FOCUS – La saison 2019 – 2020 de la MC2 est lancée avec, au programme, des propositions aussi léchées qu’éclectiques… Le tout sous le signe de l’économie, thème intemporel s’il en est. Déroulé de la présentation avec l’équipe.
Toujours très attendue, la prochaine saison de la MC2 s’annonce riche, dense et frappe fort avec un thème « au cœur de l’actualité », l’économie.
Un sujet qui tombe à pic après une année riche de succès « tant du point de vue du public en matière de volume de fréquentation, que des prises de cartes MC2 », se satisfait Jean-Paul Angot. Et ce dernier de réaffirmer l’ouverture de « la structure la plus importante de la métropole » en tant que « maison ». Mais surtout, insiste-il en tant que « lieu de débat ».
Si le lieu s’y prête, remuons-nous donc les méninges autour de la question « Comment la question des moyens financiers est intrinsèquement liée à l’acte de création ? ». Soit l’entrée en matière très économique du catalogue 2019 – 2020. Une interrogation qui, de près ou de loin, lie les presque 80 spectacles de cette édition. Des curiosités qui devraient attirer le regard. Tour d’horizon.
« La musique classique n’est ni poussiéreuse, ni ennuyeuse »
« Le monde du spectacle vivant est aujourd’hui confronté à de véritables enjeux économiques. Citons par exemple le Pass Culture, qui affirme le changement de l’offre et de la demande », explique Antoine Pecqueur, conseiller musique de la MC2.
Mais, selon lui, c’est avant tout la sphère musicale qui est la plus en phase aux changements économiques. « S’il existait un Centre national du cinéma, un Centre national du livre, il va se créer un Centre national de la musique, ce qui repense l’idée d’argent public et d’argent privé. »
Dès l’ouverture de saison, c’est d’ailleurs de musique qu’il s’agit avec une véritable plongée dans la musique classique française du début du XXe siècle signée Mikko Franck, directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Radio France.
« Ici, tout se mêle comme la musique de chambre, l’orchestre. On y verra aussi une saxophoniste qui joue un Scaramouche très jazzy, sans compter la symphonie liturgique. Cela casse la forme habituelle du concert et montre que la musique classique n’est ni poussiéreuse, ni ennuyeuse ! », affirme le spécialiste musical.
Musique contemporaine : de nombreuses surprises au programme
Souvent considérée comme élitiste, la musique contemporaine souffre, elle aussi, de nombreux stéréotypes mais réserve pourtant son lot de surprises. En témoigne ce programme mêlant musique électronique, vidéo et lumière mené par Moscow Contemporary Music Ensemble, « un voyage dans la Russie du XXe siècle, une époque de mutation économique dingue dont les compositeurs vont se faire l’écho ».
Notons également un autre voyage dans le temps, avec 1867 !, une création mêlant « musique et économie de manière humoristique » autour de la révolution industrielle. « Cette période a eu un impact sur la réalisation d’instruments. On a inventé des instruments à têtes de serpents ou encore des cuivres incroyables. »
Le spectacle, mené par le Quintette effervescence racontera l’histoire de musiciens « réunis pour essayer de jouer de ces instruments improbables ». Les objets seront d’ailleurs exposés à la MC2 !
Des originalités, en veux-tu en voilà
Évidemment, ce spectacle n’est pas le seul projet novateur que présente la MC2. On ne résiste d’ailleurs pas à l’envie d’en citer quelques autres, comme les créations théâtrales Le Grand théâtre d’Oklahama, de Madelaine Louarn et Jean-Francois Auguste, avec des comédiens handicapés mentaux. Ou encore la réalisation de François Tanguy nommée provisoirement Item, « très difficile à définir », selon Jean-Paul Angot, « mais à ne pas rater d’un point de vue poétique et plastique ».
Le titre suivant ne manque pas d’interpeller, Joueurs, Mao II, les noms. Insolite tant par son nom que par sa forme, ce marathon théâtral de Julien Gosselin dure pas moins de… douze heures (rien que ça). La création « qui apporte quelque chose de neuf au théâtre » s’appuie sur les œuvres de Don DeLillo, des romans qui ont pour fil rouge le terrorisme.
Côté danse, il faudra noter le spectacle Nahasdzaan, de Luc Petton, dans lequel des animaux vivants – des chouettes, des loups, des aigles… – se mêleront aux danseurs… Sans oublier bien sûr les créations de deux fidèles habitués de la structure, Rachid Ouramdane et Jean-Claude Gallotta.
Le premier reviendra avec deux rendez-vous, Möbius, tout d’abord, « qui réunit 19 acrobates sur scène qui font des pyramides insensés », explique le directeur de la MC2. Variation(s), ensuite, « mettant en avant sa danseuse fétiche Annie Hanauer et Ruben Sanchez, danseur de claquettes d’origine cubaine ».
Jean-Claude Gallotta reprendra quant à lui L’homme à tête de choux, « une création qu’il vient de donner au Printemps de Bourges, un tabac absolu autour de musiques de Serge Gainsbourg par Alain Bashung ».
Et les femmes dans tout ça ?
S’il y a bien une chose sur laquelle Jean Paul Angot insiste, c’est « la parité », élément essentiel et constitutif de la MC2. « Nous faisons des choix extrêmement déterminés sur la question à la fois des metteur(e)s en scène, des auteur(e)s et des histoir(e)s. »
Un propos que pourrait parfaitement illustrer Ces filles-là, mis en scène par Anne Courel et jouée par vingt femmes qui « sur scène racontent les avantages et inconvénients du parcours féminin dans la société ». Autres histoires inspirantes, celles des quatre femmes de la pièce Splendeur, de Delphine Salkin, qui s’entretiennent dans un contexte de fin de dictature balkanique.
Quant aux créations chorégraphiques, les femmes aussi mènent la danse, à l’image de Catherine Diverrès « une grande dame de la danse contemporaine ». Avec sa création Jour et nuit, elle met en scène neuf danseurs à l’énergie folle sur du David Bowie ou du Miles Davis.
Une fois de plus, la MC2 nous propose donc une saison variée où les talents éclectiques se confrontent et s’harmonisent. Sautons sur l’occasion.
Alice Colmart