EN BREF – Environ 70 AESH et enseignants en grève se sont rassemblés devant le rectorat de Grenoble ce jeudi 3 juin 2021, dans le cadre d’une énième mobilisation nationale. Ils réclament toujours de meilleurs salaires, l’abandon des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial) ainsi que la création massive de postes et un véritable statut.
Pour les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) isérois, la coupe est pleine, « le mépris a assez duré ! » C’est en tout cas ce qu’ils ont tenu une nouvelle fois à faire entendre avec un rassemblement de près de 70 AESH et enseignants devant le rectorat de Grenoble ce jeudi 3 juin 2021. Un énième rassemblement à l’appel d’une intersyndicale1CGT éduc’action, CNT, FNEC-FP-FO, FSU, Sud éducation, Pas38-Udas, Snalc, avec l’UNL Isère et la FCPE Isère dans le cadre d’une journée nationale de grève visant, parmi autres revendications, à obtenir plus de reconnaissance de la part de leur institution.
À l’heure où un personnel de l’Éducation nationale sur dix est AESH, ces derniers, employés sous contrat, s’estiment précarisés et malmenés dans l’exercice quotidien de leurs missions. Et disent souffrir d’absence de reconnaissance institutionnelle et de conditions de travail « considérablement dégradées ». Surtout depuis la création des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial) dont ils demandent l’abandon.
« La plupart des collègues AESH vivent sous le seuil de pauvreté »
Depuis le rassemblement du 8 avril dernier, rien n’a vraiment avancé pour les AESH. Ce malgré les groupes de travail mis en place pour tenter de trouver une solution à leurs revendications. « Moi, ça fait huit ans que je travaille et c’est toujours la même chose », déplore Virginie Sachs, AESH et syndicaliste FO.
« Nous demandons toujours la revalorisation des salaires, la création d’un statut, des formations, des créations massives de postes, un temps plein de 24 heures et toutes les indemnités que nous sommes en droit d’avoir », résume-t-elle.
« La seule chose que nous ayons obtenue c’est un guide national pour les accompagnants mais c’est tout ! », regrette Virginie Sachs.
Et ce alors même que « la plupart des collègues AESH vivent sous le seuil de pauvreté2Les AESH travaillent pour la plupart à temps incomplet (en moyenne 62 %) pour un salaire moyen net mensuel de 760 euros (sous le seuil de pauvreté). La perspective de progression de salaire au bout de 20 ans de carrière se monte à 145 euros mensuels brut. », rapporte, quant à lui, Colas Perroud, également AESH.
De surcroît, la situation des AESH « ne fait qu’empirer », enchaîne le jeune accompagnant. Notamment en cause ? Les Pial, ces nouveaux dispositifs qui font que les AESH ne sont plus affectés à un établissement mais à une zone géographique, ce qui pose des problèmes de déplacements. Mais aussi que les AESH ont la charge de plus en plus d’élèves. Une situation qui remet en cause l’inclusion car « à un moment nous n’allons plus pouvoir nous occuper des élèves », déplore Colas Perroud.
Parmi les solutions, la création d’un statut et des recrutements massifs d’AESH
Pour les AESH, ces conditions de travail vont également avoir un impact sur tous les personnels de l’Éducation nationale. « Nous sommes en relation avec des personnes qui sont très mal payées, qui n’ont pas toujours la formation nécessaire et qui, si elles sont malades, ne sont pas remplacées », témoigne Clémence, professeure des écoles à Échirolles.
« Début septembre [2020], il y en avait quatre sur cinq absentes. Pendant deux semaines, une dizaine d’enfants à besoins spécifiques n’avaient pas leur AESH », se souvient-elle. « Quand c’est comme ça, ça ne se passe pas bien pour l’élève, pour la classe et pour l’enseignant. » Aussi, « nous les soutenons à 100 %. Aujourd’hui je suis gréviste, tout comme deux autres enseignants et le directeur de notre école », indique Clémence.
Pour autant, les AESH restent convaincus, que seule la création d’un véritable statut de la fonction publique catégorie B serait une véritable reconnaissance de leur métier. Sous réserve, comme l’ont réclamé les manifestants, de procéder à des recrutements massifs d’accompagnants. Ne serait-ce que pour permettre aux élèves en situation de handicap « de bénéficier d’un accompagnement à la hauteur des enjeux d’inclusion ».
Joël Kermabon
1 CGT éduc’action, CNT, FNEC-FP-FO, FSU, Sud éducation, Pas38-Udas, SNALC, avec l’UNL Isère et la FCPE Isère.
2 Les AESH travaillent pour la plupart à temps incomplet (en moyenne 62 %) pour un salaire moyen net mensuel de 760 euros (sous le seuil de pauvreté). La perspective de progression de salaire au bout de 20 ans de carrière se monte à 145 euros mensuels brut.