Emmanuel Macron lors de l'interview télévisée du 14 Octobre 2020

Annonces pré­si­den­tielles : état d’ur­gence sani­taire natio­nal et couvre-feu pour neuf métro­poles dont Grenoble

Annonces pré­si­den­tielles : état d’ur­gence sani­taire natio­nal et couvre-feu pour neuf métro­poles dont Grenoble

FOCUS – Ce mer­credi 14 octobre, le pré­sident de la République s’ex­pri­mait sur la situa­tion sani­taire et éco­no­mique au cours d’une allo­cu­tion très atten­due. Il a annoncé un couvre-feu de 21 heures à 6 heures dans neuf métro­poles, dont celle de Grenoble, pour quatre semaines reconductibles.

Emmanuel Macron lors de l'interview télévisée du 14 Octobre 2020

Emmanuel Macron annonce le couvre-feu lors de l’in­ter­view télé­vi­sée du 14 octobre 2020.

C’est au cours d’une inter­view avec Anne-Sophie Lapix (France 2) et Gilles Bouleau (TF1) qu’Emmanuel Macron a rendu publiques les der­nières mesures de lutte contre l’é­pi­dé­mie de Covid-19.

Une pré­sen­ta­tion qui a débuté sur un ton se vou­lant ras­su­rant. « Nous n’a­vons pas perdu le contrôle. Nous sommes dans une situa­tion pré­oc­cu­pante, qui impose que nous ne soyons ni inac­tifs, ni dans la panique. »

Et le pré­sident de rap­pe­ler que la France n’est pas seule à faire face à cette épreuve. « Cette deuxième vague remonte par­tout en Europe. […] L’Allemagne est quinze jours der­rière nous. Les Pays-Bas, l’Espagne sont dans une situa­tion encore plus cri­tique. »

Le virus, qui a fait 30 000 vic­times durant la pre­mière vague et 2­ 000 depuis, tue selon l’OMS, 0,6% des per­sonnes tou­chées. Principalement les plus fra­giles. Les per­sonnes de plus de 65 ans et celles qui ont des comor­bi­di­tés. Emmanuel Macron n’a tou­te­fois pas man­quer d’in­sis­ter sur le fait qu’il « y [avait] des formes sévères à tous les âges. » En effet, « en ce moment, la moi­tié des per­sonnes en réani­ma­tion pour cause de Covid ont moins de 65 ans », a‑t-il indi­qué.

« Ce virus est dan­ge­reux et grave pour tout le monde »

D’où ce mes­sage, mar­telé à l’envi : « Ce virus est dan­ge­reux et grave pour tout le monde. » Avec chaque jour, 20 000 nou­veaux cas en moyenne et 200 per­sonnes entrant en réanimation.

Couvre-feu pour neuf métropoles dont Grenoble. Personnel hospitalier du centre de dépistage Covid-19 au CHU de La Tronche © Simon Marseille – Place Gre’net

Personnel hos­pi­ta­lier du centre de dépis­tage Covid-19 au CHU de La Tronche. © Simon Marseille – Place Gre’net

« On doit pro­té­ger les plus pré­caires. On doit pro­té­ger nos soi­gnants », insiste-t-il. En rap­pe­lant que, même s’ils ne sou­haitent pas se pro­té­ger du Covid à pro­pre­ment par­ler, ces cas obèrent les capa­ci­tés du sys­tème hos­pi­ta­lier dans toutes ses com­po­santes. Et réduisent d’au­tant l’offre de soins.

En Île de France, cette situa­tion a déjà mené à des dépro­gram­ma­tions d’o­pé­ra­tions pour d’autres rai­sons de santé. Emmanuel Macron aver­tit : « Les ser­vices de réani­ma­tion sont dans une situa­tion qui n’est pas sou­te­nable. La dif­fé­rence entre main­te­nant et mars, c’est que la situa­tion n’a pas décollé à ce point. Mais nos ser­vices hos­pi­ta­liers sont dans une situa­tion plus pré­oc­cu­pante qu’a­lors. »

Car, si le virus était alors très majo­ri­tai­re­ment cir­cons­crit aux régions Grand Est et pari­sienne, il est désor­mais par­tout. « Nous n’a­vons pas de lits cachés. C’est pour­quoi nous devons prendre des mesures plus strictes pour reprendre le contrôle. »

Une situa­tion variable selon les régions

La situa­tion varie tou­te­fois en fonc­tion des régions. En effet, au 10 octobre, dix dépar­te­ments étaient dans le rouge du point de vue du taux d’in­ci­dence. Avec plus de 250 habi­tants sur 100 000 posi­tifs au Covid-19. Tandis que d’autres, comme la Guyane, étaient dans le vert (en-des­sous de 50).

En Isère, les chiffres de la semaine (tableaux ci-contre) viennent de tomber.

