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Le cam­pe­ment sau­vage près de la gare de Grenoble sur le point d’être démantelé

Le cam­pe­ment sau­vage près de la gare de Grenoble sur le point d’être démantelé

FOCUS – Lionel Beffre, le pré­fet de l’Isère a annoncé ce mardi 19 novembre l’é­va­cua­tion immi­nente du cam­pe­ment de migrants situé entre la gare de Grenoble et le quar­tier Saint-Bruno. Une annonce inter­ve­nue lors de la pré­sen­ta­tion du dis­po­si­tif mis en place dans le cadre du plan d’hé­ber­ge­ment d’ur­gence hiver­nal. D’après Droit au loge­ment, l’ex­pul­sion est immi­nente et aura lieu dès ce jeudi matin à 7 h 30.

Le préfet de l'Isère a annoncé l'évacuation imminente du campement de migrants situé près de la gare de Grenoble.Présentation du plan d'hébergement d'urgence hivernal par Lionel Beffre, le préfet de l'Isère. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Présentation du plan d’hé­ber­ge­ment d’ur­gence hiver­nal par Lionel Beffre, pré­fet de l’Isère. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Alors qu’il pré­sen­tait le plan d’hé­ber­ge­ment d’ur­gence hiver­nal 2019 – 2020, Lionel Beffre, le pré­fet de l’Isère a annoncé le pro­chain déman­tè­le­ment du camp de migrants situé sous l’es­ta­cade entre la gare de Grenoble et le quar­tier Saint-Bruno.

Ce cam­pe­ment, déjà plu­sieurs fois éva­cué, notam­ment au mois de juin, abrite sous des tentes plu­sieurs dizaines de per­sonnes, dont des enfants. Leurs pro­fils ? Des deman­deurs d’a­sile et des migrants, arri­vés pour la plu­part des Balkans, n’ayant pas encore fait de demande admi­nis­tra­tive d’asile.

En toile de fond, un nou­veau duel à fleu­rets mou­che­tés entre le repré­sen­tant de l’État et la Ville de Grenoble. La muni­ci­pa­lité deman­dant au pré­fet « de res­pec­ter les com­pé­tences de l’État et de la loi pour mettre toutes les per­sonnes à l’abri à Grenoble […] pour que per­sonne ne reste dans le plus grand dénue­ment après l’évacuation […] », rap­porte le Dauphiné libéré

« Les ser­vices de l’État seront mobi­li­sés pour pro­cé­der à l’é­va­cua­tion »

« Nous serons ame­nés pro­chai­ne­ment à prendre nos res­pon­sa­bi­li­tés parce que ce cam­pe­ment devient dan­ge­reux à bien des égards », a ainsi pré­venu Lionel Beffre. « Des immon­dices en tous genres, des bra­sé­ros de for­tune dans les­quels sont brû­lés du bois, des car­tons... Sans oublier la pro­duc­tion de fumées incom­mo­dantes », liste le haut fonc­tion­naire. De sur­croît, ajoute-t-il, « il y a parmi les occu­pants des pas­seurs, voire des dea­lers. Mais aussi et sur­tout la pré­sence d’en­fants dans une situa­tion pré­oc­cu­pante ».

Les abords du campement de l'estacade entre la gare de Grenoble et le quartier Saint-Bruno. © Manon Heckmann - Placegrenet.fr

Les abords du camp de l’es­ta­cade entre la gare de Grenoble et le quar­tier Saint-Bruno. © Manon Heckmann – Placegrenet​.fr

Devant l’é­tat sani­taire déplo­rable du cam­pe­ment, Corinne Torre. cheffe de mis­sion à Médecins sans fron­tières (MSF) venue à Grenoble le visi­ter, avait rap­pelé à l’État ses res­pon­sa­bi­li­tés. Pour mémoire, Eric Piolle avait signé, en avril der­nier avec treize autres édiles, une lettre adres­sée au gou­ver­ne­ment dénon­çant les condi­tions d’accueil des migrants.

« J’ai fait savoir au maire de Grenoble, puisque le pou­voir de police lui appar­tient, qu’il pou­vait prendre un arrêté pour mettre un terme à cette situa­tion et mettre ces per­sonnes à l’a­bri », déclare Lionel Beffre. Une déci­sion dont il pense « qu’elle ne vien­dra pas » et qu’en consé­quence, « les ser­vices de l’État pro­cé­de­ront à l’é­va­cua­tion ».

Par ailleurs, le pré­fet assure qu’il pren­dra « des mesures empê­chant que d’autres per­sonnes en dif­fi­culté se réins­tallent sur le site ». De quoi rap­pe­ler, dans un autre registre, les dix-neuf blocs rocheux des­ti­nés à dis­sua­der « les pas­seurs et les loca­taires d’emplacements » ins­tal­lés par la mai­rie de Grenoble au mois de juillet dernier.

« Nous ne recon­dui­sons pas assez vite à la fron­tière les deman­deurs d’a­sile déboutés »

Pourquoi des deman­deurs d’a­sile se retrouvent-ils dans ce genre ce cam­pe­ment ? « Parce que nous n’a­vons pas assez de places d’hé­ber­ge­ment et n’ar­ri­vons pas à recon­duire assez vite à la fron­tière les deman­deurs d’a­sile débou­tés ». Si c’é­tait le cas, « ces der­niers n’oc­cu­pe­raient pas des places indu­ment, péren­ni­sant ainsi au fil du temps leur situa­tion », explique le préfet.

Le préfet de l'Isère a annoncé ce mardi 19 novembre 2019 l'évacuation imminente du campement de migrants situé près de la gare de Grenoble.Lionel Beffre face aux médias. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Lionel Beffre face aux médias. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Aujourd’hui nous sommes dans une situa­tion où le droit d’a­sile est très clai­re­ment dévoyé », lance Lionel Beffre. Qui s’en explique. « Une par­tie non négli­geable des ces deman­deurs d’a­sile sont ori­gi­naires des Balkans. Or, dans ces pays-là, même si ça a été le cas dans le passé, il n’y a plus de dic­ta­tures, per­sé­cu­tions ou oppres­sions qui sont le fon­de­ment du droit d’a­sile », expose le préfet.

Pour le haut fonc­tion­naire, les chances qu’ont donc leurs res­sor­tis­sant d’ob­te­nir le sésame du droit d’a­sile est très minime, « de l’ordre de 10 à 15 % ». Pour les autres, « notre devoir c’est de les accueillir dans des lieux spé­cia­li­sés », conclut le pré­fet. Notamment pour les accom­pa­gner dans la consti­tu­tion de leur dos­sier de l’Office fran­çais de pro­tec­tion des réfu­giés et apa­trides (Ofpra).

Si aucune date n’a été offi­ciel­le­ment annon­cée pour l’ex­pul­sion, elle aura lieu ce jeudi 21 novembre au matin selon Droit au loge­ment. Qui déplore qu”« au moins un tiers des familles, si ce n’est plus, ne seront pas relo­gées, et lais­sées dans le froid, sans tente ni lieu ou s’ins­tal­ler, après un tri humain effec­tué par l’État. » Le Dal appelle ainsi à un ras­sem­ble­ment en soli­da­rité à 7 h 30 en face du camp, côté Saint-Bruno.

Joël Kermabon

Joël Kermabon

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