FIL INFO — L’autorisation d’abattre 6 000 courlis cendré, espèce considérée en danger sur le territoire français, suscite nombre de critiques contre le gouvernement. Parmi les voix qui s’interrogent, celle d’une députée LREM. Émilie Chalas, par ailleurs future candidate aux municipales grenobloises de 2020, demande au gouvernement de justifier une décision qu’elle dit ne pas comprendre.
Les Inconnus ironisaient sur la galinette cendrée, la députée de l’Isère Émilie Chalas s’interroge pour sa part sur le courlis cendré. Mais cela n’a plus rien d’un sketch. Alors que l’oiseau est considéré en danger au niveau européen, le gouvernement vient en effet d’autoriser l’abattage de 6 000 courlis cendré. Une décision, prise à quelques semaines de l’ouverture de la chasse, qui interroge donc la parlementaire.
Car cette décision concerne directement l’Isère. Le site Nature Isère explique ainsi que la présence du courlis cendré est régulière dans le département, à défaut d’être fréquente. Mais, indique encore le site, l’espèce ne cesse de régresser depuis les années 60 : « Elle a disparu de l’Isle Crémieu et plus récemment de l’ouest du département [et] ne niche plus désormais que dans la plaine de Bièvre où les données de nidification certaine sont rarissimes ».
La députée appelle au principe de précaution
« Comme nombreux concitoyens je me suis étonnée et émue de la décision récente du gouvernement de réautoriser la chasse au courlis cendré, une espèce classée vulnérable », écrit Émilie Chalas sur son site Internet. La future candidate LREM aux municipales de Grenoble ne parvient ainsi pas à s’expliquer cette décision. Même si elle salue « les efforts réalisés par le gouvernement pour mieux encadrer la chasse et pour préserver la biodiversité ».
Émilie Chalas fait tout d’abord remarquer que le ministère de l’Écologie admet lui-même ne pas disposer de données fiables sur l’impact de la chasse sur la population d’oiseaux. Dès lors, estime la députée iséroise, « le principe de précaution ne voudrait-il pas que l’on prolonge le moratoire en attente d’éléments tangibles permettant d’assurer que la pérennité de cette espèce est assurée ? »
Une décision qui s’oppose à la Commission européenne ?
La parlementaire signale en second lieu qu’une telle décision tombe au moment où la Commission européenne a mis la France en demeure de mettre fin à des méthodes de chasse illégale. En pointant notamment du doigt la tolérance vis-à-vis de la chasse à l’oie cendrée, et les dangers qui pèsent sur les populations de tourterelles. En attendant de se faire tacler pour l’autorisation de “prélever” 6 000 courlis cendré d’une population jugée fragile ?
« Je serais étonnée que le gouvernement ne dispose pas d’autres motifs pour soutenir la décision de réautorisation de la chasse du courlis cendré », écrit encore Émilie Chalas. Avant d’enjoindre le gouvernement à présenter des éléments « qui lui permettent de garantir que son action est conforme à la nécessaire préservation de toutes les espèces et à son devoir d’exemplarité quant au respect des règles européennes et du débat public ».
Émilie Chalas n’est évidemment pas la seule à s’interroger sur cette décision. Pour la Ligue protectrice des oiseaux, aucun doute : « Les lobbies les plus néfastes sont toujours à l’œuvre aujourd’hui en France, et obtiennent malheureusement encore gain de cause ».
De plus, la LPO juge qu’au-delà de l’Europe, la décision de la France la met en contradiction avec l’accord intergouvernemental sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA).