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Rose Valland en battle-dress (uniforme) examinant des tableaux, probablement au Collecting Point de Wiesbaden (Allemagne), 1946. Coll. Centre des Archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères

« Rose Valland. En quête de l’art spo­lié », une expo­si­tion immer­sive au Musée dauphinois

« Rose Valland. En quête de l’art spo­lié », une expo­si­tion immer­sive au Musée dauphinois

FOCUS – Jusqu’au 27 avril 2020, le Musée dau­phi­nois pré­sente « Rose Valland. En quête de l’art spo­lié ». Une expo­si­tion qui retrace le par­cours méconnu, et pour­tant extra­or­di­naire, de cette figure isé­roise de la Résistance. L’événement s’inscrit dans la pro­gram­ma­tion du 75e anni­ver­saire de la Libération.

Portrait de Rose Valland, âgée d'environ 1 an et photographié à Grenoble. ©Manon Heckmann

Portrait de Rose Valland, âgée d’en­vi­ron 1 an et pho­to­gra­phié à Grenoble. ©Manon Heckmann

L’exposition se veut comme un hom­mage à Rose Valland et à son par­cours hors norme. Ce avec l’aide d’une scé­no­gra­phie qui invite les visi­teurs à remon­ter le temps et à vivre la Résistance à ses côtés.

« Chaque lieu est sug­géré, évo­qué. Il spa­tia­lise comme étant un élé­ment de contexte pour mesu­rer l’étendue du tra­vail de Rose Valland », explique Héloïse Thizy Fayolle, scénographe.

La pre­mière salle de l’exposition plonge ainsi immé­dia­te­ment les visi­teurs plu­sieurs décen­nies dans le passé, dans le salon fami­lial. Ils y découvrent des lettres, quelques pho­tos, le maté­riel de pein­ture de la jeune artiste et même son cahier de dessins.

Née en 1898 à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, en Isère, la jeune femme se pas­sionne très tôt pour les beaux-arts. Elle étu­die à Grenoble, puis aux Beaux-Arts de Lyon et, enfin, à Paris. Après des études brillam­ment réus­sies, elle obtient une mis­sion de secré­taire béné­vole au musée du Jeu de Paume.

De secré­taire béné­vole à espionne pour la Résistance

Au len­de­main de la défaite de 1940, la spo­lia­tion artis­tique en France com­mence. Ayant pris la déci­sion de res­ter au Jeu de Paume, Rose Valland est alors au cœur de la plaque tour­nante des biens spoliés.

Rose Valland en battle-dress (uniforme) examinant des tableaux, probablement au Collecting Point de Wiesbaden (Allemagne), 1946. Coll. Centre des Archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères

Rose Valland en uni­forme exa­mi­nant des tableaux, pro­ba­ble­ment au Collecting Point de Wiesbaden (Allemagne), 1946. Coll. Centre des Archives diplo­ma­tiques du minis­tère des Affaires étrangères

Les nazis ne prêtent aucune atten­tion à cette secré­taire dis­crète. Mais elle parle par­fai­te­ment alle­mand. Et laisse traî­ner ses oreilles pour récu­pé­rer des infor­ma­tions, ou encore fouille dans les pou­belles pour retrou­ver des notes.

À décou­vrir dans la deuxième salle, plu­sieurs fiches qu’elle a rédi­gées, en plus de quelques archives média­tiques. « Grâce à Mademoiselle Rose Valland, un train chargé d’œuvres d’art n’arrivera jamais en Allemagne », titre le jour­nal Résistance, en 1945. Un épi­sode du “train d’Aulnay”que raconte l’exposition.

La résis­tante recueille ainsi des mil­liers de ren­sei­gne­ments. Et devient une figure majeure dans le réseau des acteurs de la récu­pé­ra­tion de l’art spolié.

Rose Valland : entre recon­nais­sance et oubli

Dans la salle sui­vante, la guerre est ter­mi­née. Mais pour Rose Valland, la recherche des nom­breuses œuvres d’art dis­pa­rues com­mence seule­ment. Dans cette pièce, plu­sieurs docu­ments montrent la com­plexité de la tâche : iden­ti­fier une œuvre, retra­cer son par­cours, retrou­ver son pro­prié­taire… Les visi­teurs sont invi­tés à mener l’en­quête, eux aussi, grâce à une tablette numé­rique interactive.

Photographie de Rose Valland, le 23 janvier 1948, qui se fait décerner la médaille de la Liberté par le général Tate, attaché militaire américain à Paris. ©Manon Heckmann

Photographie de Rose Valland, le 23 jan­vier 1948, qui reçoit la médaille de la Liberté des mains du géné­ral Tate, atta­ché mili­taire amé­ri­cain à Paris. © Manon Heckmann

Enfin, dans la der­nière salle, l’heure est à la recon­nais­sance. Rose Valland reçoit des déco­ra­tions de la part de la France, des États-Unis mais aussi de l’Allemagne.

Sa mort, le 18 sep­tembre 1980, laisse pour­tant rela­ti­ve­ment indif­fé­rent. Il fau­dra même attendre 2005 pour qu’une plaque lui soit dédiée sur la façade du Jeu de Paume. Depuis, cette grande figure de la Résistance a retrouvé une cer­taine popu­la­rité. Son his­toire a ins­piré plu­sieurs films, dont des extraits sont à décou­vrir à la fin de l’exposition.

Pour Jean-Pierre Barbier, pré­sident du Département de l’Isère, « il est jus­tice que Rose Valland puisse être hono­rée dans son propre ter­ri­toire à tra­vers une expo­si­tion au Musée dau­phi­nois ». Aujourd’hui encore, le tra­vail qu’elle a com­mencé se pour­suit. Il reste tou­jours des œuvres spo­liées dont la pro­ve­nance doit être identifiée.

Une expo­si­tion qui s’ins­crit dans un pro­gramme cultu­rel plus large

Mise en place d'une petite salle de cinéma où est présenté différents extraits de films en rapport avec l'art spolié. ©Manon Heckmann

Petite salle pré­sen­tant des extraits de films en lien avec Rose Valland et l’art spo­lié. © Manon Heckmann

L’exposition a été réa­li­sée en par­te­na­riat avec l’association La Mémoire de Rose Valland et Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. Elle s’inscrit dans le cadre de la pro­gram­ma­tion cultu­relle du 75e anni­ver­saire de la Libération.

Plusieurs ani­ma­tions accom­pagnent en outre cette expo­si­tion : visites thé­ma­tiques, pro­jec­tions, confé­rences. De même qu’un ouvrage : « Rose Valland, une vie à l’œuvre », d’Ophélie Jouan, his­to­rienne de l’art. Et pour les plus jeunes, un livret-jeu d’enquête.

Augustin Bordet

« Rose Valland, en quête de l’art spolié »

Musée Dauphinois – 30 rue Maurice Gignoux à Grenoble

Jusqu’au 27 avril 2020

Entrée gra­tuite
Tous les jours (sauf le mardi), de 10 heures à 18 heures

ABo

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