FOCUS — Une trentaine d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) et de militants syndicaux ont pris part à un rassemblement devant le rectorat de Grenoble mercredi 30 novembre. Un mouvement assorti d’une demande d’audience auprès du cabinet de la rectrice. Demande déclinée, le rectorat ayant fixé un rendez-vous pour le 26 novembre, au grand dam des manifestants.
« Leur jeu, c’est de montrer qu’ils ont la main, ils ne veulent pas qu’on leur dicte des choses : c’est ce qu’ils appellent le dialogue social », s’écrie un manifestant. Rassemblés devant le rectorat de Grenoble mercredi 20 novembre, les AESH de l’Isère expriment amertume et colère. En dépit de l’annonce du mouvement et du dépôt préalable d’une demande d’audience, un rendez-vous avec des membres du cabinet de la rectrice n’aura finalement lieu que ce mardi 26 novembre.
De quoi agacer l’intersyndicale à l’origine du mouvement. Anne-Marie Guillaume, représentante départementale du Snes-FSU Isère, note ainsi que le rectorat n’a jamais fait part de cette date en amont. « Le moindre des respects aurait été de nous le dire avant qu’on se déplace ! », jugent des AESH venus de tout le département. Face à eux, le chef de la sécurité du rectorat est bien en peine de leur répondre autre chose que les éléments dont il est porteur.
Sentiment de « mépris » du rectorat par les AESH
Pas de quoi remédier au sentiment de « mépris » que nombre d’AESH disent ressentir de la part des services de l’Éducation nationale. Sentiment renforcé par des “bugs” de rentrée qui peinent à se résoudre. « On m’avait affecté des élèves à la rentrée et j’ai reçu un contrat qui ne correspondait ni à mon temps de travail, ni à l’établissement où j’étais », décrit ainsi une manifestante, Dominique. Qui a dû travailler sans contrat, en attendant une régularisation.
Pire encore, certaines payes se font tout simplement attendre. Plusieurs personnes décrivent des situations où les salaires du mois de septembre ou d’octobre n’ont pas encore été versés dans leur intégralité. Et ceci alors que la mise en place des Pial (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) devaient faciliter l’organisation du travail des AESH. « On a un numéro de téléphone vers qui se tourner, mais personne ne répond », résume avec ironie Dominique.
Claude, ancien directeur d’école et syndicaliste FO, décrit pour sa part un mépris généralisé des AESH, qui confine à ses yeux à la « maltraitance ». « En délégation, les réponses sont parfois ahurissantes. Jusqu’à nous dire, à un moment : “si un AESH est absent et non remplacé, dans la mesure où ils sont là pour l’autonomie des enfants, c’est bien pour eux” », affirme-t-il. Non sans considérer que l’année 2019 marque une accentuation des problèmes.
Des revendications portées depuis des années
Si la colère est bien présente, la mobilisation n’en a pas moins connu des jours meilleurs. Une trentaine de personnes se sont ainsi retrouvées devant le rectorat, dans le cadre d’un mouvement pourtant répercuté au niveau national. Et porté en Isère par la FSU, Sud Éducation, la SGEN-CFDT, le SE-Unsa, la FNECFP-FO, le PAS 38, la CNT et la CGT Éduc’action. Les AESH, seraient-ils fatigués de porter depuis plusieurs mois les mêmes revendications ?
Au-delà des ratés de la rentrée 2019 sur l’Isère, c’est en effet un véritable statut de la Fonction publique que ne cessent de demander les accompagnants d’élèves en situation de handicap. Sans succès jusqu’à présent.
Autre demande exprimée : la reconnaissance du « travail invisible », autrement dit les temps de préparation des accompagnements. Sans oublier, la création de nouveaux postes pour couvrir les besoins et une revalorisation « immédiate » des salaires.