FOCUS – Les véhicules utilitaires dotés de vignettes Crit’Air 4 et 5 ne pourront plus circuler dans 27 communes de la Métro. L’entrée en vigueur de la nouvelle zone à faibles émissions (ZFE) sera effective dès le 2 février 2020.
Chose promise, chose due. La Métropole l’avait assuré en avril 2019 : les véhicules utilitaires polluants seront peu à peu exclus de son territoire. Une nouvelle étape va donc être franchie dès le mois prochain. De 10 communes précédemment, ce sont 27 communes qui entreront le 2 février dans le dispositif de zone à faibles émissions (ZFE).
La ZFE, kézaco ?
Ce dispositif consiste à interdire aux véhicules utilitaires polluants, donc aux poids lourds et camionnettes de livraison, l’accès à ces 27 communes sept jours sur sept et vingt quatre heures sur vingt quatre. Et attention ! Les particuliers propriétaires d’un véhicule utilitaire, même léger, sont également concernés par la mesure.
L’objectif est clair : bannir d’abord le diesel, puis à terme l’essence, de cette zone de la Métro. Ainsi, les véhicules utilitaires dotés de vignettes Crit’Air 3 seront bannis en 2022, puis ce sera au tour des vignettes de niveau 2 en 2025. À partir de cette date, seuls les utilitaires hybrides, électriques ou au gaz seront autorisés dans la zone à faibles émissions.
Comment faire pour livrer les marchandises dans cette zone ?
La Métropole a mis en place deux centres de distribution urbaine en périphérie, afin de transvaser les marchandises dans des véhicules moins polluants. Une perte de temps mais un gain en matière de qualité de l’air.
En effet, la ZFE couvre 95 % des emplois et accueille 90 % des habitants du bassin grenoblois. « La taille de ce périmètre crée un effet de masse qui va permettre à toute la métropole de mieux respirer, et même au-delà », assure ainsi Yann Mongaburu, vice-président de la Métro en charge des déplacements.
À noter toutefois que l’A480 ne fait pas partie du dispositif. Tous les types de véhicules pourront continuer à y rouler, du moins pour l’instant.
Quelles conséquences sur la qualité de l’air ?
À terme, la simulation effectuée par Atmo prévoit une baisse de 60 % des émissions de dioxyde d’azote, de 46 % des particules fines et de 33 % des gaz à effet de serre. Une bonne nouvelle pour les habitants fortement exposés à la pollution de l’air dans la métropole. À savoir, trois sur quatre.
Cette diminution permettrait de respecter non seulement les directives européennes, mais aussi celles d’autres institutions. « Nous voulons aller plus loin et nous aligner sur les recommandations de l’OMS, bien plus restrictives, afin d’éviter les 114 décès par an liés à la pollution atmosphérique dans le bassin grenoblois », précise Christophe Ferrari, président de la Métro.
La Métro promet de faciliter la transition dans la zone à faibles émissions
Pour accompagner les entreprises, associations, commerçants et particuliers, la Métropole a mis en place une série de mesures incitant à changer son véhicule. En complément des aides de l’État, elle a créé le Fond air véhicules, cofinancé par le programme national « Ville respirable », l’Ademe, la Région et GRDF (pour les poids lourds).
Au total, une enveloppe de 2 millions d’euros va être débloquée. Quelque 30 000 PME et TPE seraient éligibles. « C’est une démarche inédite par son ampleur », assure Yann Mongaburu. « Nous stimulons tout un écosystème et cela passe aussi par les infrastructures, avec notamment le développement de bornes électriques et au gaz dans les stations-services », précise l’élu.
Pas moins de 27 bornes nouvelles bornes électriques seront déployées dès l’été 2021 à Grenoble et La Tronche promet la Métro. Une station à hydrogène est aussi en projet.
Des solutions pour changer de moteur, pas de véhicule
Autre aspect mis en avant : la possibilité de ne changer que le moteur de son véhicule. L’occasion pour les élus qui portent le projet de présenter deux entreprises iséroises, Borel Système Gaz et Phœnix Mobility, qui ont pour credo de rendre les véhicules existants moins polluants.
Borel Système Gaz transforme les véhicules essence en véhicules à gaz (GPL ou gaz naturel). Le coût ? De 3 000 à 4 000 euros pour un petit utilitaire, avec près de 1 000 km d’autonomie et à raison de 0,70 euros / litre.
Phœnix Mobility propose, elle, de remplacer votre moteur essence par un moteur électrique. Elle travaille actuellement sur un projet pilote avec la Ville de Grenoble.
La Métro se dit prête à financer jusqu’à 7 200 euros ce type de transformation. Et, pour être sûr que tout le monde joue le jeu, la police nationale et la gendarmerie mèneront des contrôles coordonnés entre les communes. Depuis octobre 2019, les sanctions sont de mise : une amende forfaitaire de 68 euros qui peut grimper jusqu’à 450 euros.
Anissa Duport-Levanti