TÉMOIGNAGE – Stéphane, allocataire grenoblois du RSA, décrit la galère pour se nourrir durant les premiers jours du confinement. En cause ? La fermeture des structures associatives, qui viennent d’habitude en aide aux plus précaires. Le quinquagénaire s’étonne de ce qu’il considère comme une impréparation. D’autant plus douloureuse que le confinement a débuté en fin de mois, soit une période difficile pour les plus précaires.
« On avait l’expérience, et on ne s’en est pas servi ! » Stéphane ne décolère pas : depuis la mise en place du confinement le vendredi 30 octobre, cet allocataire du RSA grenoblois connaît une véritable galère pour accéder à une aide alimentaire. En cause ? Toutes les associations dédiées aux plus précaires étaient fermées. Pas de Croix-Rouge ni de Restos du Cœur pour permettre au quinquagénaire de se sustenter durant le week-end.
Si la page Solidarités Grenoble recensait, ce lundi 2 novembre en début d’après-midi, un certain nombre de structures ouvertes, tel n’était en effet pas le cas le matin même, où le rouge prédominait. Stéphane comprend d’autant moins la situation que les choses s’étaient passées différemment lors du premier confinement. Avec la mise en place très rapide de distributions alimentaires, par exemple devant le Musée de Grenoble.
Carence de l’aide alimentaire : les collectivités responsables ?
Premier responsable, à ses yeux ? Les collectivités. Et plus particulièrement la Ville de Grenoble. « J’ai appelé le Département, ils ne peuvent pas m’aider. J’ai appelé le CCAS de Grenoble, ils m’ont dit qu’ils allaient me rappeler et ne l’ont jamais fait. » Finalement, l’allocataire appelle la Ville de Grenoble. Qui reviendra vers lui une heure plus tard en lui indiquant qu’il pouvait aller manger un repas au Fournil, en échange d’un euro symbolique.
« Où est l’anticipation de la mairie ? », accuse Stéphane. La Ville de Grenoble et son maire Éric Piolle n’ont cependant pas manqué de fustiger l’absence de communication de l’État à l’égard des municipalités. Mais l’argument ne fait pas mouche. « Le reconfinement, j’estime que l’on était au courant avant que le président ne fasse un discours le mercredi soir. Le vendredi, tout aurait dû être en place », estime l’allocataire.
Le “timing” même du confinement avait de quoi aggraver les difficultés, précise-t-il. Celui-ci a en effet démarré en fin de mois, soit un moment difficile pour de nombreux ménages, à commencer par les plus précaires, le RSA étant versé le 5 du mois. Quid de la prime de 150 euros annoncée par Emmanuel Macron ? « On les aura le 27 novembre. On ne va pas cracher dessus, mais c’est vrai qu’en général, quand il y a des annonces, ça tombe dans la semaine. »
Au final, Stéphane a dû emprunter de l’argent à un proche pour pouvoir se nourrir durant le week-end. L’allocataire assume sans complexe son coup de gueule : « Quand les choses sont bien, je suis le premier à dire bravo. Mais quand ce n’est pas bien, je le dis aussi ! » Durant le conseil municipal du 2 novembre, Éric Piolle a annoncé que la cuisine centrale de la Ville allait prochainement commencer à organiser des distributions de repas pour les plus précaires.
Propos recueillis par Florent Mathieu
Suite à la parution du témoignage, la Ville de Grenoble a réagi pour contester les propos de Stéphane. « La Ville de Grenoble livre 700 repas par semaine aux accueils de jour (Le Fournil, Accueil SDF, Nicodème, Point d’eau). Elle s’occupe également de la collecte de produits dans les grandes surfaces, qu’elle livre à des associations. Enfin, la Ville collecte et livre 700 repas préparés et offerts par des restaurateurs grenoblois », écrit-elle à Place Gre’net.
« Le site Solidarités Grenoble indique les distributions à un moment T, c’est pour cela que selon l’horaire et le jour, plus ou moins de structures sont ouvertes. Lors du précédent confinement, de nombreuses associations étaient contraintes d’arrêter les distributions, c’est pour cela que de nouveaux points de distributions (comme devant le Musée) avaient été mis en place. Alors qu’actuellement toutes les distributions continuent », affirme-t-elle encore.
(encadré ajouté le 4 novembre 2020)