ENTRETIEN - Éric Vaillant, qui succède à Jean-Yves Coquillat au poste de procureur de la République de Grenoble, a pris ses fonctions au tribunal de grande instance (TGI) depuis le 1er janvier. Fraîchement arrivé de Guyane, département le plus violent de France, le magistrat s'installe à Grenoble où le taux de délinquance est supérieur à la moyenne nationale. Sur ce sujet sensible, quelles sont ses orientations, ses priorités et actions envisagées ? Éric Vaillant a pris le temps de répondre longuement à nos questions.
"SIMPLIFIER LA JUSTICE POUR PLUS DE RAPIDITÉ ET DE QUALITÉ"
Éric Vaillant, 53 ans, a succédé à Jean-Yves Coquillat au poste de procureur de la République du TGI de Grenoble le 1er janvier 2019. Procureur depuis neuf ans, le magistrat a commencé sa carrière en 1994 à Béziers (Hérault) comme juge d'instruction. Il a ensuite occupé, en 2003, la fonction de substitut général à Metz (Moselle) avant d'être nommé procureur au TGI de Douai (Nord) où il a exercé de 2010 à 2015.
Après une parenthèse outre-mer à Cayenne (Guyane) depuis 2015, le nouveau procureur est donc de retour en métropole. S'il laisse derrière lui le département le plus violent de France, il arrive dans une ville où le taux de délinquance est tout de même supérieur à la moyenne nationale.
Pas de quoi dépayser Éric Vaillant donc, encore plus rompu et déterminé à lutter contre les stupéfiants après son expérience guyanaise. C'est aussi un autre style que veut incarner ce procureur résolument communiquant connecté sur Twitter et WhatsApp. Désormais à la tête du parquet de Grenoble, ce dernier souhaite lui insuffler une nouvelle dynamique. En guise de fil rouge : la simplification de la justice pour plus de rapidité et de qualité au service des justiciables.
Place Gre'net - Dans quel état d'esprit abordez-vous ce nouveau poste au TGI de Grenoble ? Quelles sont vos priorités ?
Éric Vaillant - Je suis très heureux d'être à la tête du parquet de Grenoble, le 23e parquet de France. Je suis non seulement à la tête du parquet de Grenoble mais aussi d'une grosse juridiction. Quarante magistrats du siège, quatorze magistrats au parquet et cent dix-sept greffiers ça fait quand même une équipe de plus de 170 personnes !
Pour autant, je ne suis pas le procureur de toute l'Isère car il y a les parquets de Bourgoin-Jallieu et de Vienne, mais le TGI de Grenoble représente grosso modo les deux tiers de l'Isère. C'est un très beau parquet dans un très beau palais de justice très bien entretenu. C'est la plus belle juridiction dans laquelle j'ai jamais travaillé.
Ensuite, mon prédécesseur me laisse un parquet en parfait état de fonctionnement. Pour autant, il y a des choses que je vais commencer à mettre en place parce que ça correspond à ma façon de voir les choses. Le fil rouge de mon action c'est la simplification. Je suis persuadé qu'on peut rendre en France une justice rapide mais qui resterait de qualité. Faire cela demande une organisation.
Ça veut aussi dire qu'il faut traiter ce qu'on appelle les contentieux de masse avec une organisation standardisée pour dégager du temps pour le travail sur les gros dossiers qui demandent de la réflexion. Mais aussi pour travailler sur des projets innovants que l'on pourrait avoir envie de monter.
Nous recevons 65 000 dossiers par an à Grenoble. On ne peut pas travailler tous les dossiers judiciaires comme s'ils étaient uniques à chaque fois. Il y a de la paperasserie qui ne sert à rien et qu'il faut supprimer, voilà.
Vous exercez désormais dans une ville dont le taux de délinquance est supérieur à la moyenne nationale. Quelles vont être vos actions dans ce domaine ?
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