FOCUS – Après sept mois de fermeture Covid, puis une brève réouverture au début de l’été suivie d’une pause estivale, l’Hexagone de Meylan redémarre en cette rentrée 2021 avec une riche programmation pour sa nouvelle saison. Outre de nombreux spectacles vivants hors les murs dans des lieux partenaires, les représentations reprennent dans la salle elle-même. Suivez le guide !
« Avec la pandémie, on s’est dit qu’il valait mieux commencer la saison en septembre, avec des petites formes hors les murs ». Pour ce coup d’envoi de rentrée à L’Hexagone de Meylan, Rituels ouvre le bal ce mardi 21 septembre en partenariat avec Les Détours de Babel. Cette œuvre collective pour chœur et treize instrumentistes « rassemble sept pièces d’un puzzle constituant un monde chimérique qui évoque le temps comme un éternel retour ».
Le spectacle de danse En résonance, gratuit sur réservation, aura pour sa part lieu du 23 septembre au 2 octobre 2021 dans plusieurs « lieux d’exception ». En l’occurrence, devant l’Amphi Louis-Weil sur le campus de Saint-Martin‑d’Hères dans le cadre de Campus en fête, à La Gélinotte Freydières de Revel, sur l’aire d’envol Décosud au plateau des Petites Roches, au parc de La Poya de Fontaine, au CEA Grenoble, sur la terrasse de la station du téléphérique de la Bastille. Et, pour finir, à l’école du Bruyant aux Saillants – Le Gua. Un duo féminin orchestré par François Veyrunes, également auteur de Sisyphe heureux.
Programmé à l’automne, le spectacle Ingénieuses confidences, une « déambulation théâtrale dans le temps », entend pour sa part « appréhender l’incroyable accélération de la recherche scientifique et technique » de l’agglomération grenobloise. Gratuit sur réservation également, ce parcours partira de l’espace Histo bus dauphinois à Pont-de-Claix, dans le cadre des dix jours de la culture métropolitaine.
Dans la foulée, Professeur Alan Turing, « une petite forme théâtrale ludique », viendra aborder les questions « du numérique, de l’intelligence artificielle, des codes »… mais également « de la musique électronique ». Le tout basé sur la biographie du célèbre décrypteur ayant brisé le code Enigma.
« Entre Art et science »
L’ambition historique de l’Hexagone reste bien de proposer un programme « entre Art et science ». À ces fins, la salle a conclu de nombreux partenariats. Aussi bien avec d’autres lieux culturels, comme le Théâtre municipal de Grenoble ou La Rampe qu’avec des associations. Tout particulièrement des festivals : Les Détours de Babel, la Fête de la science, ou encore Grenoble Alpes Métropole Jazz Festival. Le saxophoniste et multi-instrumentiste Jowee Omicil fera alors l’ouverture sur la scène de l’Hexagone.
Autre partenariat plus surprenant : celui avec l’Institut Miai Grenoble Alpes (Multidisciplinary Institute in Artificial Intelligence), « le groupe travaillant sur l’intelligence artificielle à l’UGA ». Témoin de cet intérêt pour les sciences, la performance Moving Earths « revient sur la révolution galiléenne de 1610″, mise en miroir avec l’entrée dans l’Anthropocène, le 5 octobre. Ce, dans une posture réflexive sur une question de fond, écologique, scientifique et éthique : « Comment réagir collectivement aux bouleversements en cours ? »
L’Hexagone accueillera, la même semaine, la conférence intitulée « Les algorithmes nous demandent-ils de repenser le pouvoir ». Thomas Berns y adressera l’idée d’une « gouvernementalité algorithmique », « à l’heure où nos comportements sont orientés selon des chiffres, des statistiques ».
Sur des thèmes connexes, Supergravité, une pièce « dans un temps suspendu », entre théâtre et arts visuels, vise à « essayer de comprendre les mystères de la matière ». Un spectacle « au cœur de l’impensable ballet de l’Univers, là où les astronomes contemplent le ciel depuis la nuit des temps ». Le « cyber-opéra » Terres Rares proposera quant à lui en avril 2022 « une réflexion tragi-comique sur l’intelligence humaine et la mémoire artificielle ». Ce en mettant en scène le fiasco d” « une expédition géologique associant humains et robots » et l’enquête menée par deux intelligences artificielles.
Covid : « L’Hexagone a tenu malgré tout durant la tempête »
Le but était clair : « rester dans la lignée de ce qui était programmé à l’Hexagone ». La salle peut ainsi se targuer d’avoir « tenu malgré tout » durant la « tempête » – en l’occurrence sept mois de fermeture pour cause de Covid –, avec 29 spectacles organisés hors les murs. Le tout en accueillant des « heures de pratique artistique dans l’Hexagone même ».
Pour les responsables de ce lieu de culture, pas de doute, le public a apporté un franc soutien. Que ce soit via des retours téléphoniques, comme par exemple « La culture, c’est essentiel ! » Et ce alors même que l’Hexagone était considéré comme établissement « non essentiel » en temps de pandémie. Mais aussi « beaucoup de donations de billets ». Les personnes ayant refusé d’être remboursées ont d’ailleurs été conviées le 28 juin 2021 à une soirée exceptionnelle en leur honneur.
Cet hiver, une programmation variée attend le public. En dehors des thèmes scientifiques, des réflexions de société transparaissent dans de nombreux spectacles. Comme dans l’Ile des esclaves, en février 2022, qui « nous invite à interroger toute forme d’asservissement ».
Spectacles jeunes publics
Les jeunes spectateurs ne sont pas oubliés. En novembre 2021, Blanche-Neige, histoire d’un prince proposera une « suite fantaisiste » au conte éponyme, humoristique et « déjantée ». Le spectacle dansant Fables à la fontaine, destiné également à un public familial, réinterprètera trois célèbres fables : Le Loup et l’agneau, Le Corbeau et le renard, mais aussi Contre ceux qui ont le goût difficile, dans un style alliant « classique déhanché, hip-hop et baroque ». En février 2022, Les Fables ou le jeu de l’illusion reprendra de même l’univers et le bestiaire de la Fontaine dans une pièce de théâtre musicale.
Une nouvelle direction attendue à L’Hexagone
Suite au départ d’Antoine Conjard, directeur de l’établissement culturel depuis 2001, la nouvelle direction sera connue cet automne. En effet, les « tutelles sont très impliquées » dans le recrutement et le Sénat ainsi que le ministère de la Culture doivent valider le choix du candidat.