REPORTAGE VIDÉO – La mobilisation des lycéens s’est poursuivie dans l’agglomération grenobloise ces jeudi et vendredi 5 et 6 décembre. Des manifestations rapidement perturbées par des débordements devant certains lycées et dans plusieurs secteurs de Grenoble.
Vitrines cassées, poubelles brûlées, forces de l’ordre visées par des projectiles, tirs répétés de gaz lacrymogènes… La journée du jeudi 6 décembre a été marquée par de nouveaux débordements et affrontements dans le centre-ville de Grenoble mais aussi aux abords de la MC2.
L’avenue Alsace Lorraine a également été le théâtre d’une scène de saccages : vitrines cassées, tables et chaises projetées sur les rails du tram… Avec, au final, quatre interpellations.
Parallèlement, de nombreux lycées ont fait l’objet de blocages avec, souvent des dégradations : Stendhal, Vaucanson, les Eaux-Claires, Louise Michel, Aristide-Bergès à Seyssinet-Pariset… ou encore Marie-Curie à Échirolles.
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© Jérémie Le Colleter – Placegrenet.fr
Un vendredi également très agité
Le mouvement lycéen s’est poursuivi sous diverses formes ce vendredi. Temps fort de la journée, une manifestation contre Parcoursup, la réforme du Bac et les classes surchargées a débuté vers midi dans le centre-ville de Grenoble. Après avoir fait le tour de la place de Verdun, les lycéens et leurs soutiens se sont rendus en direction du rectorat, place Bir-Hakeim, où ils se sont rassemblés dans le calme.
En dehors de cette manifestation pacifique, des blocages ont encore eu lieu ce vendredi aux lycées Aristide-Bergès à Seyssinet-Pariset, Vaucanson, Mounier, André-Argouges à Grenoble, mais aussi Pablo-Neruda à Saint-Martin-d’Hères. Avec de nombreux débordements : circulation perturbée, containers et poubelles renversés sur les voies du tram ou poussés contre les grilles des lycées puis incendiés, ainsi qu’un abri-bus cassé à Seyssinet-Pariset.
À Mounier, les policiers ciblés par des jets de pierre et de pétards sur l’avenue Marcelin-Berthelot, ont riposté avec des grenades lacrymogènes. Idem sur le parvis de la MC2, où une cinquantaine de personnes ont provoqué les forces de l’ordre.
La circulation a quant à elle été interrompue sur une large partie du réseau, suite à des caillassages de tramways et de bus, ainsi qu’aux conditions de circulation rendues très difficiles par les nombreuses manifestations sporadiques.
Affrontements, jets de projectiles et tirs de gaz lacrymogène ont également eu lieu à Grenoble, notamment place Victor-Hugo ou devant le lycée Champollion.
De violents affrontements dans le quartier Jean-Jaurès – Berriat
Comme les jours précédents, sur le cours Jean-Jaurès, de jeunes casseurs s’en sont pris au magasin de nourriture en libre service. Des manifestants ont aussi incendié des poubelles ou des palettes en travers des voies du tramway au niveau de l’avenue Alsace-Lorraine.
Afin de repousser ces assaillants très mobiles, les forces de police ont usé abondamment de grenades lacrymogènes, enfumant régulièrement le cours et les alentours.
La Ville de Voiron, également en proie à des affrontements
Comme la veille, Voiron n’a pas été épargnée par les manifestations. Après un rapide défilé sans slogan le vendredi matin, les lycéens ont bloqué la circulation à l’entrée de la ville dans différents points stratégiques. Avant d’investir le parvis de l’église Saint-Bruno et de bloquer complètement la circulation dans le secteur.
Les forces de l’ordre ont alors utilisé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, ce qui a entraîné quelques affrontements. Les pompiers sont ensuite intervenus pour éteindre les incendies de poubelles.
Au final, quatorze personnes ont été interpellées, principalement pour des violences et tentatives d’incendie volontaire : neuf à Grenoble, quatre à Voiron et une devant le lycée Aristide-Bergès à Seyssinet-Pariset.
Sud Éducation condamne de son côté les violences policières
« Depuis quelques jours, la jeunesse commence à s’organiser contre les réformes des voies professionnelles et générales et Parcoursup qui handicapent leur avenir. La jeunesse s’insurge contre la sélection et nous leur apportons notre soutien ! », affirme Sud Éducation-Grenoble dans un communiqué.
Avant de s’en prendre directement aux forces de l’ordre : « Une répression policière s’est acharnée sur ce mouvement afin de distiller la peur ». Et le syndicat d’évoquer « des scènes de violences répressives sur élèves et parents d’élèves » à Grenoble, mais aussi à la Côte-Saint-André, à Pont-de-Chéruy, Bourgoin-Jallieu et Chambéry.
Sud Éducation-Grenoble appelle notamment les chefs d’établissement à « prendre leurs responsabilités pour protéger les lycéen-nes et la liberté d’exprimer leur colère devant leurs lieux d’études et leur permettre de s’organiser dans ces lieux sans présence policière ».
MB, JK, JLC
La préfecture de l’Isère tente de circonscrire les débordements
Ce vendredi 7 décembre, Lionel Beffre, préfet de l’Isère, a pris plusieurs arrêtés d’interdictions temporaires applicables sur l’ensemble du département :
- interdiction de la détention et de l’usage de fumigènes, de pétards et de feux d’artifices
- interdiction de transport de carburants et combustibles
- interdiction de la détention et du transport de produits chimiques, inflammables ou explosifs
- interdiction de la détention et transport d’armes par destination
- interdiction de la consommation d’alcool sur la voie publique
Ces arrêtés sont actifs jusqu’à lundi 10 décembre.