FOCUS – À l’occasion de ses dix ans, le musée archéologique de Grenoble propose un nouveau parcours permanent centré sur l’anthropologie. Une nouvelle scénographie pour en apprendre plus sur cette discipline complémentaire de l’archéologie et ses enjeux. Mais aussi pour comprendre comment vivaient les habitants à travers l’étude des squelettes des femmes et des hommes inhumés à Saint-Laurent.
Le musée archéologique de Grenoble célèbre ses dix ans depuis sa réouverture, le 9 juin 2021. En particulier, ce samedi 19 et dimanche 20 juin, au cours des Journées européennes de l’archéologie. Au programme ? Des animations tout au long du week-end, avec visites thématiques, ateliers jeune public et un spectacle en soirée.
L’équipe du musée archéologique situé au cœur du quartier Saint-Laurent propose désormais aux visiteurs une nouvelle scénographie leur permettant de découvrir l’anthropologie, une discipline complémentaire de l’archéologie. Un nouveau parcours qu’ont présenté, lundi 14 juin, Anne Lasseur, nouvelle directrice du musée, et Lætitia Venditelli, commissaire de l’exposition, en présence d’autres invités, dont Jean-Pierre Barbier, le président du Département.
Anne Lasseur et Jean-Pierre Barbier lors de la présentation du nouveau parcours. © Joël Kermabon – Place Gre’net
En effet, si depuis 2011 la scénographie des visites était centrée sur l’évolution du site et la lecture des bâtiments, c’est une nouvelle grille de lecture que propose désormais le musée pour plonger le visiteur au cœur de deux millénaires d’histoire architecturale et funéraire. Ce grâce à une « déambulation exceptionnelle » centrée sur l’étude archéo-anthropologique des squelettes permettant de découvrir les modes de vie des femmes et des hommes inhumés à Saint-Laurent.
Qui étaient-ils ? D’où venaient-ils ? Comment vivaient-ils ?
« Avec le précédent parcours, toute la dimension autour de la nécropole et de ses usages n’était pas du tout explicité auprès du public », explique Anne Lasseur. « Là, nous avons fait le choix d’une présentation qui s’appuie sur la recherche anthropologique. Tout particulièrement en invitant le visiteur à observer les différents individus conservés dans ce cimetière ».
Qui étaient-ils ? D’où venaient-ils ? Que mangeaient-ils ? Comment vivaient-ils ? « C’est autant d’informations que nous avons pu identifier grâce aux recherches scientifiques menées par les anthropologues », rapporte la directrice. Ce que l’équipe du musée propose désormais de découvrir grâce à de nouveaux éléments muséographiques ponctuant le parcours du public au sein de la nécropole.
Laetitia Venditelli présente l’un des dispositifs de médiation du parcours. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Ainsi les visiteurs peuvent-ils découvrir le site avec les yeux et les outils d’un anthropologue. Au cœur du parcours, cinq stations sous forme de pupitres leur permettent de comprendre les observations et les analyses effectuées par les scientifiques, depuis le carnet de fouille jusqu’à la paillasse du laboratoire.
L’objectif de ces outils de médiation ? Faire parler les ossements de quatre individus des Ve, Xe, XIe et XVIIe siècles pour en connaître certaines caractéristiques. Notamment l’âge, la taille, le sexe et d’éventuelles maladies et déformations dont le défunt aurait pu être atteint. Lors d’une cinquième étape, le public arrive à un pupitre “laboratoire” où des chercheurs virtuels lui expliquent leurs méthodes de travail par l’entremise d’une table tactile.
Un partenariat avec le Fab Lab de la Casemate
Ce parcours revisité à la lumière de l’archéo-anthropologie démonte aussi quelques idées reçues au sujet des pratiques des époques étudiées. « On a le cas très intéressant d’une personne dont le crâne présente la marque d’une trépanation. Après cette opération, l’os a pu se ressouder et elle a vécu longuement. Cela démontre que, depuis des périodes extrêmement anciennes, on sait pratiquer des actes chirurgicaux importants », expose Anne Lasseur.
Laquelle tempère cependant, en indiquant que l’interprétation de ces résultats doit « s’arrêter au bon moment ». Car, précise-t-elle, « on ne peut pas savoir de façon précise quelles ont été les causes et les conséquences de telle ou telle pathologie sur ces individus ».
Panneau explicatif sur les différentes disciplines de l’archéo-anthropologie. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Dans le cadre de ce projet, le musée archéologique a su s’entourer de nombreuses compétences scientifiques. Dont celle du Centre de culture scientifique technique et industrielle (CCSTI), plus connu sous le nom de la Casemate.
« L’un des individus choisis dans le parcours présente une forte déformation de ses vertèbres thoraciques. Ce qui n’était pas sans conséquence car cette personne était penchée à 45 degrés et devait avoir énormément de difficulté à se déplacer », rapporte Anne Lasseur. C’est donc grâce au Fab Lab, qui a passé les vertèbres au scanner 3D avant de les modéliser puis de les imprimer en 3D, que le visiteur peut manipuler un fac-similé des vertèbres du défunt.
Le musée archéologique a voulu éviter le « tout multimédia »
À travers ce nouveau parcours et ses outils de médiation innovants, le musée archéologique a fait le pari d’aborder des sujets scientifiques peu familiers du grand public. D’où sa volonté de lui fournir des apports rigoureux, interactifs, tout autant que ludiques.
« Pour chaque séquence, nous avons réfléchi au choix du dispositif de manière à éviter le tout multimédia », indique l’équipe du musée. Qui précise que « ce parcours s’adresse aux adultes et aux enfant à partir de 7 ans ». De plus, tourisme oblige, l’ensemble des textes est en français et en anglais, tandis que l’audioguide se voit enrichi de plages supplémentaires en anglais, allemand, espagnol et italien. L’occasion de faire un tour à Saint-Laurent pour découvrir ces nouveaux aménagements et en savoir plus sur les lointains habitants du quartier.