REPORTAGE - Forte tension autour du 38 rue d'Alembert à Grenoble. Le squat, baptisé Centre social Tchoukar par le collectif qui l'occupe depuis trois ans, accueille en son sein de nombreuses activités. Des ateliers de bricolage, des projections, des concerts, des repas gratuits et une laverie solidaire… au détriment des voisins ? Un certain nombre d'entre eux dénoncent des nuisances à répétition et n'ont de cesse de solliciter les forces de l'ordre et de fustiger la municipalité grenobloise.
Samedi 10 novembre à 21 heures devant le squat du 38 rue d'Alembert de Grenoble, la tension est retombée d'un cran. Un peu plus tôt dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont procédé à de nombreux contrôles d'identité, dans la rue même ainsi que dans les ruelles adjacentes. Motif ? Une nouvelle soirée « Contre les frontières », organisée dans le local avec, au programme, des concerts et une “boom” prévue à 23 heures.
À 21 heures, seuls restent deux policiers devant les grilles du squat, où se sont rassemblées près d'une centaine de personnes, averties via SMS. Elles pourront pénétrer dans le 38 et assister normalement au concert. À 21 h 30 un calme relatif règne ainsi dans la rue. Puis à 23 heures, décrit Christine, une voisine immédiate du squat, « mes murs se sont mis à trembler jusqu'à 3 heures du matin ». « Une sono de 30 Watts », conteste le collectif du 38.
De nombreuses plaintes pour nuisances
Une scène en passe de devenir classique devant le 38 rue d'Alembert, rebaptisé Centre social Tchoukar ? Le samedi 3 novembre, c'est une Fête des morts à la mexicaine qui était interrompue par la police, cette fois de manière nettement plus musclée, avec usage de gaz lacrymogène pour permettre la mise en garde à vue d'une personne. « Sans aucune justification », clame le collectif dans un communiqué publié le lendemain.
La tension ne date pas d'hier. Depuis trois ans que les squatteurs ont pris possession des lieux, des voisins disent subir des nuisances sonores d'importance. Concerts, réunions politiques, cris d'enfants, ateliers bruyants de réparation de vélos ou d'automobiles… Les rendez-vous organisés dans le local peuvent attirer plus d'une centaine de personnes, devant ses grilles ou sur son parking, générant parfois un volume sonore élevé.
« Avant le squat, c'était un quartier paisible et tranquille. Je pensais que la Ville de Grenoble allait faire son job et intervenir, mais je n'ai jamais eu de réponse », explique Madame D., qui souhaite garder l'anonymat, quand bien même les occupants du 38 la connaissent fort bien. Des plaintes déposées par d'autres riverains vont dans le même sens. Et un comité anti-squat, créé pour l'occasion, compterait une cinquantaine de personnes.
« C'est une succession de tapages […], je veux parler de réunions politiques, de réunions massives, de concerts musicaux, d'ateliers de toutes sortes qui génèrent des nuisances telles que cela nous empêche dans tout le quartier de vivre normalement », décrit ainsi le procès-verbal d'un dépôt de plainte. « Ces agressions sonores nocturnes et diurnes empêchent tout le quartier de dormir et de vivre sereinement », en mentionne un autre. Depuis trois ans, les déménagements se multiplieraient ainsi dans le voisinage, sans que les appartements libérés trouvent preneurs.
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