Le cabinet Rembrandt. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Rembrandt, un gra­veur méconnu mis en lumière par le Fonds Glénat au couvent Sainte-Cécile

Rembrandt, un gra­veur méconnu mis en lumière par le Fonds Glénat au couvent Sainte-Cécile

FOCUS – Les édi­tions Glénat ont inau­guré, ce mer­credi 17 avril, le cabi­net Rembrandt, ins­tallé au sein de l’an­cien couvent Sainte-Cécile. Un lieu qui expose des gra­vures du célèbre peintre hol­lan­dais, plus connu pour sa maî­trise du clair obs­cur. Cette expo­si­tion pré­sente la moi­tié des 70 gra­vures ras­sem­blées par le Fonds Glénat. L’autre sera pré­sen­tée ulté­rieu­re­ment dans ce même espace.

Rembrandt aux trois moustaches. © D.Guillaudin pour le Fonds Glénat

Rembrandt aux trois mous­taches. © D. Guillaudin pour le Fonds Glénat.

« Rembrandt était pas­sionné par la gra­vure, au point d’a­che­ter celles de ses confrères et de se rui­ner pour ces œuvres d’art », a rap­pelé Jacques Glénat, fon­da­teur de la mai­son d’é­di­tion épo­nyme, à l’oc­ca­sion de l’i­nau­gu­ra­tion du Cabinet Rembrandt, ce mer­credi 17 avril. Un lieu à l’es­prit inti­miste dédié à une expo­si­tion per­ma­nente entiè­re­ment consa­crée aux gra­vures de l’ar­tiste, près de 350 ans après sa mort.

L’occasion pour les édi­tions Glénat.

de pro­je­ter un autre éclai­rage sur le célèbre maître hol­lan­dais, plus connu pour ses pein­tures et sa maî­trise des ombres et du clair-obs­cur que pour ses talents de graveur.

Puisque, comme le sou­ligne Jacques Glénat, « il fal­lait un écrin pour pré­sen­ter ces œuvres », le Fonds Glénat pour le patri­moine et la créa­tion a choisi de l’ins­tal­ler dans le par­loir des nones du couvent Sainte-Cécile. Une manière, explique-t-il, de faire écho à l’éducation reli­gieuse de Rembrandt ainsi qu’à nombre des œuvres présentées.

L’une des plus belles col­lec­tions pri­vées consa­crées à Rembrandt

Une autre bonne rai­son a pré­sidé à ce choix. Il fal­lait en effet un lieu à l’a­bri de la lumière qui puisse satis­faire aux condi­tions de conser­va­tion des 70 gra­vures acquises par le fonds. De « fra­giles petits papiers que Rembrandt fai­sait venir en Hollande, du Rhin supé­rieur, par­fois du Japon. Avant de les impri­mer avec ses plaques de cuivre », explique la bro­chure de l’exposition.

A droite : Jaco Rutgers, commissaire de l'exposition accompagné d'un traducteur. © Joël Kermabon - Place Gre'net

A droite : Jaco Rutgers, com­mis­saire de l’ex­po­si­tion accom­pa­gné d’un tra­duc­teur. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Ces œuvres, ache­tées à Neil Kaplan, un col­lec­tion­neur anglais, consti­tuent « l’une des plus belles col­lec­tions pri­vées » consa­crées à celui qui était aussi « un gra­veur de génie ». En revanche, seule une moi­tié de ces gra­vures ori­gi­nales a été sélec­tion­née pour la sai­son 1 de l’exposition.

« Nous allons lais­ser repo­ser dans l’obs­cu­rité ces gra­vures avant d’ex­po­ser la sai­son 2. Et peut-être y aura-t-il une sai­son 3, avec l’ac­qui­si­tion de nou­velles gra­vures », se prend à espé­rer Jacques Glénat. Un espoir pas tota­le­ment fou lorsque l’on sait que Rembrandt a pro­duit près de 300 eaux-fortes (gra­vures en taille-douce sur une plaque métal­lique réa­li­sées à l’aide d’un mor­dant chi­mique) qui ont cir­culé dans toute l’Europe.