Chiffres COVID de la semaine 41

Chiffres Covid de la semaine 41 en Isère. Source ARS

Après la (rela­tive) pause de la semaine 40, le taux de tests Covid posi­tifs repart à la hausse en semaine 41. Il atteint 16.6% en moyenne, avec une cer­taine varia­bi­lité selon les centres de test, alors que le nombre de tests réa­li­sés, en hausse constante, atteint 9500 par semaine.

Couvre-feu et état d’ur­gence sani­taire national

Suite à la pré­sen­ta­tion d’un décret en Conseil des ministres, ce mer­credi 14 octobre, l’é­tat d’ur­gence sani­taire sur l’en­semble du ter­ri­toire fran­çais est réta­bli. Et ce à par­tir de minuit dans la nuit du ven­dredi 16 au samedi 17 octobre.

Couvre-feu pour neuf métropoles dont Grenoble. © Anissa Duport-Levanti - Place Gre'net

© Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net

L’utilité de cette déci­sion ? Une fois adop­tée, cette pro­cé­dure excep­tion­nelle per­met de prendre toutes les mesures néces­saires et « stric­te­ment pro­por­tion­nées aux risques sani­taires encou­rus et appro­priées aux cir­cons­tances de temps et de lieu ». Le couvre-feu, au sujet duquel des rumeurs cou­raient déjà depuis plu­sieurs jours, est par ailleurs mis en place.

« Ça a mar­ché en Guyane », déclare le pré­sident. Et, plus géné­ra­le­ment, « la réduc­tion des contacts sociaux a fonc­tionné », notam­ment « en Mayenne ». Un couvre feu qui s’ap­plique à la région Île-de-France et à huit métro­poles : Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Saint-Étienne et Toulouse.

S’il débu­tera à minuit dans la nuit de ven­dredi à samedi pour quatre semaines, Emmanuel Macron parle déjà de le pro­lon­ger jus­qu’au 1er décembre. « Six semaines, c’est le temps qui nous paraît utile », déclare-t-il ainsi. Et après ? « Si pen­dant six semaines on tient le couvre-feu, si on est col­lec­ti­ve­ment res­pon­sables d’un enga­ge­ment de réduc­tion des contacts sociaux… », il sera peut-être pos­sible de le lever.

Le but n’est pas d’é­li­mi­ner toute vie sociale, assure-t-il solen­nel­le­ment. « Ce qu’on veut attra­per, avec ce couvre-feu, ce sont les par­ties, les anni­ver­saires, les soi­rées fes­tives. » À 21 heures, tous les res­tau­rants, bars, ciné­mas… fer­me­ront donc. Il n’y aura cepen­dant pas une « inter­dic­tion de cir­cu­ler entre 21 heures et 6 heures du matin. Il y aura une stricte limi­ta­tion ».

Les "nuiteux" multiplient les actions pour se faire entendre. © Photo DR – Place Gre’net

A Grenoble, les forces de l’ordre seront mobi­li­sées pour ver­ba­li­ser les contre­ve­nants. © Place Gre’net

Une limi­ta­tion qui implique contrôles et amendes. « Une amende de 135 euros, la même que pour les masques. En cas de réci­dive, c’est 1500 euros. » Les forces de l’ordre seront donc mobi­li­sées… « de manière pro­por­tion­née ».

Objectifs affi­chés : que « ces 20 000 cas passent à 3 à 5000 cas » et réduire les entrées en réani­ma­tion. Les dépla­ce­ments régio­naux ne seront, eux, pas limi­tés. Pas plus que l’offre de trans­ports en com­mun, sur les­quels il n’y aura aucune res­tric­tion. D’autant que cer­taines per­sonnes vont conti­nuer à tra­vailler de nuit, munies d’au­to­ri­sa­tions spécifiques.

Le pré­sident appelle au res­pect du couvre-feu et au bon sens

« Si on ne veut pas prendre dans quinze jours, trois semaines, des mesures encore plus dures », il fau­dra res­pec­ter ce couvre-feu, met en garde Emmanuel Macron. Avec comme maître-mot de cette inter­view « le bon sens », revenu à maintes reprises dans son discours.

décembre 2017, centre ville

Fini la vie noc­turne à Grenoble… DR

Et s’il a pré­cisé ne pas vou­loir infan­ti­li­ser la popu­la­tion, le pré­sident a réclamé une véri­table bulle sociale de six per­sonnes maxi­mum. La « règle des six ». Mais « si on a une grande famille, 8 ou 9 per­sonnes, encore une fois, du bon sens ! On peut les voir, man­ger ensemble ». L’idée ? Mettre en place des mesures qui ne seraient for­ma­li­sées ni dans des décrets, ni des pro­to­coles pré­cis. Mais « que chaque citoyenne et citoyen s’ap­pro­prie plei­ne­ment ».

Les piliers de la stra­té­gie gouvernementale

L’objectif, c’est de réduire les contacts pri­vés qui sont les « contacts les plus dan­ge­reux ». « Avoir des gestes d’af­fec­tion sans aucune pré­cau­tion, ce n’est pas adapté à la période que nous vivons », pré­cise Emmanuel Macron. 

