FOCUS – Plusieurs militants opposés à l’installation des compteurs Linky ont fait irruption dans la salle du Conseil communautaire du massif du Vercors (CMCV) pour exprimer leur inquiétude aux élus. Une sortie remarquée qui témoigne de la solidité du mouvement anti-Linky dans le Vercors.
Et si le Vercors était devenu le haut-lieu de la fronde contre le compteur électrique Linky ? La mobilisation citoyenne a, certes, une dimension nationale : plus de six cents communes ont déjà refusé ce compteur « intelligent » selon les chiffres de la plateforme Poal.
Le boîtier vert, déployé par la filiale d’EDF Enedis, doit être installé dans trente-cinq millions de foyers en France d’ici à 2021 selon la loi de transition énergétique de 2015.
Sa mise en place, cependant, fait l’objet de critiques acerbes. Linky est accusé d’être dangereux pour la santé, coûteux, intrusif du point de vue des données personnelles et même parfaitement inutile. Mais, portée à la fois par des élus et des collectifs ad hoc, la contestation semble trouver une concrétisation particulièrement vive dans le massif du Vercors.
Objectif : obtenir le report de l’installation de Linky
C’est en effet dans le Vercors, au cœur du village Autrans-Méaudre, qu’une chaîne humaine a été organisée le samedi 5 mai, dans le cadre de la journée nationale anti-Linky en France. Plus de trois cents personnes s’étaient rassemblées pour l’occasion. Spectaculaire, l’action avait été abondamment couverte par la presse nationale.
Nouvel épisode vendredi 22 juin : les militants du Collectif Fréquence Vercors, fer de lance de la résistance anti-Linky dans les environs, ont interpellé les élus au cours du Conseil communautaire du massif du Vercors (CMCV), qui rassemble les sept communes du secteur des 4 Montagnes. Avec un message : reportez l’installation des compteurs !
Une installation qui a déjà commencé à Villard-de-Lans et devrait se poursuivre en juillet dans le Vercors, d’après le calendrier d’Enedis. Dans l’agglomération grenobloise, les premiers compteurs ont été posés en 2015.
« Aller de commune en commune n’était pas la solution. Le Conseil communautaire est la seule instance qui rassemble les maires des sept communes du secteur » explique Nathalie, du Collectif Fréquence Vercors, qui déplore que les élus ne donnent « aucune nouvelle » à ce sujet.
Plus d’un millier de signatures
Témoin du soutien des habitants : une pétition forte au total de plus d’un millier de signatures, que les militants ont brandie devant les élus, et qui détaille les motifs de leur inquiétude. Une lettre a également été distribuée aux habitants, où l’on peut lire : « Nous […] refusons la pose de ces compteurs dans nos foyers. Nous considérons celle-ci comme une atteinte à notre liberté ainsi qu’à notre santé et à celle de nos enfants. »
Aux yeux de Nathalie, c’est le caractère obligatoire du compteur Linky qui est particulièrement grave. « C’est la première fois qu’on nous impose un appareil connecté à l’intérieur de notre maison », dénonce-t-elle.
Des élus difficiles à convaincre
Pour l’heure, nombre d’élus font la sourde oreille aux revendications des adversaires du boîtier vert. Le Dauphiné Libéré rapporte que l’intervention des militants du Collectif Fréquence Vercors pendant le CMCV n’a provoqué que des réactions timides.
« Y a‑t-il ici quelqu’un qui s’intéresse au dossier ou est-ce tabou ? » a interrogée désabusée l’une des activistes, Carole Revachol.
Parmi les mairies du secteur 4 Montagnes, seule celle de Saint-Nizier-du Moucherotte a délibéré contre le compteur communicant. Son maire Franck Girard l’a comparé à « un cadeau dont vous ne voulez pas mais qu’on vous refile quand même », évoquant notamment le danger sanitaire lié aux ondes. Mais il fait aujourd’hui figure de cavalier seul parmi les élus du Vercors.
Vendredi, la maire de Villard-de-Lans Chantal Carlioz a promis de « solliciter Enedis pour éclaircir certains points ». Avant, immédiatement après, de doucher les espoirs des plus optimistes : « N’attendez pas de moi une délibération contre ! », a‑t-elle prévenu.
« Personne ne prend des engagements », regrette Nathalie. L’installation des compteurs Linky dans le Vercors, pourtant, a déjà commencé.
Samuel Ravier