FIL INFO – Le démantèlement du synchrotron européen de Grenoble a commencé le 10 décembre dernier. Son objectif ? Faire place nette pour permettre l’installation de la première source de lumière synchrotron de quatrième génération à haute énergie. De quoi asseoir la suprématie de l’ESRF dans le champ mondial des grands instruments électromagnétiques au service de la communauté scientifique internationale.
Chaque jour, des composants sortent du tunnel du synchrotron européen de Grenoble (ESRF), la principale source de rayons X au monde. « Le projet “Extremely Brilliant Source” (EBS) est entré dans une nouvelle étape », explique Francesco Sette, le directeur général de l’ESRF. À savoir, celle des travaux de modernisation du grand instrument électromagnétique situé sur la presqu’île scientifique. Son objectif ? Multiplier par un facteur cent la brillance de ses faisceaux de rayons X.
Les travaux ont débuté le 10 décembre dernier par l’arrêt de la plateforme scientifique. Une étape incontournable avant qu’elle ne reprenne son activité vingt mois plus tard. C’est en effet en lieu et place de l’actuel anneau de stockage que la première source de lumière synchrotron de quatrième génération à haute énergie va pouvoir prendre vie.
« Aujourd’hui, toutes les équipes de l’ESRF sont mobilisées »
Le directeur de l’ESRF se montre confiant. « L’expertise dont nous disposons à l’ESRF est unique et nous permet de mener un projet de cette envergure », assure Francesco Sette. Preuve s’il en faut, ce sont les experts scientifiques et techniques du synchrotron qui ont eux-mêmes imaginé et développé la nouvelle séquence d’aimants nécessaires au fonctionnement de l’EBS.
N’imaginez pas que la fermeture du synchrotron soit pour autant synonyme de relâche pour ses ingénieurs et techniciens. « Aujourd’hui, toutes les équipes de l’ESRF sont mobilisées pour offrir, en 2020, à la communauté scientifique internationale cette nouvelle source de lumière », précise Francesco Sette.
La déconnexion de près de 200 km de câbles et 6 km de conduites
À l’ambitieux projet s’ajoutent de surcroît des délais pour le moins serrés. « Les équipes ont maintenant trois mois pour démanteler l’anneau de stockage historique, qui a servi la communauté scientifique internationale pendant vingt-cinq ans », indique l’ESRF. S’ensuivront trois mois supplémentaires pour préparer le tunnel, en vue de l’installation du nouvel anneau de stockage EBS. Une étape programmée courant avril 2019.
Le projet EBS représente aussi un énorme défi sur le plan humain et logistique. Ainsi, le personnel dédié va-t-il enlever plus de 1 720 tonnes de matériel en onze semaines. À cela s’ajoutent 160 poutres d’acier qui seront extraites du tunnel en utilisant l’un des trois énormes ponts roulants. Enfin, 200 km de câbles et 6 km de conduites seront déconnectés puis retirés.
À partir du mois d’avril, les équipes disposeront alors de seulement huit mois pour installer les 32 nouveaux arcs de l’anneau de stockage EBS. « Ces arcs seront constitués de 128 poutres d’acier, qui supporteront plus de 10 000 composants. Tous alignés avec une précision de quelques microns, ce qui correspond à la moitié de la largeur d’un cheveu humain », précise l’ESRF.
VM