FOCUS – 300 entreprises rhônalpines se sont rassemblées, ce mercredi 15 janvier, sous l’égide du Centre des jeunes dirigeants d’entreprises (CJD). Avec un objectif : apporter des solutions au changement climatique et à la baisse de la biodiversité.
La journée « ImpactS ! » a réuni au World Trade Center 300 entreprises membres du CJD, le syndicat patronal des jeunes dirigeants. Le but : potasser sur les actions à mener pour l’environnement, via six thématiques abordées dans une série d’ateliers. Au menu, les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, la mobilité, l’informatique durable, l’économie circulaire et la biodiversité.
Créer une synergie avec des sociétés ou associations
« L’idée est d’abord de sensibiliser les dirigeants, puis de créer une synergie avec des sociétés ou associations qui œuvrent en faveur de l’environnement », explique Julie-Cécile Grobon-Bataille, chargée de missions au CJD Rhône-Alpes. Au total, l’événement a rassemblé 30 entreprises partenaires et plus de 250 chefs d’entreprise. Une première en France, que le CJD a bien l’intention de dupliquer dans d’autres régions.
Première étape : faire prendre conscience aux chefs d’entreprise de l’enjeu climatique. Julie Le Roux, consultante en développement durable et animatrice de l’atelier sur la biodiversité, a ainsi rappelé quelques chiffres frappants. 40 % de l’économie mondiale repose sur ce que la nature offre gratuitement. A titre d’exemple, la valeur estimée du travail de pollinisation effectué par les insectes est estimée à… 153 milliards d’euros.
Pourtant, 70 % de ces ressources sont en déclin. « Dégrader la biodiversité, c’est dégrader notre économie, et toutes les entreprises sont concernées par cet enjeu », assène l’animatrice. Une claque pour la plupart des participants. Dans chaque atelier, les intervenants expliquent à quel point la prise en compte des enjeux environnementaux a du sens, tant pour la planète que financièrement.
Deuxième étape : donner les clés pour passer à l’action. Julie Le Roux détaille six actions à mener. Par exemple : la réduction de la pollution lumineuse – deuxième cause d’extinction de biodiversité –, la désimperméabilisation des sols, ou l’installation de supports d’accueil pour la faune locale.
Trouver des partenaires
Au sortir de l’atelier, les jeunes dirigeants sont convaincus. « Cela nous donne de l’inspiration sur ce qu’il est possible de faire pour réduire son impact environnemental », assure Damien Lohier, cofondateur d’une entreprise lyonnaise de restauration rapide. « Ce type de journées dédiées sont bienvenues car ça nous permet de sortir la tête de nos problèmes quotidiens et de se projeter sur des actions à mener », ajoute-t-il.
On le retrouve ensuite au stand de l’association Naturama, qui propose des solutions d’éco-pâturage, d’apiculture et de maraîchage.
Déjà sensibilisé à ces thématiques, Damien Lohier envisage de créer un potager sur la terrasse de sa société, avec l’aide de Christophe Darpheuil, créateur de l’association. « Avant, il y avait une opposition frontale entre le monde de l’entreprise et l’écologie. Aujourd’hui, ces deux mondes se parlent », assure-t-il.
Greenwashing dans les entreprises ?
Naturama travaille pourtant avec de grands groupes issus de secteurs polluants, comme Lafarge ou l’industrie chimique. Alors, risque de greenwashing ? Christophe Darpheuil ne le voit pas de cet œil. « Il y a une vraie prise de conscience globale, mais la plupart des entreprises ont juste un manque de connaissance sur ce qui peut être fait à leur échelle, en tout cas au niveau des branches locales », assure-t-il. « Et, avec vingt ans de métier derrière moi, je vois quand ce n’est qu’une question d’image, et dans ce cas je n’y vais pas. »
Certes, on est encore loin d’une remise en cause globale du modèle économique qui a fait basculer le monde dans l’état que l’on connaît actuellement.
« Mais il faut bien composer avec la situation actuelle, et la première chose à faire, c’est faire la culture de ces entreprises qui n’ont pas conscience des leviers qu’elles possèdent pour améliorer les choses », tempère Christophe Darpheuil avec optimisme.
Du reste, la lutte contre le changement climatique passera nécessairement par des actions au niveau du secteur privé. Et pour cause : cent entreprises sont aujourd’hui responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
Anissa Duport-Levanti