FOCUS - Le (nouveau) rassemblement devant le GHM de Grenoble lundi 9 janvier 2023 qui devait marquer une "journée de deuil"... a pris des teintes de célébration. Le matin même, le parquet de Grenoble annonçait en effet le placement en garde à vue de Bernard Bensaid, président du groupe Avec. Un acteur privé accusée par les syndicats de ponctionner indûment dans la caisse de la Clinique mutualiste pour renflouer sa propre trésorerie. Mais l'optimisme n'est pas pour autant au rendez-vous.
L'appel au débrayage des personnels et au rassemblement devant le GHM (Groupement hospitalier mutualiste) de Grenoble lundi 9 janvier 2023 entre 12 heures et 14 heures a rencontré un franc succès. Plus de 200 personnes se sont ainsi retrouvées devant l'établissement pour dire tout le mal qu'elles pensaient du groupe Avec. Ces dernières accusent en effet le repreneur de la Clinique mutualiste de la ponctionner pour renflouer sa propre trésorerie.
Les syndicats avaient appelé à une "journée de deuil" en prévision d'un conseil d'administration qui devait se tenir au matin du 9 janvier. Au cours de celui-ci, devait être validé, sans surprise, l'octroi de 2,7 millions d'euros à la mutuelle Doctocare, actionnaire du GHM, propriété du groupe Avec, désignée comme une "coquille vide" par les syndicats. De l'argent qui, selon eux, était destiné à alimenter les caisses de la société Avec.
La garde à vue de Bernard Bensaid applaudie devant le GHM
Mais la journée de deuil a finalement été joyeuse. Et pour cause : le parquet de Grenoble a annoncé, le matin même, l'interpellation et le placement en garde à vue de Bernard Bensaid, président d'Avec, pour des soupçons de "prise illégale d'intérêts" et de "détournement de fonds publics". Dans la foulée, la justice faisait encore savoir que des perquisitions étaient en cours, tant au domicile de l'intéressé qu'au siège de sa société, à Vincennes.
C'est peu dire que les manifestants - des personnels du GHM mais aussi de nombreux soutiens - ne portent pas Bernard Bensaid dans leur cœur. À plusieurs reprises, l'évocation de ses déboires judiciaires a suscité des applaudissements nourris. "C'est une grande satisfaction", n'a ainsi pas manqué de souligner Thierry Carron, secrétaire du CSE3Comité social et économique. de la Clinique mutualiste et délégué de Force ouvrière.
Un esprit de vengeance dans l'air? Peut-être un peu... mais pas seulement. Le placement en garde à vue de Bernard Bensaid a, en effet, provoqué l'annulation du conseil d'administration. Et donc, du vote des fameux 2,7 millions d'euros à l'intention de Doctocare. Un soulagement pour des syndicalistes qui chiffrent déjà à 6,5 millions la somme prélevée indûment au GHM selon eux en faveur du groupe Avec.
L'origine de cette somme? Des prestations facturées à la Clinique mutualiste, à hauteur de près de 5 millions d'euros sur 2021 et 2022, sans que le montant ne soit justifié, estiment les syndicats comme les représentants d'usagers.
Sans compter des conventions autour de garanties de loyers, dont Thierry Carron conteste, là encore, le bien-fondé. Ainsi que des prêts à taux zéro en faveur de Doctocare, dont les fameux 2,7 millions qui, pour l'heure, restent dans les caisses du GHM.
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