FIL INFO – Le Collectif féministe Nous Toustes 38 veut briser le tabou des règles en période de confinement, et adresse une lettre ouverte aux municipalités iséroises. Le mouvement constate ainsi que les protections périodiques sont absentes des colis de première nécessité. Et relate que des personnes ont été verbalisées au motif que l’achat de tampons ne serait pas essentiel.
Les protections périodiques ont-elles été omises dans la liste des produits essentiels en temps de confinement ? C’est ce que dénonce le collectif féministe Nous Toustes 38 dans une lettre ouverte aux mairies iséroises. Alors que les mesures de confinement sont appliquées depuis maintenant trois semaines, « de nombreux témoignages nous sont parvenus, révélant l’absence des protections périodiques dans les colis de première nécessité », écrit le collectif.
Or, nombre de femmes « subissent encore la précarité menstruelle », insistent les féministes. Ceci à cause de prix jugés bien trop élevés, quand bien même la TVA sur ces produits d’hygiène est passée à 5,5 % en 2015. « On calcule 80 euros de dépenses pour les protections périodiques par an à minima, et il s’agit là des produits les moins chers du marché, de qualité moindre, voire toxiques », indique la lettre ouverte.
Verbalisées pour avoir acheté des serviettes périodiques ?
Pire encore, Nous Toustes évoque des témoignages selon lesquels « un nombre conséquent de personnes a été verbalisé par des policiers, qui ont considéré que l’achat de tampons, de serviettes périodiques (et de tests de grossesse) n’était pas de première nécessité ». Et de s’interroger : « Que faire face au comportement sexiste des forces de l’ordre qui sont, à écrasante majorité, des hommes cis genre, non concernés par les règles ? »
Face au « tabou persistant » des menstrues, « résultat d’une perspective masculine cis-genre sur le corps, la médecine et la recherche scientifique », le collectif demande aux municipalités d’adopter des mesures. Dont une première en urgence, face à la crise sanitaire : « Nous demandons à ce que des protections périodiques soient systématiquement distribuées avec les colis par toutes les municipalités en Isère. »
Les féministes prennent pour exemple la collecte de serviettes périodiques de la Ville de Grenoble en 2019. Une démarche saluée par le collectif… qui attend toutefois que celle-ci soit pérennisée et étendue aux autres communes. « Il faut impérativement que les municipalités iséroises mettent ces enjeux au cœur de leurs politiques », écrit-il. Avant de conclure : « Nos problématiques ne sont pas secondaires. »
Florent Mathieu
DES LOTS DE PROTECTION PÉRIODIQUES À RÉCUPÉRER
Une semaine après avoir alerté sur la question des règles par temps de confinement, le collectif Nous Toustes 38 annonce disposer de 15 000 protections périodiques à l’intention des associations d’aide aux précaires de l’Isère. Offertes par l’Université Grenoble-Alpes, les serviettes et tampons bio sont actuellement stockées au centre autogéré du Tchoukar à Grenoble.
Comment les récupérer ? « Envoyez un mail à noustoutes38@gmail.com en laissant vos coordonnées, une personne du collectif vous rappellera pour convenir d’un rdv », indique Nous Toustes 38. Qui conclut en expliquant n’avoir pour l’heure reçu aucune réponse des collectivités iséroises suite à son interpellation.
(encadré ajouté le 14 avril 2020)