FOCUS – Pôle emploi Auvergne Rhône-Alpes dresse un bilan plutôt “positif” de l’année écoulée, même si le chômage reste important dans la région. L’année 2019 s’annonce toutefois plus délicate pour le service public, qui va devoir composer avec des baisses d’effectifs prévues par le gouvernement.
Les chiffres pleuvent, les éléments de langage sont légion et pas toujours limpides… Le bilan annuel de Pôle emploi s’est inscrit dans la lignée des précédents, ce mardi 5 février.
Dans une salle de la direction territoriale de Pôle emploi à Meylan, Pascal Blain, directeur de Pôle emploi Auvergne Rhône-Alpes, s’est adressé en visioconférence depuis Lyon à tous les centres de la région. Puis Bénédicte Brugière-Kada, directrice territoriale Isère a pris le relais pour fournir les informations relatives au département.
Un taux de chômage de 7,5 % en Isère
« Des résultats positifs et encourageants ». Pascal Blain a salué avec les mêmes qualificatifs que l’année dernière les résultats de Pôle emploi en 2018 en région Auvergne Rhône-Alpes. Le directeur régional note ainsi « une progression », traduite par « une hausse de 0,4 % de l’emploi cette année et une baisse du chômage de 1,2 % pour les personnes de catégorie A ». Des résultats qu’il a toutefois lui même tempérés, compte tenu du « taux de chômage énorme dans la région ». De 7,9 % au troisième trimestre 2018.
Le bilan positif de Pascal Blain concerne également l’Isère. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A a baissé de 1,6 % en 2018, passant à 57 580. Catégories A, B et C confondues, il diminue de 0,6 % pour atteindre 97 450 demandeurs d’emploi.
Le taux de chômage isérois s’établit ainsi à 7,5 % au troisième trimestre 2018. Soit une baisse de 0,5 % par rapport à fin 2017. Une légère baisse « dans un département qui reste dynamique », se réjouit la directrice de Pôle emploi Isère, Bénédicte Brugière-Kada.
« L’accès à l’emploi se fait aussi par de l’emploi court »
Dans cette marée de chiffres et de pourcentages, il en est un que Pascal Blain et Bénédicte Brugière-Kada ont particulièrement mis en avant : « 73,4 % des demandeurs d’emploi se déclarent satisfaits de l’action de Pôle emploi ». De quoi, selon eux, « relativiser le discours sur les supposées faiblesses de ce service public ».
Mais qu’en est-il des 26,6 % restants ? « Les motifs d’insatisfaction proviennent surtout de la mise en contact avec les entreprises », explique Bénédicte Brugière-Kada, qui prévoit dès cette année « l’amélioration de la rencontre entre les demandeurs d’emploi et les employeurs ». La plupart des contestations font quant à elles suite à des problèmes d’indemnisations, précise en outre la directrice départementale.
Au total, en 2018, Pôle Emploi a fourni 82 030 emplois à 65 450 personnes dans le département. Plus d’emplois que de bénéficiaires ? Ce décalage traduit une réalité : 82 % des recrutements sont des contrats de moins d’un mois. Un chiffre stable par rapport à 2017.
Et un discours inchangé de la part de la direction de Pôle emploi : « L’accès au travail se fait aussi par de l’emploi court ». « La réalité c’est que les personnes qui ne demandent que des CDI se ferment des portes », regrette Bénédicte Brugière-Kada. Même si, la directrice le rappelle, l’objectif de Pôle emploi c’est « viser du contrat long ».
Des effectifs en baisse, sauf pour le contrôle des chômeurs
Malgré un discours positif de la direction, l’année 2019 risque d’être compliquée pour Pôle emploi. Le projet de loi de finances (PLF) 2019 du gouvernement a, en effet, prévu la suppression de 800 équivalents temps pleins cette année. « En Auvergne Rhône-Alpes, c’est 34,7 équivalents temps pleins qui vont être supprimés », dénombre Bénédicte Brugière-Kada. Des baisses d’effectifs à l’origine d’un mouvement de grève, le 20 novembre dernier.
Pas de quoi réjouir les conseillers isérois qui accusent déjà « une charge de travail très importante », reconnaît la directrice territoriale. Avant d’ajouter : « Mais ils vont plutôt bien, selon les résultats des études menées auprès des salariés qui témoignent d’un indice de qualité de vie élevé. Pour un conseiller, travailler en Isère c’est positif car c’est un territoire dynamique. »
Outre la baisse des effectifs attendus, Pôle emploi doit appliquer la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, promulguée le 5 septembre dernier. Le texte prévoit notamment un renforcement du contrôle des chômeurs et un alourdissement des sanctions en cas de manquement ou de fraude.
Bénédicte Brugière-Kada relativise, là encore : « En fait, la loi prévoit un peu plus de tout : favoriser la formation, l’apprentissage, renforcer l’accès à l’emploi des handicapés… L’équipe dédiée au contrôle va passer de 43 personnes à 65 dans la région. En 2018, les radiations pour manquements ou fraudes c’est 8,5 % des inscrits à Pôle emploi Auvergne Rhône-Alpes. La loi ne va pas avoir un impact énorme, ni changer grand chose. »
L’annonce du durcissement dans un contexte de baisse des effectifs pourrait toutefois nuire à l’image du service public, qui débute une année difficile.
Jules Peyron