EN BREF- Après la sortie d’une étude révélant le coût très élevé de la pollution de l’air en Europe et pour les villes, la Métropole de Grenoble et le Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (Smmag) en appellent à « la mobilisation collective ». Le maillon faible étant de leur point de vue à chercher du côté de « l’État, [du] gouvernement et [des] parlementaires » dont les « initiatives » ne sont pas assez « lisibles, cohérentes et ambitieuses ».
La pollution de l’air coûte chaque année en moyenne 1 000 euros par habitant de l’Union européenne et 758 euros par Grenoblois. Des chiffres issus de la récente étude menée par le cabinet CE Delft, à l’initiative de l’Alliance européenne pour la santé.
Pour y parvenir, les experts en économie ont additionné les coûts directs liés aux soins des malades de la pollution, aux coûts indirects. Comme les journées de travail perdues en raison de la réduction de l’espérance de vie.
Une batterie de mesures déjà en place selon la Métropole et le Smmag
Réagissant aux conclusions de cette étude qui vise à inciter les décideurs à prendre des mesures plus fortes pour juguler la pollution de l’air, la Métropole de Grenoble et le Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (Smmag) estiment que « la mobilisation » doit être « collective ».
Pour leur part, les deux structures s’engagent à « poursuivre [et] accélérer », « ce combat ». Elles rappellent ainsi que, depuis quelques années, une batterie de mesures – aménagement de pistes cyclables, verdissement du réseau de chaleur, encouragement au covoiturage, etc. – ont été engagées. Et assorties d’aides, telles la prime air bois, ou la subvention à l’achat d’un véhicule propre dans le cadre de la Zone à faible émission, « pour ne laisser personne au bord du chemin ».
« Des milliards pour l’aérien et l’automobile sans conditions environnementales »
Si à leur niveau, Christophe Ferrari, réélu à la tête de Grenoble-Alpes Métropole et Sylvain Laval, nouveau président du Smmag estiment actionner bon nombre de leviers, c’est à l’échelle nationale que le bât blesse, d’après eux.
« Nous en appelons […] à l’État, au gouvernement et aux parlementaires pour mettre en œuvre des initiatives lisibles, cohérentes et ambitieuses en faveur de la préservation de la qualité de l’air », lancent ainsi les deux présidents.
Qui trouvent également fort constable que l’État ait injecté « des centaines de millions d’euros, si ce n’est [des] milliards » dans les secteurs de l’automobile et de l’aérien « sans condition environnementale […] et sans incitation conséquente pour ses acteurs à se tourner vers des solutions d’avenir ».
« Sur le ferroviaire, le malus pour les SUV… l’État peut mieux faire »
Autre problème, à leurs yeux : « l’absence de moyens financiers supplémentaires, [dans le projet de loi de finances 2021, ndlr] pour accompagner les territoires dans la transition écologique ». Les deux présidents s’interrogent aussi sur l’intérêt d’un « malus » pour les véhicules en fonction de leur poids, qui semble, en l’état du projet de texte législatif, écarter la majorité des SUV.
Les deux présidents appellent également l’État à généraliser l’interdiction de vente d’appareils de chauffage individuel au bois non performants. Une interdiction appliquée, à ce jour, à la seule Vallée de l’Arve.
Mais aussi à mettre en œuvre urgemment « un plan extrêmement ambitieux en faveur du ferroviaire ». En l’occurrence, « des services express métropolitains à l’image du projet existant sur le bassin de vie grenoblois ».
Séverine Cattiaux
UNE POLLUTION COÛTEUSE ET TOUJOURS TUEUSE
Dans l’agglomération grenobloise, la pollution atmosphérique est toujours responsable de la mort prématurée de 3 à 7% personnes décédées dans le bassin grenoblois, selon les chiffres de Grenoble-Alpes Métropole.
Malgré des baisses significatives des particules fines, ces dernières sont encore au dessus des valeurs recommandées par l’Organisation mondiale de la santé. Quant au dioxyde d’azote et à l’ozone, leurs seuils réglementaires sont dépassés « de manière récurrente » constate également la Métropole.