FOCUS – Alors qu’un violent incendie a dévasté cette nuit la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville de Grenoble, l’entreprise d’insertion grenobloise La Ressource pâtit toujours de l’incendie de ses deux camions, survenu fin juillet. Des outils indispensables pour son activité de débarras et de tris des déchets, qu’elle remplace actuellement en louant des véhicules. Pour parer au coût d’achat de deux nouveaux camions, la structure fait appel à la générosité des collectivités… mais aussi des particuliers.
La Ressource lance un appel à l’aide après la destruction de ses véhicules. Fin juillet, l’entreprise d’insertion grenobloise avait eu la mauvaise surprise de découvrir ses deux camions incendiés sur son parking (voir encadré). Un coup dur pour la structure spécialisée dans le débarras et le tri des encombrants ou déchets auprès des particuliers et des entreprises.
Pas question, pour autant, de mettre en pause l’activité, assure Michel Brousse-Gramary, le directeur de La Ressource, qui emploie actuellement douze salariés en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI). « On emploi des gens dans des situations précaires. Si, en plus de cela, on vient impacter les contrats par du chômage technique, vous imaginez bien qu’au niveau financier ça ne va pas le faire », explique-t-il. La solution à court terme ? Louer des véhicules, sur les fonds propres de la structure, pour un coût de 2 500 euros mensuels.
« Ce sont les “petits” dons qui font le plus plaisir »
L’objectif est naturellement de faire l’acquisition de nouveaux camions, mais la somme à débourser n’est pas anodine pour une petite société. « Pour répondre aux exigences de la Métro concernant les zones à faible émission, on doit respecter un certain nombre de critères, acheter un véhicule à gaz et un autre à gasoil avec un Crit’air très bas », détaille le directeur. Au total, la facture pour l’achat de deux nouveaux véhicules s’élèverait à 83 000 euros.
La Ressource n’est cependant pas seule. D’une part, l’assurance lui a versé environ 16 000 euros, suite au sinistre. D’autre part, la Métro est venue en renfort avec une subvention de 10 000 euros de son service insertion, plus 6 000 euros d’aide à l’achat d’un véhicule propre. La Direccte s’est engagée de son côté à hauteur de 15 000 euros. Et la Ressource espère encore un geste de la part du Conseil départemental, également acteur de l’insertion.
Mais le compte n’y est pas et la Ressource lance un appel à l’aide par médias interposés. Le succès est relatif : suite à la parution de deux articles dans le Dauphiné libéré et France 3, l’entreprise a reçu 500 euros de dons.
« Ce sont les “petits” dons qui font encore plus chaud au coeur », souligne son directeur. Lorsqu’ils proviennent par exemple de personnes désireuses de « soutenir l’insertion ». Ou d’anciens salariés, à qui la Ressource a permis de retrouver une place dans le monde du travail.
Les donateurs invités à venir visiter La Ressource
La situation relève évidemment d’une certaine urgence. « Il nous faudrait les nouveaux camions pour avant-hier. Et même avant-hier matin ! », ironise Michel Brousse-Gramary. Le directeur attend la réponse du Département pour engager son plan d’achat. La Ressource dispose, certes, d’un relatif matelas pour parer aux coups durs, mais le but pour son directeur est bien de l’entamer le moins possible dans un contexte déjà difficile pour l’insertion.
Comment faire un don ? « Les donateur peuvent venir nous voir. On les accueille comme on accueille tout le monde. On leur fait visiter et on leur envoie un document qui prouve leur don* », répond le directeur. Il est également possible d’envoyer un chèque ou de faire un virement, après avoir pris contact avec la structure par téléphone. Et pourquoi pas une cagnotte en ligne ? « C’est trop chronophage : nous avons essayé et abandonné. »
Composée de six salariés permanents, qui représentent cinq ETP, La Ressource est en effet une petite structure. L’occasion pour son directeur de rappeler qu’elle est toujours à la recherche de bénévoles pour certaines taches spécifiques. Ainsi que d’un local pour stocker certaines affaires, indépendamment de son espace « marché aux puces » pour sa part fonctionnelle.
Florent Mathieu
* Reconnue d’intérêt général, en attendant peut-être le statut d’utilité publique, La Ressource permet aux dons qui lui sont adressés d’être défiscalisés à hauteur de 66 %.
UN INCENDIE CRIMINEL ?
Difficile de ne pas suspecter une origine criminelle pour l’incendie des deux camions de La Ressource, dont les flammes ont également atteint le bâtiment à côté. Les véhicules ont pris feu sur le parking de l’entreprise, aux alentours d’une heure du matin, soit après un arrêt de près de dix heures. Pourtant, Michel Brousse-Gramary refuse d’y croire. « Je préfère ne pas penser que c’est criminel », nous confie-t-il.
« Nous n’avons pas de problèmes avec les gens, avec les anciens salariés », ajoute le directeur. Au final, Michel Brousse-Gramary préfère mettre en avant une autre théorie : « Il y a plein de rats. On peut se dire, comme cela arrive souvent, qu’un rat s’est glissé dans le moteur et a commencé à grignoter les câbles ! » Difficile d’en savoir plus : si une plainte a été déposée, la police ne s’est au final jamais rendue sur les lieux.