ENQUÊTE - En grève du 17 au 24 novembre 2022, des agents des Ehpad du CCAS de Grenoble André-Léo et Lucie-Pellat8à Montbonnot-Saint-Martin se sont rassemblés le 22 novembre devant le premier établissement, puis sur le parvis de l'hôtel de ville. Une mobilisation illustrant le mal-être et la détresse d'une grande partie du personnel. Lequel alerte sur la dégradation de ses conditions de travail : sous-effectif, manque de moyens, non-remplacement des absences, prise en charge "indigne" des résidents... À ces maux fréquents dans de nombreuses maisons de retraite, s'ajoute à l'Ehpad Lucie-Pellat une stratégie de "terreur" et de "flicage" de la part de la direction, selon les agents.
"Des agents ont écrit une lettre anonyme contre les pratiques managériales, qui a conduit à une enquête interne, sans aucune suite, confiait vendredi 18 novembre Yacine Khalid, élu CFDT du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Grenoble, au sujet de la résidence Lucie-Pellat, à Montbonnot-Saint-Martin. Ensuite, ils ont dénoncé les faits publiquement, le 5 décembre 2021, via la cellule de signalement interne... Mais toujours pas de réponse de la direction."
Enfin, si… ce jeudi 24 novembre 2022, l'administration a fini par réagir suite à la grève débutée une semaine plus tôt à l'appel de la CFDT et de la CGT dans cet établissement et celui du nouvel Ehpad André-Léo. Ouvert en septembre 2022, ce dernier accueille les résidents des Ehpad Narvik et des Delphinelles, ainsi qu'une partie de ceux de Saint-Bruno.
Il faut dire que les personnels des deux établissements ont mis le paquet, avec deux rassemblements successifs organisés mardi 22 novembre dans la matinée. D'abord devant la résidence André-Léo, rue Eugène-Sue, sur la Zac Flaubert, puis sur le parvis de l'hôtel de ville de Grenoble où une trentaine d'agents des deux Ehpad se sont réunis.
Deux actions fortes alors que les agents des Ehpad du CCAS de Grenoble tiraient la sonnette d'alarme depuis des mois pour alerter en vain sur la dégradation de leurs conditions de travail et de la prise en charge des personnes âgées. Et si le mouvement pris fin ce jeudi 24 novembre au soir9voir encadré, à l'issue d'une intervention des syndicats devant le conseil d'administration du CCAS, de nombreux problèmes restent à régler.
Une ouverture "trop à la hâte" du nouvel Ehpad André-Léo ?
Sous-effectif récurrent, manque de moyens, non-remplacement des absents, horaires inadaptés, faible considération du personnel... Les agents égrènent une longue liste de maux communs aux deux établissements, qui se doublent de problèmes propres à chacun. Ainsi, à André-Léo, "l'ouverture a été faite trop à la hâte", déplore une aide-soignante10Tous les agents témoignent volontairement anonymement. "Les équipes ne se connaissaient pas forcément et venaient de trois structures réunies. On est arrivés alors qu'il n'y avait pas de matériel et aucun protocole de travail mis en place."
Pas de mission définie non plus puisque "les auxiliaires de vie font fonction d'aide-soignante", ajoute l'une d'elles. "Les auxiliaires de vie sont payées comme les personnes faisant le ménage ou la restauration, tout en faisant le travail d'une aide-soignante". Une situation "spécifique au CCAS", selon les grévistes qui réclament, toutes professions confondues, "davantage de reconnaissance".
"Il y a trois semaines, je me suis retrouvée toute seule au deuxième étage pour 26 résidents, de 13 h 30 à 20 h 30."
Quant au sous-effectif, celui-ci est unanimement pointé du doigt par l'ensemble du personnel des deux Ehpad. "Pour la charge de travail qu'on a, on n'est clairement pas assez et ce sont les personnes âgées qui en pâtissent", affirme une infirmière à André-Léo qui se souvient d'avoir vu récemment "[ses] collègues se retrouver à trois pour une soixantaine de personnes".
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