FOCUS - Dans le cadre de l'opération « Nos quartiers ont de la gueule », le collectif Pas sans nous est allé à la rencontre des habitants du quartier de l’Arlequin à Grenoble et de la Butte à Échirolles, ces jeudi 18 et vendredi 19 novembre 2021, afin de « faire entendre la voix des banlieues ». L’opération menée depuis le 29 octobre doit durer jusqu’au 12 mars 2022, avec 45 villes visitées en France.
« Un camping-car aménagé, des stands à déployer, du café et de quoi noter » : c’est là toute la logistique du tour de France des « quartiers qui ont de la gueule » mené par le collectif Pas sans nous. Ces jeudi et vendredi, ce dernier était aux Villeneuve de Grenoble et d'Échirolles afin de rencontrer les habitants et recueillir leurs doléances.
Installée sur le marché des Arlequins au milieu des étals de fruits et légumes, la caravane ne passe pas inaperçue. Très vite, les premiers habitants du quartier arrivent pour remplir le questionnaire, comme Elhaddi. Cet intérimaire dans le bâtiment y dénonce des logements sociaux inabordables. Un constat partagé par Joëlle, administratrice du café associatif Le Barathym et son amie Hélène : « En général, les bailleurs sociaux demandent à ce que l’on justifie d’un revenu mensuel d’au moins trois fois le montant du loyer. Les gens payent le logement et n’ont plus grand chose pour vivre ensuite », relatent-elles.
« Nous devons constamment nous battre pour faire valoir nos droits »
Le passage de la caravane à Grenoble, Widad l’attendait avec impatience. Cette habitante du quartier des Essarts à Échirolles dont elle préside le Conseil citoyen est heureuse de voir une telle initiative se développer. « C’est pas tous les jours qu’on vient nous demander notre avis ! », soupire-t-elle. La veille, elle participait à une manifestation devant la Société dauphinoise pour l’habitat (SDH), qu’elle accuse de vouloir récupérer sur les loyers des habitants les travaux de rénovation de leurs logements. « Il n’y a pas de dialogue avec les politiciens. Nous devons constamment nous battre pour faire valoir nos droits. »
Jean-Jacques connaît d’ailleurs bien ce combat. En situation de handicap, cet habitant du quartier des Géants et membre de l'Alliance citoyenne de l'agglomération grenobloise alerte sur la non-conformité des bâtiments. Et pour cause, l’ascenseur de son immeuble est systématiquement en panne, rendant impossible l’accès à son appartement situé au 8e étage.
Le collectif pas sans nous veut faire entendre la voix des habitants des quartiers
Crée en 2014, le collectif Pas sans nous milite pour plus de représentation des habitants des quartiers populaires dans l’espace public et dans les instances politiques décisionnelles. Mohamed Mechmache, président du collectif, dénonce les discours stigmatisants, régulièrement tenus sur les quartiers populaires : « Quand on parle des quartiers, c’est toujours pour les critiquer. Aujourd’hui, nous sommes venus dire aux habitants qu’ils méritent autant que les autres. Que ce soit en matière de service public, de santé, d’écoles ou de logement », revendique-t-il.
À quelques mois des élections présidentielles, ce Tour de France des quartiers est aussi l’occasion d’inciter les habitants à aller voter, alors que les taux d’abstention y battent des records. « Il faut qu’ils réalisent que leur voix compte », insiste-il.
Pour conclure ces deux journées, un rassemblement était organisé rue Félix-Poulat vendredi à partir de 15 heures pour diffuser les propositions, panneaux et banderoles réalisés au cours de cette 14e étape.
Interpeller les pouvoirs publics
À terme, le collectif souhaite produire un manifeste avec les propositions récoltées dans le questionnaire. Il sera rendu public le 12 mars 2022, date de la dernière étape de la caravane à Paris. L’occasion d’interpeller les responsables politiques, à un mois du premier tour de l’élection présidentielle. Le maire de Grenoble Eric Piolle est d’ailleurs venu rencontrer les membres du collectif et écouter les doléances des habitants du quartier en fin d’après-midi.