EN BREF – La Chambre d’agriculture de l’Isère et la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural alertent sur le danger que représente pour le foncier agricole l’expansion des installations photovoltaïques. Et appellent à développer les équipements sur des terrains sans vocation agricole, sauf si les usages sont conciliables à travers « l’agrivoltaïsme ».
« Concilier les objectifs de production d’énergie renouvelable avec la préservation des espaces agricoles indispensables au maintien de nos filières de qualité ». Telle est la revendication portée par la Chambre d’agriculture de l’Isère, en lien avec la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural). Dans le viseur des agriculteurs ? Le développement de la filière photovoltaïque, porté par des objectifs nationaux ambitieux.
La Chambre d’agriculture de l’Isère et la Safer donnaient rendez-vous dans une « serre photovoltaïque » de Jarcieu. © Chambre d’agriculture de l’Isère
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) entend en effet quasiment quadrupler la production photovoltaïque d’ici 2028, en la faisant passer de 12 à 44 GW, indique la Chambre d’agriculture. Ce avec 55 % de centrales au sol, et 45 % sur toitures. « Ces objectifs sont susceptibles de concerner environ 15 000 ha en France d’emprise au sol d’ici à l’horizon 2023″, s’inquiète dès lors la Chambre.
Restreindre le photovoltaïque aux terrains non agricoles
Le foncier agricole est en effet en recul, expliquent les agriculteurs. Entre 2016 et 2020, ils ont ainsi dénombré « 867 ha/an de recul des surfaces agricoles ». Que cela soit au travers d’une artificialisation des sols, entraînant de facto une perte de foncier disponible pour les exploitants, ou au travers de l’acquisition de terrains par des particuliers pour un usage d’agrément.
Exemple d’installation agrivoltaïque permettant de concilier usage agricole et photovoltaïque. © Chambre d’agriculture de l’Isère
La Safer et la Chambre d’agriculture annoncent ainsi avoir « entrepris un travail de prospection des friches afin d’identifier des terrains susceptibles de recevoir des centrales photovoltaïques au sol ». Tandis qu’au mois de décembre 2021, la Chambre régionale d’agriculture a adopté une « doctrine » pour demander « que la production d’énergie solaire au sol soit restreinte aux surfaces sans vocation agricole ou l’ayant perdue ».
Une exception toutefois ? « L’agrivoltaïsme ». Autrement dit, « les installations qui permettent de conclure au caractère principal et durable de l’activité agricole située sous les panneaux ». Un usage qui fait l’objet d’une charte entre EDF Renouvelables, la FNSEA et les Chambres d’agriculture pour « rechercher des solutions technologiques innovantes d’installations solaires en adéquation avec les conditions d’exploitation agricoles ».