FOCUS – Réduire de moitié la poubelle des ordures ménagères avant 2030 : voilà l’un des principaux engagements de la Métro dans le cadre de son Schéma directeur déchets. Pour atteindre cet objectif, elle mise sur de nombreuses innovations. Parmi lesquelles des puces électroniques qui font actuellement leur apparition sur les poubelles dans toute l’agglomération.
Les habitants de l’agglomération grenobloise produisent trop de déchets. Chaque personne jette en moyenne 193 kg d’ordures ménagères résiduelles par an, soit 86 961 tonnes sur l’agglomération, selon un rapport de Grenoble Alpes Métropole daté de 2018.
Cela fait beaucoup, mais 77 kg de moins tout de même qu’à l’échelle nationale, d’après les chiffres de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie de 2013.
Autre constat : 40 % des ordures jetées dans les poubelles vertes devraient être déposées dans leurs homologue de couleur grise, d’après la Métropole. Forte de ces constats, cette dernière a lancé fin 2017 un grand plan d’action pour collecter et gérer les déchets.
Une taxe pour inciter à mieux trier
La tarification incitative va être un axe important de ce plan d’action. Concrètement, en 2022, tous les habitants de l’agglomération auront des poubelles “pucées” et les bennes seront pour leur part dotées d’un lecteur. C’est d’ores et déjà le cas à Grenoble, mais aussi à Eybens. L’objectif étant de pousser les sud-Isérois à mieux trier.
Le fait d’équiper de puces électroniques toutes les poubelles permettra en effet d’ajuster les tournées de collecte, mais aussi d’instaurer la taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative pour chaque foyer.
Cette taxe comprendra une part variable, définie par la fréquence de remplissage du bac gris. Plus ce dernier sera vidé par le camion de collecte, plus la part variable sera élevée.
Le volume d’ordures de chaque ménage disponible sur internet
Mais le puçage a un autre intérêt, comme l’indique Georges Oudjaoudi, vice-président de la Métro, délégué à la prévention, la collecte et la valorisation des déchets. « Grâce au puçage des bacs et des camions de ramassage, nous aurons des informations sur le lieu et la contenance de la poubelle. Nous saurons qu’à telle adresse nous avons vidé une poubelle de tant de litres. On va avoir des informations plus fines, ce qui va permettre aux habitants de suivre leur pratique sur un site internet. Ce dispositif va conduire les gens à nous présenter des poubelles pleines. »
Pour éviter d’avoir des poubelles grises remplies trop souvent et pour gérer au mieux les déchets alimentaires, un nouveau bac, marron, fait par ailleurs son apparition chez les habitants. Du 12 au 22 novembre, des agents mandatés par la Métropole ont ainsi fait du porte-à-porte dans tous les foyers d’Eybens. En plus de sensibiliser chaque résident au tri des déchets alimentaires, ils leur ont remis un bio-seau et des sacs biodégradables.
Tout ceci devant ensuite être jeté dans la nouvelle poubelle marron, située dans les locaux à ordures, destinée à recueillir tout ce qui touche à l’avant ou après repas. Tous les habitants de l’agglomération en seront équipés d’ici 2021.
Objectif : faire un transfert partiel de déchets des poubelles grises vers les marron
« On installe un contener de plus auprès des habitants. C’est une habitude à prendre pour tous, et notamment pour les sociétés de nettoyage », précise Georges Oudjaoudi.
« Afin de mettre en place cette poubelle, une expérience a d’abord été faite depuis le Printemps dans le quartier des Eaux-Claires et à la Commanderie à Échirolles.
L’objectif est de faire un transfert d’une partie des déchets de la poubelle grise vers la poubelle marron. »
Les communes de Seyssins, Eybens, Gières et Poisat, mais aussi le secteur 1 de Grenoble accueillent actuellement ces nouveaux bacs et seaux.
Une production de 8 000 tonnes de compost attendue par an
Le contenu des bacs marrons prend ensuite la direction du centre de compostage de Muriannette, en cours de modernisation. Une nouvelle unité de méthanisation va y être créée d’ici 2022, où du biogaz sera produit à partir de la fermentation des déchets alimentaires.
Tout cela a un coût. Près de 15 millions d’euros vont être nécessaires pour réaliser de nombreux travaux, comme la création d’un hangar de préparation des déchets verts, l’installation d’épuration du biogaz ou encore la mise en place d’un hall de préparation des matières et de compostage. Mais, à terme, pas moins de 8 000 tonnes de compost de haute qualité devraient être produits chaque année… si les habitants jouent le jeu.
Sébastien Riglet