FOCUS – Pour la première fois depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, FO, FSU, Solidaires et l’Unsa de la fonction publique en Isère ont fait front commun pour manifester ce jeudi 9 mai. L’objet de la protestation : la réforme de la fonction publique. À Grenoble, ils étaient près de 2 000 selon la préfecture, 3 000 selon la CGT.
À Grenoble, ce sont les salariés de La Poste qui ont ouvert le bal ce matin. Entre 120 et 150 manifestants se sont ainsi réunis dès 10 h 30 contre des fermetures de bureaux de poste, au 11 boulevard Maréchal Lyautey, où siège la direction. Un rassemblement matinal à l’appel de Sud PTT Isère-Savoie et du collectif J’aime ma poste à Grenoble, auquel ont notamment participé la CGT, le PCF, Lutte ouvrière, Force ouvrière, ainsi que le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard.
Alors que les bureaux de Grand Place et Championnet ont été fermés en 2018, la directrice de La Poste en Isère a en effet annoncé sa volonté de fermer cinq autres bureaux sur les onze existants actuellement à Grenoble, selon Sud PTT Isère-Savoie. Premiers visés ? Stalingrad et Bajatière.
En tout, une quinzaine de projets de réorganisations sont prévus en Isère en 2019, avec
des bureaux menacés à Brignoud et sur le plateau du Vercors, où seul Villard-de-Lans resterait en tant que bureau de poste de plein exercice. « En Isère comme partout en France, des fermetures de bureaux continuent à se faire sans aucun débat démocratique à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de l’entreprise », déplore ainsi Sud PTT Isère-Savoie.
« Le prétexte est de s’adapter à l’évolution de la société et du numérique, sauf que l’on va supprimer des emplois, près de 22 000 en trois ans », renchérit Jean-Michel Lacoustille, secrétaire général CGT-FAPT (Fédération des activités postales et de télécommunications). « De plus, dans certaines zones rurales, des bureaux ferment et on doit parfois faire plusieurs kilomètres en voiture pour trouver un distributeur… ».
Le personnel enseignant très mobilisé
Le cortège de l’intersyndicale a quitté la place de Verdun aux alentours de 14 h 30 pour se rendre à la cité administrative, passer le long du rectorat pour revenir ensuite au point de départ. Plusieurs corps de métiers de la fonction publique étaient représentés. Dont les enseignants, qui représentaient une grande partie du cortège, venus protester contre le projet de « l’école de la confiance » du ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer.
Au rang des manifestants, des enseignants du collège olympique. « Les trois quart des professeurs et l’ensemble de la vie scolaire sont en grève, a indiqué Joseph Rivière, enseignant histoire-géographie. « Ils sont mobilisés contre la loi Blanquer et pour garantir une bonne qualité d’enseignement menacée par le recours à des contractuels de plus en plus nombreux et non formés »
Opposés à la réforme du bac, les fonctionnaires de l’Éducation nationale se disent aussi très inquiets de la dégradation de leurs conditions de travail. « Le ministre parle de l’école de la confiance, il doit commencer par entendre les difficultés du terrain, martèle Santiago Vicario, conseiller principal d’éducation du collège olympique. Qu’il arrête de vouloir faire des économies sur les dos des enfants, on pourra parler de confiance après. » Une journée “collège mort” est par ailleurs prévue mercredi prochain et soutenue par les parents d’élèves.
« Avec le projet de M. Blanquer, on creuse les inégalités sociales »
Les professeurs du collège Malraux de Voreppe étaient également de la partie. Ils font état d’une énième journée où le collège est vide. C’était déjà dernièrement le cas, le 10 avril, lors d’un jour « collège mort ». Dans cet établissement, 90 % des enseignants ont répondu à l’appel de l’intersyndicale. Au rang des revendications : le manque de moyens.
De ce fait, à la rentrée suivante, les élèves seront trente par classe en quatrième. Des classes surchargées, où il sera compliqué d’aider certains élèves en difficulté, considèrent les enseignants.
« On l’appelle l’école de la confiance [mais] dans le premier article, on nous demande de nous taire », critique Jean-Michel Ducros enseignant. Avant d’ajouter : « Nous sommes en train de creuser les inégalités sociales, et la réforme sur les lycées professionnels en est la preuve même. »
« L’école de la confiance » prévoit ainsi de passer de 35 heures à 30 heures de cours hebdomadaires sur un cursus de trois ans, dont une avec des enseignements transversaux.
« Ils vont sortir avec un bac pro au rabais et vont arriver sur le marché du travail beaucoup moins formés », constate-t-il.
À l’issue de la manifestation, des représentants des enseignants ont été reçus par le directeur académique adjoint. Ces derniers restent toutefois mobilisés dans l’attente d’une réponse concrète.
Au total, 108 900 fonctionnaires ont manifesté dans la rue ce jeudi, selon le ministère de l’Éducation nationale. 250 000 selon la CGT.
Mohamed Benmaazouz