FOCUS – L’Université Grenoble-Alpes compte une dizaine d’étudiants ayant participé aux Jeux olympiques de Pyeongchang cet hiver, dont plusieurs médaillés. Un hommage leur a été rendu ce jeudi 24 mai lors d’une cérémonie organisée sur le campus de Saint-Martin-d’Hères.
L’Université Grenoble-Alpes, paradis pour sportifs de haut niveau ? Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les noms des médaillés olympiques de Pyeongchang au mois de février 2018. Le constat a de quoi surprendre : des quinze athlètes français titrés en Corée du Sud, six étaient étudiants ou jeunes diplômés de l’UGA. Soit 40 % de l’ensemble des médaillés.
Le mois suivant, aux Jeux paralympiques, deux nouveaux étudiants grenoblois ont décroché un podium. Au total, ils sont dix-huit à avoir participé aux Jeux olympiques ou paralympiques cet hiver.
Ces étudiants triomphants ont été célébrés jeudi 24 mai par leur université qui a organisé une cérémonie en leur honneur, en présence de nombreux représentants de la Communauté universitaire ou de la région Auvergne-Rhône-Alpes. À l’intérieur du gigantesque amphithéâtre Louis Weil, les athlètes se sont vu remettre des trophées en récompense de leurs exploits sportifs. Ils ont témoigné à cette occasion de leur condition d’étudiant sportif de haut niveau.
Un dispositif d’accompagnement à nul autre pareil
Mais pourquoi diable le campus de Saint-Martin-d’Hères abrite-t-il tant de sportifs victorieux ? Cela ne relève pas du hasard. L’Université Grenoble-Alpes a mis en place le Comité inter-universitaire du sport de haut niveau. Composé de l’Université Grenoble-Alpes, de l’Institut d’études politiques, de l’école d’ingénieurs INP et de l’école d’architecture (Ensag), il rassemble quatre cents étudiants inscrits dans des parcours divers et variés.
Un dispositif d’accompagnement des étudiants sportifs de haut niveau à nul autre pareil, à en croire Philippe Giroud, en charge de ce programme. « Il n’y a qu’à Grenoble que cela se passe », nous a‑t-il confié, observant qu’il existe « des initiatives ailleurs, mais [qu”]elles ne sont pas aussi développées ».
Permettre aux sportifs de choisir leur parcours
Au cœur du programme d’accompagnement : la possibilité pour les étudiants de choisir leur filière d’études. Dans nombre d’universités françaises, les bacheliers décident d’une filière en fonction des aménagements accessibles pour les sportifs de haut niveau, explique Philippe Giroud. « À Grenoble, le choix du parcours est un préalable », revendique-t-il.
Des mesures génériques sont aussi prévues au cas par cas pour permettre aux étudiants de passer les cours et les partiels dans de bonnes conditions. Enfin, une centaine d’enseignants jouent le rôle de tuteurs pour accompagner les sportifs désireux d’obtenir des aménagements.
Ce dispositif a permis à quelques jeunes étudiants de devenir de véritables champions. Parmi tous les sportifs présents ce jeudi à l’amphithéâtre Louis Weil, un ressort particulièrement du lot : Maurice Manificat. Né à Sallanches, en Haute-Savoie, et diplômé de biologie – il a obtenu sa licence en 2011 –, Manificat est une figure majeure du ski de fond français. Médaillé de bronze sur le relais lors des Jeux olympiques de Sotchi (Russie) en 2014, il a décroché deux nouveaux podiums à Pyeongchang : le bronze en sprint par équipes et le bronze sur le relais.
Marie Dorin, elle, a été sacrée sur le relais biathlon mixte et a terminé troisième sur le relais 4 × 6 kilomètres. Pierre Vaultier, qui était absent lors de la cérémonie, est devenu champion olympique de snowboard cross, alors même qu’il termine sa licence de géographie. Anaïs Bescond a été couronnée d’or en biathlon, Justine Braisaz a accroché le bronze, Anaïs Chevalier aussi… La liste est longue.
À l’UGA, « la culture du sport de haut niveau »
Âgé de vingt-huit ans, Romain Heinrich participait à ses deuxièmes Jeux olympiques. Il est bobbeur (pratiquant de bobsleigh) et son parcours suscite l’admiration. Diplômé de l’INP en 2012 après deux ans dans une classe préparatoire de mathématiques à Strasbourg, il a ensuite obtenu un Master à l’Institut d’administration des entreprises de Grenoble (IAE). Aujourd’hui, il est sur le point de signer un contrat de travail pour devenir ingénieur. Il s’agit d’un contrat à mi-temps, un peu singulier : une Convention d’insertion professionnelle pour sportifs de haut niveau.
Études de haut niveau et sport de haut niveau, on imagine un emploi du temps surchargé et un rythme irrespirable. Mais Romain Heinrich ne se plaint pas : « Je n’ai pas vécu ça comme contraignant », assure-t-il. Et celui-ci de louer la « culture du sport de haut niveau » de l’Université Grenoble-Alpes, grâce à laquelle il a pu de concert mener à bien ses différents objectifs. Les résultats obtenus par les bénéficiaires du statut sportif de haut niveau semblent le confirmer.
Samuel Ravier