FIL INFO – Se disant très affaibli par le lynchage médiatique dont il a fait l’objet, le chirurgien grenoblois suspendu a annoncé renoncer aux poursuites en diffamation qu’il avait engagées à l’encontre de ses patients et de médias qui avaient relayé l’affaire. Mais du côté de la partie civile, certains refusent ce désistement.
Le chirurgien grenoblois suspendu pour avoir pratiqué une cinquantaine d’interventions sans justification médicale annonce renoncer aux poursuites qu’il avait engagées. Le procès devait se tenir le 20 novembre devant le tribunal correctionnel de Grenoble. En mai dernier, le docteur Hervé Vouaillat avait porté plainte en diffamation à l’encontre de plusieurs patients qui le poursuivaient et organes de presse qui avaient relayé l’affaire.
« Le docteur Vouillat, très affaibli par le lynchage dont il est l’objet, préfère se désister de chacune des procédures de diffamation pendantes devant le tribunal correctionnel, précisant toutefois qu’il poursuivra sa défense de manière déterminée pour que justice lui soit finalement rendue loyalement », souligne son avocat dans un communiqué.
« La présomption d’innocence du chirurgien est bafouée depuis plus de sept mois »
Pour Me Boulloud, la présomption d’innocence du chirurgien est bafouée depuis plus de sept mois « sans même que la justice, pourtant garante des droits et des libertés de tout individu, ait agi pour le protéger de telles attaques, alors même que la preuve de sa culpabilité n’est même pas établie et qu’il ne peut pas se défendre publiquement car soumis au secret médical ».
« Peut‑être la justice estime-t-elle que la gravité des faits qui lui sont publiquement reprochés – sans aucune preuve objectivement établie – suffit-elle à le laisser se débattre seul pour assurer le respect de sa présomption d’innocence ? » C’est cette « inertie » qui, dixit l’avocat l’avait conduit à « poursuivre les auteurs de ce lynchage médiatique en diffamation ».
Un argument qui a fait bondir l’un des avocats de la partie civile. « Le désistement des procédures en diffamation est exclusivement dû au fait que la procédure de Me Boulloud est frappée de nullité. Elle a été mal menée et des erreurs de procédure ont été commises », souligne Me Bourgin dans Le Dauphiné libéré. L’avocat précisant, par ailleurs, que le désistement est refusé par ses clients.
Nouveau dépôt de plainte après le décès d’un patient le 24 octobre
En attendant, la procédure suit son cours. En juin dernier, une information judiciaire a été ouverte pour blessures involontaires ayant entraîné une interruption temporaire de travail supérieure à trois mois à l’encontre de 27 plaignants. Et les dépôts de plainte se succèdent.
Après le décès d’un de ses patients, le 24 octobre dernier, la famille a annoncé son intention de porter plainte pour homicide involontaire. Celle-ci fait suite à une première plainte, déposée par les enfants d’un autre patient mort en novembre 2017, et sur laquelle le parquet de Grenoble a, en juin dernier, saisi le juge d’instruction d’un réquisitoire supplétif.
Patricia Cerinsek