EN BREF – Un espace de coworking pas comme les autres ? C’est l’ambition du Médiastère, inauguré le 17 avril à Grenoble. Regroupant journalistes, vidéastes, créateurs sonores mais aussi professionnelles du management, le Médiastère se veut un espace de travail partagé autant qu’un lieu de vie culturel inscrit dans son quartier, avec un mode de gestion résolument collectif.
Créer un espace de coworking qui dépasse la seule dimension professionnelle pour s’inscrire dans son quartier et proposer une plus-value culturelle ? Tel est, en résumé, le projet du Médiastère. Inauguré à Grenoble le jeudi 18 avril après deux mois de travaux, cet espace de travail regroupe des journalistes, des créateurs sonores, vidéastes ou photographes, mais aussi des expertes en management collectif et en participation citoyenne.
Le Médiastère ne date cependant pas d’hier. Le projet est né rue Chenoise à Grenoble, avant de déménager dans un appartement loué par Actis rue du Vieux-Temple. Si le projet initial réunissait des professionnels indépendants dans le domaine des médias, d’où son nom, le Médiastère s’ouvre aujourd’hui à d’autres types de professions. Mais ne compte pas moins cultiver un esprit et une personnalité qui lui soient propres.
« Faire bouger les choses »
La différence avec d’autres espaces de coworking ? « Le fait de vouloir faire des événements culturels, des expositions, des concerts et des conférences avec une vraie dynamique », explique Capucine Mezeix, professionnelle de la « facilitation et l’intelligence collective » et locataire du Médiastère. Et ce n’est pas un hasard si l’inauguration du lieu coïncide avec le vernissage d’une exposition de photographies de Thomas Langouet, également membre de l’espace.
« Il y a déjà de beaux projets qui s’installent. Nous commençons à réfléchir avec la Maison des habitants [Centre-ville, ndlr]… On a envie de faire des choses et de faire bouger les choses ! », s’enthousiasme le photographe. Tout un symbole, son exposition aligne des photographies prises durant l’édition 2014 du festival Burning Man, au sein du désert du Nevada. Une rencontre artistique et utopique réputée pour son caractère hors norme.
« Nous sommes tous acteurs de ce que devient ce lieu », ajoute Ludovic Chataing, journaliste indépendant. Au Médiastère, les décisions ont pour vocation d’être prises de manière collective, y compris, et surtout, en ce qui concerne l’arrivée de nouveaux locataires. Co-créatrice du projet, Lorine Le Louvier insiste pour sa part sur la nécessité de pérenniser le projet dans le temps. Et « que celui-ci tienne quand même si l’un des membres fondateurs part ! »
Contre la solitude du travailleur indépendant
Mais quel intérêt, au final, pour ces travailleurs indépendants de se regrouper sous un même toit ? En premier lieu, un remède à la solitude, répond le développeur web Romain Petit. « C’est particulier de travailler à distance, sans voir ses clients. Cet espace permet de retrouver une ambiance de travail, avec des personnes qui sont en quelque sorte des collègues bien que l’on ne travaille pas directement avec eux », explique-t-il.
Pour Lorine Le Louvier, cette dimension est même « essentielle » pour créer du réseau autant que des synergies. « Toute seule à Grenoble, je ne pense pas que je me serais développée autant », juge ainsi la créatrice audio. Tandis que Thomas Langouet voit déjà se profiler des réalisations collectives. « On va tous travailler de notre côté, mais l’idée c’est aussi de se retrouver sur des projets communs », avance le photographe.
L’intérêt est aussi financier, avec des loyers allant de 80 euros pour les mi-temps à environ 150 pour les pleins-temps. Si la somme finance le loyer, elle rembourse également l’investissement de chacun dans les travaux réalisés, et devrait être ainsi amenée à baisser avec le temps.
Deux mois ont en effet été nécessaires pour aménager en bureaux et salles communes cet ancien centre de santé. Dont les nombreux lavabos continuent néanmoins de hanter chaque pièce.