FOCUS – Saisie par SNCF Réseau, la Commission nationale du débat public mène une consultation en région Auvergne-Rhône-Alpes sur le projet à long terme d’aménagement du nœud ferroviaire lyonnais. Deux réunions publiques sont prévues en Isère : la première à Grenoble le mardi 21 mai, et la seconde à L’Isle-d’Abeau le jeudi 23.
« Douze lignes de chemin de fer convergent aujourd’hui vers la ville de Lyon, y formant le “nœud ferroviaire” le plus complexe et le plus emprunté de France », rappelle la Commission nationale du débat public (CNDP). Pas moins de 1 200 trains circulent ainsi chaque jour sur un réseau lyonnais totalement saturé. À tel point que la région Auvergne-Rhône-Alpes occupe l’avant-dernière place en matière de ponctualité de ses trains…
Pourquoi un tel constat de la part de la CNDP ? La Commission a été saisie par SNCF Réseau pour organiser un débat régional sur son projet d’aménagement du nœud ferroviaire lyonnais. Un débat articulé autour d’un site internet participatif ou encore de rencontres avec les habitants. Mais aussi de réunions publiques, dont deux se déroulent en Isère : le mardi 21 mai au Stade des Alpes de Grenoble, et le jeudi 23 mai à la salle de l’Isle de L’Isle-d’Abeau, toutes deux à 19 heures.
Les acteurs territoriaux s’engagent dans le débat
Chacune des seize réunions publiques organisées dans la région porte sur un thème précis, établi au préalable en lien avec des acteurs du territoire que peuvent être les associations, les collectivités, les syndicats et autres organisations professionnelles.
Les thèmes isérois ? À Grenoble, la question porte logiquement sur « les liaisons entre métropoles régionales ». À L’Isle-d’Abeau, ce sont « les transports du quotidien » qui occuperont les débats.
Des débats auxquels comptent bien participer la Ville de Grenoble, le SMTC, la Métro, le Grésivaudan, le Pays voironnais, sans oublier l’Établissement public du Scot (schéma de cohérence territorial) de la région urbaine de Grenoble. Dans un communiqué commun, les différentes institutions « réaffirment (…) leur volonté de voir améliorer la desserte ferroviaire de l’aire métropolitaine grenobloise » à l’occasion du débat public.
Et de fixer trois objectifs « prioritaires ». Tout d’abord, l’amélioration de « la robustesse et la régularité des dessertes ferroviaires, en particulier pour la ligne Grenoble-Lyon ». Ensuite, le renforcement de « la desserte périurbaine, avec la mise en place d’un RER ferroviaire à l’échelle de la grande région grenobloise ». Enfin, la diminution « des temps de parcours entre Grenoble et Lyon et entre Grenoble et Paris ».
Doubler les voies sur l’axe Grenoble-Moirans
Le projet annoncé par SNCF réseau sur lequel porte le débat public répond-il à ces objectifs ? L’un de ses points principaux repose, en tout cas, sur l’idée de « passer à 4 voies la ligne Lyon-Grenoble, sur la section entre Saint-Fons et Grenay ». Le tout pour un budget estimé de 800 millions d’euros. Presque une paille à côté des 4,5 milliards d’euros que représente l’autre projet de deux voies supplémentaires en traversée de Lyon, en surface ou souterraines.
Insuffisant, aux yeux des collectivités. Celles-ci préconisent de « programmer un plan d’investissement phasé pour l’ensemble de l’axe Lyon-Grenoble et de l’étoile ferroviaire grenobloise, plan qui devra nécessairement prévoir le doublement des voies entre Grenoble et Moirans ». Une section qui accueille plus de trafic au quotidien que Saint-Fons-Grenay, et constitue à leurs yeux un « enjeu majeur » à la fois pour l’agglomération grenobloise et pour son homologue lyonnaise.
D’autant que « l’aire métropolitaine grenobloise souffre d’une réelle insuffisance de l’offre ferroviaire et d’une qualité de service dégradée », dénoncent les institutions territoriales. De quoi nuire, selon elles, à l’attractivité d’un territoire qui constitue pourtant « le deuxième pôle de recherche scientifique à l’échelle nationale ». Tout en contredisant les « impératifs liés à la transition énergétique et écologique ».
20 % de transports régionaux en plus dans les années à venir
Reste à savoir si SNCF Réseau sera sensible à ces propositions. La CNDP prévient que le débat porte bien sur le projet à long terme de la SNCF Réseau, tel que présenté.
Il ne concerne pas non plus les travaux actuellement en cours dans le cadre du « plan de mobilisation » 2015 – 2025. Un plan qui devrait « permettre d’améliorer sensiblement la régularité des trains »… mais ne comprend pas « le développement de trafics et de services supplémentaires ».
Or, il y a urgence. « D’ici à 2050, l’augmentation des besoins de déplacement est estimée par SNCF Réseau à 100 % pour le trafic grandes lignes au départ et à destination de Lyon », chiffre la Commission nationale du débat public.
Avec un million d’habitants supplémentaires attendus sur la région d’ici 2040, les transports en région lyonnaise devraient, pour leur part, augmenter de 20 %. Et les échanges entre métropoles se révéler plus denses que jamais.