Jaco Rutgers, le com­mis­saire de l’exposition, jus­ti­fie son choix. « J’ai essayé de pro­po­ser un aperçu équi­li­bré des nom­breux sujets de l’œuvre de Rembrandt, ainsi qu’une sélec­tion de ses œuvres les plus emblé­ma­tiques. » Et ce spé­cia­liste néer­lan­dais de Rembrandt de saluer un artiste unique dans l’histoire de l’art. « Aucun autre artiste avec une aussi grande œuvre gra­vée n’a été capable de tra­vailler sur autant de styles, à la fois pré­cis et frag­men­taires, et de créer autant de gra­vures dif­fé­rentes sur des sujets aussi divers. »

« Il raconte des his­toires, tout comme un auteur de bandes dessinées »

L’ensemble pré­senté dans ce cabi­net Rembrandt offre un pano­rama « nuancé » de l’œuvre du maître. Des estampes de dif­fé­rentes étapes de sa vie, de sa jeu­nesse jusqu’à sa matu­rité, per­mettent de suivre son évo­lu­tion en tant qu’aquafortiste (artiste uti­li­sant l’eau-forte). Tout autant que de révé­ler la diver­sité de son talent à tra­vers des por­traits et auto­por­traits, des scènes reli­gieuses ou tirées de la vie quotidienne.

Une loupe pour mieux discerner les détails des gravures. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Une loupe pour mieux dis­cer­ner les détails des gra­vures. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Au nombre des œuvres expo­sées, des gra­vures emblé­ma­tiques du tra­vail du maître. Comme le Rembrandt aux yeux hagards du début de sa car­rière, le por­trait de Jan Antonides Van der Linden, sa toute der­nière eau-forte, le spec­ta­cu­laire Triomphe de Mardochée, l’énigmatique Savant dans son cabi­net ou encore la sen­suelle Femme nue allon­gée, dite aussi La négresse cou­chée.

« Quelque part, il raconte des his­toires, tout comme un auteur de bandes des­si­nées », explique Jacques Glénat. Autant de gra­vures dont le très petit for­mat jus­ti­fie la pré­sence de loupes à dis­po­si­tion du public sur l’un des murs du par­loir. De quoi appré­cier la finesse et la déli­ca­tesse du trait et ainsi d’ap­pré­hen­der toute la maî­trise du geste de l’artiste.

Une explo­ra­tion digi­tale de cinq des gra­vures de Rembrandt

Pour mieux s’im­mer­ger dans les gra­vures de Rembrandt, l’ex­po­si­tion pro­pose une « explo­ra­tion digi­tale » de quelques-unes de ses eaux-fortes. Comment ? À tra­vers une « relec­ture des­si­née » de cinq œuvres choi­sies pour leur richesse séman­tique, tech­nique et leur diversité.

Rembrandt : Le denier de César. Rembrandt_Le Denier de César © D.Guillaudin pour le Fonds Glénat

Rembrandt – Le Denier de César. © D.Guillaudin pour le Fonds Glénat

À cet effet, une inter­face numé­rique inter­ac­tive per­met au visi­teur de suivre « l’interprétation sen­sible » d’une des œuvres redes­si­nées par l’ar­tiste plas­ti­cienne Pauline de Chalendar. Un tra­vail rendu pos­sible par la tablette Slate de la star­tup gre­no­bloise ISKN, per­met­tant de numé­ri­ser en temps réel des des­sins réa­li­sés sur papier. Cette der­nière nous livre quelques explications.

Autour de l’ex­po­si­tion, le Fonds Glénat met en avant le livre Rembrandt gra­veur. La comé­die humaine écrit par Jaco Rutgers. Ainsi que des visites pri­vées ou gui­dées, en par­te­na­riat avec l’office de tou­risme de Grenoble-Alpes Métropole. Sans oublier les sco­laires, puisque Glénat pro­pose éga­le­ment des ate­liers des­ti­nés à un public d’é­lèves s’é­ta­lant du CP jus­qu’au CM2.

En tout cas, de quoi décou­vrir, non sans sur­prise pour beau­coup, une autre facette du per­son­nage que fut Rembrandt. Un artiste qui, selon Jaco Rutgers, « était plus connu de son vivant en tant que gra­veur qu’en tant que peintre ».

Joël Kermabon

Informations pra­tiques

Le cabi­net Rembrandt est à décou­vrir au couvent Sainte-Cécile, situé 37 rue Servan à Grenoble (04 76 88 75 75). L’exposition est ouverte au public du mardi au samedi – de 10 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h 30. Le tarif ? 7 euros (5 euros pour les étu­diants) mais l’en­trée est gra­tuite pour les moins de treize ans.

Joël Kermabon

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