FOCUS – L’exposition « L’art déconfiné, des confiné(e)s » est encore à découvrir jusqu’au 15 août 2021 au Centre du graphisme d’Échirolles. Un événement organisé par le Tracé, nouvelle structure qui regroupe les équipements culturels échirollois. Et abrite des réflexions artistiques sur la pandémie, sous forme multiples…
Les visiteurs passent devant les œuvres et sourient, tant les références à la pandémie qui s’inscrivent dans chacune des œuvres parlent à toutes et tous. Si les premiers mois de l’exposition se sont déroulés en ligne, pandémie oblige, le Tracé a ensuite ouvert ses portes pour dévoiler L’art déconfiné, des confinés. Née d’un appel à participation formulé par le Centre du graphisme d’Échirolles, cette exposition avait pour objectif de garder un lien avec la culture. « La situation, de manière artistique, devait être maintenue », explique Jacqueline Madrennes, présidente du tout nouveau TRACé.
Ouverte au public jusqu’au 15 août inclus, l’exposition rassemble 455 œuvres. Certaines ont été produites par des artistes professionnels, d’autres par des amateurs ou des novices. Mais toutes ont en commun d’être nées pendant le confinement, au printemps 2020.
L’art déconfiné, des confiné(e)s : « retour vers le Covid »
Gravures, peintures, infographies, bandes dessinées, dessins d’enfants… Il y en a pour tous les goûts. Ces œuvres reflètent de nombreuses références à la vie confinée et à la pandémie. Elles traitent parfois de politique, d’économie. « La bourse ou la vie ? », interroge ainsi l’une d’elles. D’autres sont des références culturelles : l’affiche du film Retour vers le futur est revisitée à la mode Covid-19 et devient « Retour vers le Covid ».
Et surtout, on y retrouve des mots qui se sont immiscés dans notre quotidien : confinement, Covid, virus, télétravail, fake news, liberté, distanciation sociale… « C’est une vraie mine sémantique ! », commente Jacqueline Madrennes en indiquant l’œuvre de Wee Pin NG et Anne-Typhaine Gruat. Nommée « le lexique du confinement », elle associe des mots afin d’interroger, parfois avec humour, l’impact de la pandémie. « #PANDÉCHET » traite par exemple du fléau des déchets qui se multiplient sur la planète avec les masques jetables. Ou encore « #VÉTÉREMPS » accompagné d’un biberon, qui salue les parents « revenus vivants du confinements avec leurs enfants ».
Jacqueline Madrennes parle ainsi d’une exposition à l’approche « inclusive », où chaque déconfiné peut se reconnaître en déambulant parmi les réalisations. Et qui favorise l’esprit critique.
Des œuvres produites avec les moyens du bord
Sophie Collignon, artiste dont les œuvres sont aussi exposées, avait envie de créer depuis longtemps, et le confinement lui en a donné l’occasion. Entre papiers imprimés, encre, collages, tampons et pochoirs, elle témoigne de l’enfermement, avec « Mise en bouteille en mars 2020 ». Mais aussi de l’envie de liberté avec « le rêve éveillé du confiné » ou encore « les vacances 2020 confites et en bocaux ? »
Ces œuvres ont souvent été produites avec le seul matériel disponible, à l’image des collages de Patricia Ospelt. Cette artiste amatrice a réalisé ses premiers collages durant le confinement. « J’ai fouillé dans les poubelles, car je n’avais rien chez moi », explique-t-elle. Et de souligner aussi l’importance des structures culturelles qui ont tout fait pour conserver un lien avec leurs adhérents. En particulier l’association culturelle Solexine à Grenoble.
Le confinement : une paralysie artistique ?
Des témoignages, des parcours personnels… Mais ces œuvres témoignent surtout d’un moment collectif et solidaire, comme le souligne Olivier Baudry, un des graphistes grenoblois dont les œuvres sont exposées. Il a, lui, décidé de représenter un poème graphique de réflexion sur le temps. Sa conclusion : si cette pandémie nous a fait prendre conscience d’un tas de choses, l’avenir n’est pas forcément plus rose. « C’est important de souligner que si, pour certains, l’inspiration est venue immédiatement au début du confinement, ça n’a pas été le cas pour moi », précise-t-il par ailleurs. Une paralysie qui s’explique, selon lui, par un manque de collectif, qui rythme sa vie et son travail.
Éric Margery, plasticien et sculpteur professionnel, a réalisé une série de timbres. Ces « billets d’humeur », comme il les appelle, reflètent de l’actualité pendant le confinement. « C’était une manière de continuer à voyager malgré l’impossibilité de se déplacer », explique-t-il. « Et une manière de me forcer à créer chaque jour ».