© Anissa Duport-Levanti - Place Gre'net

© Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net

Qui mise aussi sur une meilleure ges­tion des tests, tant décriée jus­qu’a­lors. Des tests anti­gé­niques seront ainsi bien­tôt dis­po­nibles. Fournissant un résul­tat en quinze à trente minutes, ils seront réa­li­sables en phar­ma­cie. « On conti­nue à inno­ver pour aller sur des auto­tests, à par­tir du sang ou lde a salive, » a par ailleurs annoncé le président.

Deuxième axe : l’a­lerte. Le but est d’a­ler­ter les cas contacts, ce que l’ap­pli­ca­tion Stop Covid n’a jamais réussi à faire. Ou si peu, celle-ci n’ayant per­mis au final de ne pré­ve­nir que 493 personnes.

Et Emmanuel Macron de rela­ti­vi­ser cet échec : « Chez nos voi­sins, très peu de cas ont été décou­verts au tra­vers des appli­ca­tions », en dépit d’un nombre de télé­char­ge­ments très supé­rieurs. Une nou­velle mou­ture va ainsi voir le jour. « Tous anti-Covid » pro­po­sera des infor­ma­tions géné­rales aussi bien que des infor­ma­tions locales. Et vien­dra accom­pa­gnée d’un mode d’emploi. « Ça ne sert à rien de l’al­lu­mer tout le temps. Quand vous allez au res­tau­rant, quand vous allez – quand on pourra les réou­vrir – au bar, vous allu­mez l’ap­pli. »

Une situa­tion sociale de plus en plus complexe

D’un côté, il y a les jeunes, étu­diants ou non. Privés de sor­ties, mais sur­tout d’op­por­tu­ni­tés d’emplois. « C’est dur d’a­voir 20 ans en 2020. Je ne don­ne­rai jamais de leçons à nos jeunes, » déclare Emmanuel Macron. De l’autre, les sala­riés. eux-ci ne vont subir aucune nou­velle mesure en faveur du télé­tra­vail sys­té­ma­tique. « C’est un outil intel­li­gent », recon­naît le pré­sident. Cependant, « si c’est une règle natio­nale, on réisole les gens ». Et d’a­jou­ter que « dans un appar­te­ment, avec les enfants à la mai­son, cela devient vite très dur. »

Covid : l'Isère en tête des écoles touchées dans l’Académie, avec une fermeture totale à Sassenage

Les écoles vont res­ter ouvertes dan l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Encore une fois, « il faut du bon sens ». Il faut « que les entre­prises fonc­tionnent, que les pro­fes­seurs soient en classe ». Il y aura donc pro­ba­ble­ment des négo­cia­tions au cas par cas, l’i­dée étant d’in­ci­ter les gens à faire « deux à trois jours de télé­tra­vail par semaine ». Aucune fer­me­ture de com­merces, de ser­vices de proxi­mité ou d’é­coles n’est ainsi pré­vue.

Enfin, der­nier groupe : les entre­pre­neurs, qui accusent le coup du confi­ne­ment, du couvre-feu et des mesures de sécu­rité de plus en plus res­tric­tives. Le gou­ver­ne­ment est bien conscient des consé­quences de ses déci­sions. « On a conçu des règles qui font qu’on est très bien pro­té­gés. Il est sûr qu’il y aura des consé­quences éco­no­miques pour [les sec­teurs de l’é­vé­ne­men­tiel, de la res­tau­ra­tion…] »

Il est ques­tion d’ai­der les théâtres et les ciné­mas à pou­voir repro­gram­mer. De réac­ti­ver le chô­mage par­tiel à 100 % pour l’employeur. Les prêts garan­tis par l’État vont pou­voir éga­le­ment être décalés.

Une concer­ta­tion locale avec « tous les métiers concernés »

Et, dès ce ven­dredi 15 octobre, dans cha­cune des métro­poles ciblées, dont Grenoble, une concer­ta­tion locale va être lan­cée « avec tous les métiers » frap­pés par le couvre-feu, afin d”« amé­lio­rer la réponse éco­no­mique ».

Couvre-feu pour neuf métropoles dont Grenoble. Le personnel du restaurant La ferme à Dédé en plein concert de casseroles. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Le per­son­nel du res­tau­rant La ferme à Dédé en plein concert de cas­se­roles. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Des dis­po­si­tifs de sou­tien sup­plé­men­taires seront par ailleurs mis en place. « Je ne veux pas que nos indé­pen­dants, nos TPE nos PME, tombent en faillite à cause du couvre-feu. »

Et le pré­sident de conclure en moti­vant les troupes. « J’ai besoin de cha­cun d’entre vous. Nous avons besoin les uns des autres. On sor­tira de cela en étant une nation plus rési­liente. On va conti­nuer à régler la crise cli­ma­tique, re-pro­duire des médi­ca­ments, des maté­riaux néces­saires, et on sor­tira plus forts, car on sera plus unis. »

Laure Gicquel

Laure Gicquel

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