EN BREF — Huit véhicules de la Division technique générale d’EDF de Grenoble ont été détruits par un incendie probablement d’origine criminelle, dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 juin. Un incendie “revendiqué” par un texte étrange le lundi 17 juin en fin de matinée, dans lequel la haine de la technologie affirme se mélanger à une vengeance familiale.
Nouvel incendie volontaire à Grenoble dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 juin, aux alentours de 3 heures du matin : pas moins de huit véhicules de la Division technique générale d’EDF ont été détruits par les flammes. Des voitures et des utilitaires incendiés sur le parking même de la Division technique, située avenue de l’Europe. Si la thèse de l’accident est écartée par les enquêteurs, les auteurs de l’incendie n’ont pas été identifiés.
S’agit-il d’une action pyromane de militants se revendiquant de l’anarchisme ? Cité par de multiples médias, un représentant du Parquet de Grenoble indiquait dans la foulée que l’on « pouvait y penser mais qu’il n’y avait pas d’élément le disant avec certitude ». Si tel était le cas, l’incendie s’inscrirait dans une longue série sur l’agglomération grenobloise, touchant notamment les gendarmeries de Grenoble et de Meylan, ou encore les locaux de la Casemate.
Une revendication au nom… d’une vengeance familiale
Une forme de “revendication” a finalement été mise en ligne sur le site Indymedia Nantes le lundi 17 juin en fin de matinée. Un texte dense et sursaturé de fautes en tout genre, dans lequel l’incendie des véhicules est revendiqué au nom… d’une vengeance familiale. L’auteur explique ainsi avoir agi avec sa sœur pour se venger d’un père qui « bosse à EDF depuis plus de 30 ans, déja bien avant qu’on sois né ». Un père au demeurant accusé d’avoir battu la mère de ses enfants.
« Moi et ma soeur on déteste l’électricité passque pour nous sa représente notre père et sa violence et son autorité puis la société et tout les trucs que les humains y doives brancher pour exister et pas s’ennuyer », décrit encore le texte. Tout en dénonçant la « mocheté » des poteaux électriques comme des hélices des éoliennes, qui « gache nos rêveries quand on regarde le ciel loin et qu’on les vois ».
Un texte à prendre au sérieux ? Au sein de ses innombrables fautes de français, l’auteur glisse des subtilités langagières qui contrastent avec son registre dominant. Depuis une formule comme « catastrophe climatique » à un « libère terre » au lieu de « libertaire », en passant par le sigle EDF détourné en « Énergumènes diablement furax ». Et si, en digne prose clandestine, le texte pratiquait autant l’art de la colère que celui de la dissimulation ?
Des véhicules d’Enedis incendiés en 2017
Difficile encore de ne pas opérer un rapprochement entre l’incendie des véhicules EDF et celui de véhicules d’Enedis survenu à la même période deux ans plus tôt, dans la nuit du 29 au 30 mai 2017. Un incendie auquel se réfère par ailleurs le texte de “revendication” publié le 17 juin : « On a repenser que quand des voitures de ENEDIS avais bruler en 2017 à Grenoble, notre père il avais été tellement en colère qu’il arrètais pas d’en parler ».
« On a fais pareille pour faire soufrir notre père et faire plaisir a notre mère. et pour se marer moi et ma soeur », conclut le texte. Une imitation plutôt qu’une itération ? Si le style était plus maintenu, le message de revendication des incendies d’Enedis portait en tout cas un fond idéologique assez similaire. Notamment en condamnant « les modes industriels de production électrique », avant de prôner le « sabotage » contre « l’un des mille avatars de l’infrastructure capitaliste ».