EN BREF — Le collectif Travail social 38 interpelle le président du Département Jean-Pierre Barbier sur l’appel à projets lancé par la collectivité pour l’accueil des mineurs non accompagnés. En cause ? Le budget en baisse pour leur prise en charge quotidienne, largement inférieur à celui accordé dans le cadre de la protection de l’enfance. Un rassemblement est prévu devant l’Hôtel du Département vendredi 20 décembre.
« Est-ce qu’à vos yeux tous les enfants ne devraient pas bénéficier de la même prise en charge, qu’ils soient français ou étrangers ? » Voici l’une des questions, parmi d’autres, que le collectif Travail social 38* pose dans une lettre ouverte au président du Département Jean-Pierre Barbier. En cause ? Les modalités de l’appel à projet lancé par le Département concernant la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA).
Un appel à projet qui fixe à 55 euros le prix de journée maximal pour l’hébergement et l’accompagnement global des MNA. Soit, écrit le collectif, 20 % de moins que le budget initialement accordé, qui était pour sa part de 70 euros. Et ceci alors que les foyers qui accueillent des enfants dans le cadre de l’Aide sociale à l’enfance disposent d’un budget de 150 euros par jour, ajoute le collectif. Une différence qui confine à la « discrimination raciale », juge-t-il.
Rassemblement devant le Département vendredi 20 décembre
Les conditions financières posées par le Département constitueraient un obstacle pour répondre à l’appel à projet. « Il n’est pas possible d’accompagner des enfants de manière décente en réduisant encore ce budget. Cela reviendra à devoir gérer des enfants à la chaîne, de manière maltraitante », considère le collectif. Qui explique que des MNA sont d’ores et déjà contraints de subvenir à leurs besoins, en matière de nourriture, vêtements et autres, via des structures d’accueil n’ayant pas un budget suffisant pour les prendre totalement en charge.
Le collectif Jeunes étrangers en Isère avait fait entendre sa voix devant l’Hôtel du département en octobre 2018 pour un meilleure prise en charge des mineurs et jeunes étrangers. © Patricia Cerinsek
Le collectif revient également sur la question des jeunes majeurs soudainement privés de suivi. « Les structures d’accueil, sous votre pression financière, continuent de mettre les jeunes tout juste majeurs à la rue », rappelle-t-il. Et juge que le Conseil départemental de l’Isère « abandonne à la misère, sans ressources et sans toit » ces jeunes parfois encore en cours de formation. Enfin, le collectif finit par s’adresser directement au président du Département : « Nous vous tenons pour responsable de la détresse dans laquelle se trouvent ces jeunes ».
Rassemblement devant l’Hôtel du Département en août 2019 pour les jeunes majeurs étrangers. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Si les auteurs de la lettre disent n’attendre aucune réponse de la part de Jean-Pierre Barbier, ils n’en organisent pas moins un rassemblement devant l’Hôtel du Département le vendredi 20 décembre à partir de 8 heures, à l’occasion de la deuxième séance du conseil départemental. Un appel à manifester soutenu par des associations comme la Cisem, le CIIP, la Patate chaude ou le Dal 38. Ainsi que les syndicats Solidaires et CGT, ou des formations politiques telles que EELV, le PCF, le NPA et Go citoyenneté.
Florent Mathieu
* Le collectif Travail social 38 se définit comme « un collectif composé de travailleurs sociaux syndiqués ou non, de salarié.es, de bénévoles, d’étudiant.es du secteur médico-social et du soin ».