FOCUS – Les résultats du second tour de l’élection présidentielle 2022 en Isère diffèrent peu de ceux observés au niveau national. Avec, comme toujours, des disparités selon les communes et les territoires. Les regards sont à présent entièremement tournés vers les législatives, au travers notamment d’un nouvel appel au rassemblement de la gauche.
Quid du second tour de la présidentielle 2022 en Isère, précédant de peu les élections législatives ? Tout comme au soir du premier tour, le département s’inscrit dans la lignée des résultats nationaux. Emmanuel Macron arrive ainsi largement en tête, avec 59,80 % des voix. Le taux d’abstention est, lui, proche des 26 %. Soit 2,5 points de plus qu’au soir du second tour de la présidentielle 2017. Tout en demeurant légèrement inférieur à la moyenne nationale.
Les urnes s’apprêtent à donner leur verdict au bureau de vote Berthe-de-Boissieux à Grenoble. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Dans le détail, certaines communes octroient des scores sans appel pour le président sortant. Qui enregistre pas moins de 76,94 % des suffrages à Meylan, ou 74,86 % à Crolles. Les chiffres sont également importants dans les communes qui avaient porté Jean-Luc Mélenchon en tête du premier tour. Emmanuel Macron obtient ainsi 66,64 % à Saint-Martin-d’Hères ou 64,38 % à Fontaine.
Des taux d’abstention souvent très élevés
À Grenoble, le score d’Emmanuel Macron est encore plus impressionnant. Le président-candidat engrange ainsi pas moins de 78,74 % des suffrages exprimés. Le tout avec une abstention à 32,11 %… soit près de neuf points de plus qu’en 2017. Un fort taux d’abstention qui se retrouve dans de nombreuses communes, comme à Échirolles (35,66 %), Saint-Martin-d’Hères (34,21 %), ou encore Bourgoin-Jallieu (33,33 %).
Emmanuel Macron arrive largement en tête des communes ayant voté Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour. © Place Gre’net
Marine Le Pen arrive tout de même en tête dans près de 200 communes du département. La candidate du Rassemblement national signe ainsi un score de 56,63 % aux Abrets-en-Dauphiné. Ou de 54,7 % à Charvieu-Chavagneux, seule commune de plus de 5000 habitants à la porter en tête. Mais c’est à Oulles que le RN signe sa meilleure performance : Avec 18 voix (sur 30) en sa faveur, Marine Le Pen y enregistre 69,23 % des suffrages exprimés.
« Le nouveau mandat d’Emmanuel Macron ne devra pas être un nouvel exercice solitaire du pouvoir, appuyé par un parti unique »
Parmi les premiers à réagir, le président du Conseil départemental de l’Isère a salué à sa façon la réélection du président sortant. « Le nouveau mandat d’Emmanuel Macron ne devra pas être un nouvel exercice solitaire du pouvoir, appuyé par un parti unique appliquant sans discussion les décisions de l’Élysée au Parlement, et imposant les décisions de Paris aux collectivités locales », écrit ainsi Jean-Pierre Barbier.
Le Département a, en effet, souvent critiqué des politiques imposées par l’État. Qu’il s’agisse du pacte financier, qualifié de « diktat », ou encore du passage (finalement très assoupli) aux 80 km/h sur les routes. « Le président de la République doit, dès à présent, s’engager à permettre aux collectivités locales de conserver leurs marges de manœuvre et à écouter les élus les plus proches de la population », juge dès lors Jean-Pierre Barbier.
Nouveaux appels à l’union de la gauche pour les législatives
Les regards se tournaient déjà vers les élections législatives au sortir du premier tour, et la tendance ne fait que se confirmer au soir du 24 avril. Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF Isère, réitère ainsi son appel à une union de la gauche pour le “troisième tour”. Et pour cause : « Si la gauche ne prend pas ces législatives du bon pied, on peut se retrouver demain avec plus de députés d’extrême droite que de gauche », redoute-t-il.
Jérémie Giono lors d’une action devant la permanence parlementaire de la députée de l’Isère Émilie Chalas. © Place Gre’net
Aux yeux du communiste, l’union est d’autant plus nécessaire que la « proximité » est la meilleure manière à ses yeux de « redonner du sens à la politique ». « Un député doit être un élu au service des habitants de son territoire. Ça s’est relativement perdu avec la macronie », juge Jérémie Giono. Qui compte, « dès lundi matin », appeler les forces de gauche du département à une rencontre en cours de semaine pour préparer les élections législatives.
Même son de cloche pour Guillaume Gontard. Le sénateur écologiste de l’Isère s’inquiète de voir le RN en constante progression dans les urnes. De quoi, considère-t-il, renforcer « la responsabilité des écologistes et de la gauche de travailler ensemble ». Un constat partagé, presque mot pour mot, par le Parti socialiste de l’Isère. Qui appelle « l’ensemble de la gauche [à] prendre des initiatives pour redonner des perspectives et porter un nouvel espoir ».
LREM et le RN en ordre de bataille pour le “troisième tour”
Les législatives, les partisans d’Emmanuel Macron y pensent également. À l’image de la députée Catherine Kamowski, consciente que nombre de voix se sont en réalité prononcées contre Marine Le Pen. « Ceci nous oblige à réfléchir comment nous allons aborder ces législatives », déclare-t-elle. En imaginant une « ouverture à un travail commun », tant à destination de la droite ou la gauche… sans en préciser les contours.
Alexis Jolly aux côtés de Marine Le Pen. Le responsable du RN 38 annonce dix candidats, cinq homme et cinq femmes, pour les législatives de juin 2022. © Alexis Jolly
Côté Rassemblement national, faut-il compter sur une même ouverture en direction du mouvement d’Éric Zemmour ? Alexis Jolly ne le pense pas. « Je ne crois pas que cela soit à l’ordre du jour. Marine Le Pen est beaucoup plus rassembleuse que n’importe quel autre parti de notre famille des nationaux », déclare le responsable du RN 38. En Isère, le candidat Zemmour avait réalisé un score de 7 % au premier tour de la présidentielle.
Une chose est sûre, le Rassemblement national se met lui aussi en ordre de bataille pour les législatives. Alexis Jolly annonce son intention de commencer à les préparer dès le lundi 25 avril, quand bien même ce travail avait probablement débuté en amont du second tour. Et celui-ci d’annoncer la présentation prochaine de dix candidats, cinq hommes et cinq femmes. Soit un candidat pour chaque circonscription du département.