FOCUS – Le CHU Grenoble-Alpes présentait, ce mercredi 20 novembre, les deux nouveaux équipements de son Institut de biologie et de pathologie (IBP). Deux innovations de taille dans le domaine de l’analyse médicale, aussi bien en biochimie qu’en bactériologie. Avec, à la clé, de considérables gains de temps.
Trois millions d’euros. Tel est le coût total des deux équipements innovants présentés ce mercredi 20 novembre par le CHU Grenoble-Alpes (Chuga). De quoi permettre à l’établissement de faciliter les analyses médicales dans les domaines de la biochimie, de la bactériologie, la parasitologie et la mycologie.
Dernier arrivé, l’équipement de biochimie médicale est entré en fonctionnement définitif en juin 2019. Il permet de relier sur une même chaîne toutes les étapes d’analyse d’un prélèvement. Et ainsi de préparer, puis d’analyser différents échantillons de sang, d’urine ou encore de liquide céphalo-rachidien.
500 tubes par heure
« En pic horaire, nous analysons environ 500 tubes par heure, explique Dorra Guergour, biologiste responsable de la plateforme. Cela nous a permis de gagner du temps, notamment pour les examens d’urgence sur les marqueurs cardiaques. » Une telle rapidité accélère le diagnostic, mais facilite également le suivi du patient, en permettant par exemple de vérifier l’efficacité d’un médicament ou d’ajuster un dosage.
Les tubes passent sur un tapis de transport qui les redirige vers les modules adéquats. « Ils sont tous équipés d’un code-barres, poursuit Dorra Guergour. Avant chaque module, se trouve un lecteur, ce qui va permettre de les orienter sur une voie ou sur une autre. » Les prélèvements ayant besoin de passer à la centrifugeuse se dirigeront par exemple dans sa direction, tandis que les autres prendront un raccourci vers l’analyseur.
Besoin d’une analyse en priorité ? « Si un tube est plus urgent qu’un autre, il pousse les autres. » Entre l’arrivée du tube et le rendu du résultat s’écoulent ainsi à peine trois quarts d’heure en moyenne.
Un équipement pionnier en bactériologie
L’installation de bactériologie, elle, est déjà en place depuis 2016. « Le développement s’est fait sur deux ans, explique Thomas Girard, ingénieur, car nous avions toute l’informatique à développer. » Traditionnellement, pour effectuer une analyse bactériologique ou mycologique, un technicien de laboratoire dépose une quantité de prélèvement sur une boîte de Petri, un récipient transparent. Après la mise en culture, il peut lire les résultats.
La machine développée par le Chuga, dispose, elle, cette matière de manière automatisée, puis prend une photo des résultats, afin que les techniciens n’aient plus qu’à les interpréter.
« Toutes les photos sont stockées dans une base de données qui nous permet de consulter très facilement les prélèvements qu’a déjà faits le patient. »
Une automatisation qui a fait augmenter l’activité de 20 % en trois ans, permettant même aux analyses de l’hôpital de Voiron d’être rapatriées dans le service avant la fusion définitive des deux établissements en janvier 2020. « Ce système a fait de Grenoble un site de référence. Nous avons eu 45 visites d’hôpitaux qui voulaient venir découvrir les procédés avant de réaliser leurs appels d’offre. »
« Ces procédés ne font pas disparaître les techniciens »
Dans les deux cas, les entreprises ayant développé le projet ont formé les techniciens de laboratoire du Chuga. « Ces procédés ne les font pas disparaître, puisqu’il y a toujours besoin de main d’œuvre pour mettre en route et surveiller le fonctionnement de ces machines, certifie Hervé Pelloux, chef du pôle biologie et pathologie. Les deux unités assurent d’ailleurs avoir développé ces nouveaux équipements à moyens constants.
Selon Thomas Girard, le personnel a même tout à y gagner. « Cela permet aux techniciens d’abandonner les tâches périphériques et de se concentrer sur l’expertise. Cela peut aussi prévenir chez eux l’apparition de troubles musculo-squelettiques. » Le dépôt de prélèvements sur les boîtes de Petri à la main à longueur de journée pouvait effectivement causer chez les techniciens les mêmes douleurs que les ouvriers accomplissant des tâches répétitives.
Quid de l’exactitude des résultats ? Pour l’instant, les analyses bactériologiques et mycologiques restent lues par les techniciens eux-mêmes, et non par la machine. « Des intelligences artificielles peuvent faire ce travail mais, à ce jour, elles restent moins exactes que l’œil humain. » Peut-être plus pour très longtemps…
Raphaëlle Denis