FOCUS – Rassemblement devant le Palais de justice de Grenoble, lundi 4 novembre. Les activistes pour le climat Jérémie et Michel étaient convoqués pour avoir refusé un prélèvement ADN durant une garde à vue faisant suite au décrochage du portrait d’Emmanuel Macron en mairie de Poisat. De quoi mettre en colère les associations Alternatiba et ANV Cop-21, qui appelaient au soutien des deux « décrocheurs ».
« Lanceurs d’alerte au tribunal, c’est pas normal ! », scande la manifestation en direction du Palais de justice de Grenoble, ce lundi 4 novembre. Les lanceurs d’alerte en question ? Jérémie et Michel. Deux militants d’ANV Cop-21 qui, le mercredi 3 avril 2019, ont décroché le portrait d’Emmanuel Macron du mur de l’Hôtel de Ville de Poisat. Une action qui allait être suivie de nombreuses autres, notamment en Isère à Biniers, à Bernin et au Versoud.
C’est devant le tribunal de grande instance que les deux activistes étaient convoqués. Non pour le décrochage du portrait proprement dit, pour lequel ils ont déjà écopé d’un rappel à la loi, mais pour avoir refusé de se soumettre à un prélèvement ADN durant leur garde à vue. Un refus d’obtempérer punissable en théorie d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
Une cinquantaine de manifestants devant le tribunal
Pour les organisations militantes, pas question de laisser passer une telle procédure judiciaire. Alternatiba Grenoble et ANV Cop-21 annonçaient la couleur en disant vouloir « faire de ce procès celui de l’inaction climatique des pouvoirs publics ». Et promettaient « une importante mobilisation » devant le tribunal le jour J. Pour porter une nouvelle fois leur message et soutenir leurs deux membres mis en cause.
Pari réussi ? À moitié seulement, puisque seule une cinquantaine de personnes ont répondu présentes à l’appel de la manifestation et du rassemblement. Dans l’assistance, des drapeaux, des panonceaux et une banderole affichant : « Stop à l’inaction climatique et sociale, décrochons Macron ». Mais aussi des slogans, des prises de parole… et une haie d’honneur à l’intention des deux « décrocheurs » jusque devant les marches du Palais de justice.
Objectif des décrochages ? « Laisser un vide à la place du portrait [d’Emmanuel Macron, ndlr] représentant le vide de sa politique climatique, mettre en lumière le grand écart entre ses beaux discours et la réalité concrète de ses actes », explique Fanny, porte-parole d’ANV Cop-21. Mais aussi, rappelle-t-elle, sortir les portraits à différentes occasions. Comme lors d’une manifestation au barrage de Saint-Égrève en juin 2019.
500 euros d’amende avec sursis requis par le procureur contre les « décrocheurs »
Face à sa convocation devant le tribunal, Jérémie s’affiche aussi décidé que dubitatif. « On espère obtenir la relaxe parce que c’est clairement disproportionné ! », confie-t-il. Et celui-ci de rappeler que les actions de décrochage sont menées à visage découvert. « Nous n’étions pas difficiles à identifier. Nous avons reconnu avoir participé à l’opération dès le début de la garde à vue. Pourquoi faire un test ADN ? », s’interroge le militant.
Aux yeux de Jérémie, les prélèvements sont avant tout réservés aux délits graves. « On peut juger que notre mode d’action est radical, mais à aucun moment on ne met en danger qui que ce soit », insiste-t-il. Et de conclure : « Même si ce n’est pas le message de fond d’ANV Cop-21, ce n’est pas une question qu’on peut laisser de côté : il n’y a pas de raison de ficher les gens parce qu’ils ont une opinion politique. »
Durant l’audience, le procureur de la République a requis une peine de 500 euros d’amende avec sursis pour les deux décrocheurs. Le délibéré est annoncé pour le lundi 2 décembre 2019. Pour sa part, Alternatiba appelle d’ores et déjà au soutien financier des activistes via une cagnotte en ligne lancée sur la plateforme Helloasso. Pus de 1 100 euros de dons étaient enregistrés au soir du lundi 4 novembre, sur un objectif fixé à 2 500 euros.