FOCUS – Grenoble, ville record de la baisse des biens immobiliers ? C’est ce qui ressort d’une étude publiée par les Notaires de France : la comparaison entre le premier trimestre 2017 et le premier trimestre 2018 du prix de vente médian au mètre carré des appartements anciens montre une baisse de 6,4 % pour la capitale des Alpes. Alain Carignon monte au créneau et dénonce une « paupérisation générale de la ville »… De son côté, le président de la FNAIM Isère constate que les signes sont bien là, tout en relativisant.
Grenoble détient-elle le record national de la chute des valeurs des biens immobiliers ? C’est ce que proclame dans un communiqué Alain Carignon, en lice pour les municipales de 2020, pourfendeur acharné des politiques menées par ses successeurs à la mairie de Grenoble, Michel Destot et Éric Piolle. L’ancien ministre RPR s’appuie sur une note de conjoncture immobilière publiée fin juillet par les Notaires de France, et notamment reprise par Le Monde.
Dans cette note, qui concerne le premier trimestre 2018 comparé à celui de 2017, les Notaires de France signalent ainsi que la plupart des grandes villes de France ont vu le prix médian au mètre carré des appartements anciens augmenter. Des hausses parfois modérées (comme à Toulouse ou Montpellier) ou d’importance (à Bordeaux, Reims ou Metz).
Quelques rares villes font cependant exception et affichent une baisse au compteur. La région Auvergne-Rhône-Alpes en compte deux à elle seule : Saint-Étienne, où les appartements anciens perdent 3,3 % de leur valeur… et Grenoble, où la baisse enregistrée est de 6,4 %. Avec, tout de même, un prix au mètre carré qui se maintient à 2 040 euros. Soit sensiblement supérieur à des villes comptant une population relativement équivalente, telles Clermont-Ferrand ou Dijon.
Un « tourbillon de baisse » pour certains quartiers
Toujours est-il que la capitale des Alpes enregistre bien la plus forte baisse nationale, ce qu’Alain Carignon perçoit comme un signe de « paupérisation générale de la ville engagée depuis une quinzaine d’années ». Une « dérive » que l’ancien maire appelle à contrer en « requalifiant les quartiers par un autre équilibre entre HLM, propriétaires et activités, [en] créant des parcs et jardins, une accessibilité et une fluidité du trafic, des actions fortes pour rétablir la sécurité et la propreté ».
Le président de la FNAIM Isère (Fédération nationale de l’immobilier) Vincent Delaunois ne cache pas sa « surprise » devant le chiffre avancé par l’étude, et ceci d’autant plus qu’il ne concerne bien que la ville, et non l’ensemble de l’agglomération.
Mais l’agent immobilier n’en décrit pas moins, sur certaines zones, des biens pris « dans un tourbillon de baisse, et qui n’ont pas encore atteint le plancher ».
Par exemple ? « Je pense aux quartiers sud de Grenoble, et même les grands boulevards », nous confie encore Vincent Delaunois. Sollicités par Place Gre’net, les Notaires de France confirment que les Grands Boulevards tirent les statistiques à la baisse. Les autres secteurs concernés ? Berriat, les Eaux Claires, ou encore Patinoire Bajatière. « Dans les autres quartiers, les prix sont en légère hausse (entre 1 et 3 %) », ajoutent les notaires.
Un signe réel de paupérisation des acheteurs
Quoi qu’il en soit, Vincent Delaunois relativise : « Il faut se remettre dans le contexte des hausses vertigineuses entre 1998 et 2007. La baisse est plutôt inquiétante, mais si l’on se place sur des temps longs, nous avons eu des niveaux tellement extravagants que l’atterrissage n’est pas catastrophique… sauf évidemment pour les gens qui ont acheté au mauvais moment », estime-t-il.
Ce qui n’empêche pas le président de la FNAIM d’exprimer de l’inquiétude, en observant un signe bien réel de paupérisation des acheteurs : « Nous avons un marché plutôt porteur, et constatons toujours des baisses de prix. Si le marché était à plat, il n’y aurait pas de demande et l’offre s’effondrerait, mais l’offre continue à atterrir alors que la demande est là ». Conclusion ? « La demande a moins les moyens qu’avant », se désole Vincent Delaunois.
Reste une deuxième donnée diffusée par les Notaires de France, plus encourageante, et qu’Alain Carignon oublie (opportunément ?) de mentionner : le prix de vente médian des maisons anciennes au premier trimestre 2018 est à la hausse sur Grenoble. Il augmente ainsi de 4,2 %, se fixant à 297 000 euros, un montant très correct au regard des autres territoires.
Un bémol toutefois : contrairement aux appartements, la statistique sur les maisons anciennes concerne la ville et son agglomération. Sans compter que le parc immobilier privé de Grenoble compte en majorité… des appartements.