FOCUS – Alors qu’elle fête ses trente ans, La Rampe – La Ponatière d’Échirolles mise sur une saison culturelle 2019 – 2020 sous le signe de la diversité et de l’audace. Joséfa Gallardo, la directrice, entend ainsi expérimenter de nouvelles voies dans le spectacle vivant pour cette Scène désormais conventionnée d’intérêt national Art et Création – Danse et Musiques. Petite sélection forcément subjective avant la présentation officielle au public ce mercredi 5 juin.
« L’art nous invite à expérimenter de nouvelles prises sur le monde » : les premiers mots de l’édito signé Joséfa Gallardo, qui assure depuis l’an dernier la direction de La Rampe – La Ponatière à Echirolles, résument bien l’état d’esprit de la programmation 2019 – 2020. Audacieuse, humaniste et iconoclaste, aurait-on pu ajouter.
Danse, ballets, orchestres symphoniques, spectacles fantaisie, intimistes, oniriques ou plus terre-à-terre, mais où l’émotion émerge toujours… Cette prometteuse richesse culturelle devrait permettre à chacun de s’y retrouver.
« Avec trente-trois spectacles, cette [nouvelle] saison marque la fidélité à des artistes repérés, poursuit les rendez-vous familiaux et s’inscrit dans les événements locaux », précise Renzo Sulli, maire d’Échirolles.
Notamment, Cité plurielle, un événement organisé par le CCAS d’Échirolles qui met en avant des projets d’habitants et d’associations contre le racisme et pour l’égalité.
Dès septembre prochain, La Rampe va par ailleurs accueillir en résidence le collectif ÈS. Et ce pour trois saisons. « Nous défendons l’idée que l’art doit s’inscrire dans le quotidien des habitant-es, les aider à se construire, à s’émanciper, à débattre, à s’évader, à se rencontrer ou même à se retrouver », affirme Renzo Sully.
Ouverture de saison méditative et hypnotique avec Susheela Raman
Première date de la saison, le 26 septembre à 20 heures, avec Susheela Raman. La célèbre chanteuse londonienne, met à l’honneur le « gamelan » avec son album Ghost Gamelan.
Cet ensemble instrumental traditionnel caractéristique des musiques javanaise et sundanaise fut rendu célèbre grâce à l’album des Beatles « Revolver », qui fête ses cinquante ans cette année. La chanteuse s’est notamment emparée du titre « Tomorrow Never Knows » pour en faire une version méditative et hypnotique.
Ada/Ava, spectacle cinématographique de marionnettes pour “grands”
Vendredi 15 novembre à 20 heures, Ada/Ava revisitera le genre du spectacle de marionnettes. Né en 2010, ce « spectacle cinématographique de marionnettes » a connu un vif succès au gré des festivals : New-York, Téhéran, Édimbourg, Avignon…
Rien à voir ici avec un “classique” spectacle pour enfants : inspiré, entre autres, de Hitchcock et de Metropolis du réalisateur Fritz Lang, cette pièce raconte la vie d’Ada et Ava, deux sœurs liées depuis l’enfance et vivant dans un phare, au cœur de la paisible Nouvelle-Angleterre. Deux sœurs si proches que la mort d’Ava va représenter un gouffre pour Ada, elle-même au crépuscule de sa vie. C’est ce moment difficile qui va permettre de recréer, sur scène, des moments passés avec sa défunte sœur.
Mais attention : pas de nostalgie ni de pathos, plutôt originalité et justesse. Et ce de manière artisanale – comme aux prémices du cinéma –, au moyen d’une interprète déguisée, grâce à des marionnettes, à des jeux d’ombres chinoises et à une musique envoûtante.
Un quotidien poétique et émouvant qui (re)prend vie à l’écran, jamais loin non plus d’un certain Tim Burton…
Mû ou la danse sens dessus-dessous
Le spectacle Mû, programmé le jeudi 13 février à 20 heures promet quant à lui une expérience… renversante. Durant cette performance, les danseurs défient les lois de la gravité grâce à des aimants collés à leurs pieds.
« Les artistes marchent au plafond, se meuvent sur des murs et des plans inclinés. Le haut, le bas, l’animé et l’inanimé, tout est perturbé, sens dessus-dessous », explique Christine Prato, responsable des relations avec le public.
Un spectacle monté en partenariat avec l’Hexagone de Meylan, dans le cadre d’Experimenta, la Biennale Arts Sciences.
« Vies de papier », un voyage dans le temps
Parmi les autres spectacles, arrêtons-nous un instant sur Vies de papier* de la Compagnie La Bande passante, le jeudi 19 mars à 20 heures. L’enquête de deux artistes plasticiens, Benoît Faivre et Tommy Laszlo qui, tombant par hasard sur un vieil album de photos dans une brocante à Bruxelles, décident de se lancer sur les traces de la propriétaire de l’album. Laquelle est une mystérieuse femme dont l’histoire, tumultueuse, prend racine dans l’Allemagne des années 1930.
Sur scène, les deux protagonistes, tels de vrais enquêteurs, partagent leurs découvertes avec le public grâce à un écran figurant chaque preuve recueillie (archives, témoignages aux quatre coins de l’Europe, etc.).
Leur récit, mené comme une enquête policière, mêle quête personnelle – les interprètes n’ayant aucun lien avec le sujet, quel est donc le sens de leur démarche ? – et Histoire avec un grand H. Ou quand l’intime rejoint l’universel.
Investigation généalogique et littéraire, voyage dans le temps : ces thèmes, poignants et passionnants, ne sont pas sans rappeler – avec un rythme et un contexte bien distincts, et dans une autre configuration scénographique – l’excellent spectacle Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik.
Romances inciertos, spectacle-ballet “coup de cœur”
Avec Romances inciertos, Un autre Orlando, jeudi 9 avril à 20 heures, le danseur François Chaignaud, accompagné de quatre musiciens, n’hésite pas à jouer avec les ambiguïtés du genre. Un hommage dansé, plein de grâce, à une Espagne mythique et éternelle. Mais aussi le coup de cœur de Josefa Gallardo, responsable de La Rampe, pour qui Romances inciertos « fait partie de ces spectacles où un grand silence se fait à la fin, avant les applaudissements. Un chef d’œuvre ». Pas moins.
Autre culture, autre ambiance avec Boutelis de la compagnie Lapsus, le mardi 26 mai toujours à 20 heures. Un spectacle onirique, dont le titre – en arabe – désigne ce moment étrange du sommeil où l’on a la sensation d’être réveillé, tout en étant dans l’incapacité absolue de bouger. Ce sont sept circassiens époustouflants d’adresse et de poésie qui nous plongent dans ce monde parallèle, habité de chimères et de monstres…
Envie d’en savoir plus ? Outre le programme accessible en ligne sur le site de La Rampe, vous pouvez assister à la présentation officielle de la saison ce mercredi 5 juin à 18 h 30.
La Rédaction
* Ce spectacle est éligible au « Pass Tribu ». Pour 6 euros, un enfant de moins de 13 ans accompagné d’au moins un adulte peut assister à des spectacles sélectionnés (danse, cirque, musiques, marionnettes).
Podium un concentré de danse les 29 et 30 novembre prochains
C’est une nouveauté dans la continuité : la dixième édition du concours (Re)connaissance devient cette année la première édition de… Podium. Cette fête de la danse comprenant douze extraits de spectacles, sélectionnés par dix-sept partenaires, se déroulera les vendredi 29 novembre à 19 heures et samedi 30 novembre à 17 h 30.