REPORTAGE – Gilets jaunes et étudiants se sont à nouveau réunis ce lundi 10 décembre, un peu avant midi, sur le campus de Saint-Martin‑d’Hères. Objectif de leur action : bloquer les caisses des restaurants universitaires afin de garantir un repas gratuit à tous les étudiants, comme ils l’avaient fait il y a deux semaines. L’événement a peu mobilisé mais les gilets jaunes se sont félicités d’avoir permis à « 70 étudiants » de manger gratuitement.
À 11 heures, moment du rendez-vous, ils sont tout juste une quinzaine, gilets jaunes et étudiants, à se tenir prêts. Pas assez pour que tout se passe comme c’était prévu sur Facebook : entrer dans le restaurant universitaire Barnave, bloquer les caisses et laisser les étudiants passer avec leur plateau repas sans payer. D’autant plus que le Crous est prévenu, comme en témoigne la présence de vigiles devant le restaurant.
Il faut dire que les gilets jaunes ont déjà fait le coup jeudi 29 novembre au restaurant l’Intermezzo. Cette fois-là, ils étaient une centaine et avaient pu dévaliser les rayons de la cafétéria tout en gagnant quinze minutes de passage gratuit pour les étudiants du restaurant. Ils étaient beaucoup moins nombreux ce lundi midi.
Un peu déçu, Jean-Loup de Saint-Phalle, étudiant organisateur de l’événement sur Facebook, ne baisse pas les bras pour autant : « On va bloquer les caisses d’un autre restaurant ! »
« C’est Macron qui régale ! »
Le petit groupe s’engouffre dans le tram, entonne quelques chants anti-Macron puis se retrouve au restaurant Condillac. L’ambiance est bon enfant, le personnel du Crous ne s’oppose pas aux manifestants. Pendant une dizaine de minutes, les étudiants défilent avec leur plateau repas sans s’arrêter à la caisse sous les cris de « C’est Macron qui régale ! »
Derrière cette action coup de poing, des revendications qui rassemblent étudiants ou non. Antoine, 21 ans, est là pour protester « contre la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers ». « Je me bats pour mes petits-enfants », clame de son côté Nanou Martini, 61 ans : « Je veux aider ces étudiants qui ne bouffent pas. Pas question que ces gosses n’aient pas de privilèges ! »
Refoulés au bout d’une dizaine de minutes par la sécurité, les manifestants se sont ensuite rendus dans d’autres restaurants universitaires avec plus ou moins de succès, étant souvent bloqués par les vigiles. En tout, « 70 étudiants ont pu manger gratuitement grâce à nous », se félicite Jean-Loup de Saint-Phalle à la fin de la pause de midi. Dans les rangs, certains sont déçus et parlent de « semi-échec » mais tous sont prêts à « remettre le couvert » au plus vite.
Jules Peyron