FOCUS – Le maire de la Ville de Grenoble Éric Piolle et son adjointe aux cultures Corinne Bernard viennent de présenter un « nouveau jalon » dans le projet du Théâtre municipal. Pour rédiger ledit projet, David Aparicio, chargé des secteurs théâtre et danse de la Ville de Grenoble et nouveau directeur artistique du Théâtre municipal, s’est entouré de la chorégraphe Julie Desprairies et de la metteuse en scène grenobloise Pascale Henry. Premiers constats.
« On s’est rendu compte que les théâtres étaient parfois en déshérence, qu’ils se cherchaient, que les lieux de rencontre étaient très pauvres, que les équipements étaient sous-utilisés… » Triste état des lieux dressé par la chorégraphe Julie Desprairies au sujet du Théâtre municipal de Grenoble.
Pourquoi le pluriel « les théâtres » ? Rappelons que, depuis septembre 2016, conformément aux vœux de la municipalité, le Théâtre municipal regroupe trois plateaux ainsi que les ateliers décor et costume : le théâtre de la rue Hector Berlioz ainsi que le Théâtre 145 et le Théâtre de Poche, tous deux situés sur le cours Berriat.
Mais quelle mouche a piqué la chorégraphe parisienne pour ainsi épingler les insuffisances de cet équipement culturel municipal ? C’est que la metteuse en scène grenobloise Pascale Henry et elle-même ont été sollicitées dans l’élaboration d’un état des lieux concernant les trois théâtres par leur nouveau directeur artistique David Aparicio, chargé des secteurs théâtre et danse de la Ville de Grenoble.
« Donner les clés de la maison aux artistes »
Côté exploitation des possibilités qu’offre l’équipement, Pascale Henry et Julie Desprairies sont d’accord pour dire : « peut mieux faire ». Le discours devient en revanche nettement plus optimiste lorsqu’elles parlent des artistes locaux rencontrés pour établir leur bilan : la metteuse en scène Émilie Le Roux, le comédien et metteur en scène Grégory Faive, le chorégraphe et danseur Bouba Landrille Tchouda, entre autres.
Les deux femmes notent une envie très visible, un engagement remarquable des équipes, une véritable qualité d’expertise. D’où leur constat, largement repris par le maire et son adjointe aux cultures lors de la conférence présentant le « nouveau projet » du théâtre municipal à la presse le 30 mai 2018 : « Il faut donner les clés de la maison aux artistes ».
Le concept est explicité dans la première version écrite du projet relatif au théâtre municipal pour les trois prochaines années par ses auteurs, David Aparicio, Julie Desprairies et Pascale Henry. « La ville n’a pas les moyens humains de repenser ces lieux, de les habiter au quotidien, de créer des événements qui les ouvrent au public, de les rénover. Si les artistes vivent dans les lieux, ils les investiront, créant une dynamique dans le quartier et ailleurs. Une direction tournante et encadrée, assortie d’un cahier des charges précis et de moyens financiers correspondants permettront aux lieux de trouver un nouvel élan. »
Cette perspective enthousiasmante semble autant soumise à la bonne volonté et à l’inventivité des artistes invités qu’aux « moyens financiers correspondants », concédés par la Ville donc.
Un équipement « municipal » qui doit plus s’ouvrir sur les autres
Si un changement de nom a été évoqué pour cet équipement pluriel, à la Ville, on est vite tombé d’accord pour dire qu’il fallait au contraire revendiquer le terme « municipal ».
Dans les prémices du projet, David Aparicio, Julie Desprairies et Pascale Henry insistent beaucoup sur le caractère « public » de l’équipement. Éric Piolle et Corinne Bernard, de même, revendiquent la nécessité d’une synergie avec les autres équipements culturels municipaux que sont la bibliothèque, le conservatoire, le musée et le muséum.
Autre point abordé dans le nouveau projet : l’accueil du public, jugé unanimement perfectible. « Les théâtres seront ouverts hors des temps de programmation. Cette ouverture suppose de repenser des espaces conviviaux dans les murs et une présence humaine disponible. »
On notera que cette « ouverture » est subordonnée aux conditions évoquées plus haut… Lors de la conférence de presse, le nouveau directeur artistique et programmateur de la salle a joué la carte de la prudence : « Nous n’en sommes qu’aux prémices. Nous vous présentons notre ambition. Il faut maintenant rédiger un cahier des charges. » Affaire à suivre.
Adèle Duminy