier lieu, celle des violences faites aux femmes dans le milieu du sport, exemples à l’appui.
Une conviction partagée : beaucoup reste à faire en matière de prévention, d’écoute et de répression. Ce qui passera encore par un renforcement de l’attention portée à celles et ceux qui se disent victimes.
Droits des femmes : ne pas “réserver” le hockey aux hommes ?
La conférence a également permis d’aborder d’autres thèmes, tels que la possibilité pour les femmes de pratiquer le hockey sur glace. En France, elles n’ont eu le droit d’y jouer en club qu’en 1983 ! Et, faute de créneau horaire dédié et de volonté politique ou fédérale, le faible nombre de pratiquantes leur impose souvent de jouer dans des équipes masculines. Là aussi, l’égalité avec les hommes est donc encore loin d’être acquise.
Pourtant, en 2022, l’équipe de France féminine a gagné (à Angers) un tournoi qui lui permettra de rejouer en 2023 celui du plus haut niveau international. Ce sera au Canada, en avril. La Fédération veut croire en un développement mixte de la discipline et espère que les joueuses gagneront en visibilité. Ce qui ne serait certainement pas du luxe pour asseoir leur légitimité.
Directeur technique national adjoint, Jean-Patrick Thirion rappelle que la Fédération française de hockey sur glace promeut une pratique mixte de la discipline. Mais, en matière de droits des femmes, concède qu’au plus haut niveau, elles n’ont pas encore la même visibilité que les hommes. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
Autre sujet abordé : les abus dont certaines joueuses sont victimes. Lors de l’échange avec la salle, une jeune hockeyeuse a ainsi témoigné de faits de violence restés impunis. Et en a profité pour déplorer que son équipe n’ait pas été saluée au moment des remerciements, contrairement à celles des garçons présents dans le public.
Alors, trop lent à agir pour les droits des femmes, le milieu du hockey ? Peut-être. Mais qui connaît ce sport sait que tout reste souvent jouable jusqu’à la dernière seconde d’un match. De quoi espérer que la conférence du fonds de dotation donne lieu à des suites concrètes. Et pas seulement à des débats lors des journées symboliques.