FOCUS – Promu cette saison en Nationale masculine 3, le cinquième échelon français, le Grenoble Basket 38 a décroché le maintien, son objectif, à deux journées de la fin du championnat. Ce club, qui mise sur la formation, souhaite se stabiliser dans cette division, faute de moyens financiers lui permettant de jouer à un niveau supérieur pour le moment.
Contrat rempli. Monté en Nationale masculine 3 (NM3), le Grenoble Basket 38 a réussi à se maintenir dans la cinquième division française. Un maintien acquis alors qu’il reste encore deux matchs de championnat à disputer.
« L’objectif est rempli avec la manière », se félicite Robin Panisset, le capitaine de l’équipe. « Nous avons été bons à domicile [une seule défaite, contre La Ravoire-Challes, ndlr], ce qui nous a permis d’assurer le maintien “le plus vite possible”. »
« Nous sommes tombés dans une poule homogène où tout le monde battait tout le monde », précise Alain Recoura, l’entraîneur. « Les deux derniers ont gagné contre Aix-Venelles, l’équipe qui va monter. Nous qui sommes cinquièmes, aussi. Nous avons pour le moment dix victoires. En temps normal, il y a bien longtemps que nous aurions dû être maintenus. »
Pour Alain Recoura, « la satisfaction vient du fait que nous sommes montés [de Pré-nationale, ndlr] avec des joueurs qui, globalement, ont assuré le maintien cette saison. C’est bien pour eux. Je pensais qu’ils avaient le niveau pour jouer en NM3. Ils l’ont prouvé. Maintenant, il faut qu’ils franchissent un petit cap, histoire de chercher un peu plus de victoires à l’extérieur. »
L’entraîneur Alain Recoura va passer la main
Les Grenoblois ne l’ont emporté qu’une fois cette saison en déplacement, à Lorgues. Sur leurs six dernières rencontres loin du centre sportif Hoche, cela s’est joué à trois points d’écart maximum à chaque fois. « Ce n’est pas un hasard si nous perdons tant de matchs de peu à l’extérieur. L’équipe manque de maturité », analyse l’entraîneur. « Sur l’ensemble d’un match à l’extérieur, il ne faut pas avoir de trous, or nous avons des absences qui nous coûtent un peu. »
Les basketteurs grenoblois auront une dernière occasion d’améliorer ces statistiques à Bandol le 14 avril. Mais la priorité est de bien terminer la saison au centre sportif Hoche, samedi 7 avril (20 heures), face à Hyères-Toulon. « Nous avons envie de garder cette bonne série de victoires à domicile, de finir la saison en beauté et de fêter ce maintien avec le public », indique Robin Panisset.
Ce sera sans doute un moment un peu particulier pour Alain Recoura. Il dirigera les seniors pour la dernière fois à domicile. Après deux ans à leur tête, il nous a confié avoir décidé d’arrêter à la fin de cette saison. Il souhaite retourner s’occuper de jeunes. « Je ne voulais pas laisser les joueurs sur une descente. Cela m’aurait vraiment embêté. »
Ne pas “vendre” un projet irréaliste
Quid de la saison prochaine ? Le Grenoble Basket 38 a‑t-il les moyens de monter en Nationale masculine 2 (NM2) et ensuite de s’y maintenir ? Le président François Charmoillaux répond par la négative. « Nous voulons jouer les places du haut [en NM3, ndlr], bien sûr, mais avec l’effectif et les moyens que nous avons [160 000 euros de budget], je ne vise pas la NM2, sinon je passe pour un con », dit-il sans ambages.
Il précise que « le risque est de vendre aux joueurs de l’extérieur des projets irréalisables et qu’après ils nous plantent [départs en cours de saison, ndlr]. Je n’ai pas des ambitions réduites mais réalistes par rapport aux moyens dont nous disposons. L’équilibre est encore fragile. J’ai d’abord besoin de consolider mes bases en jeunes et associatives. »
Créé en 2003, le club est jeune. Il doit se structurer davantage et se stabiliser. Or sportivement et financièrement, il existe un fossé entre la NM3 et la NM2, division où les joueurs sont payés.
« Je pense que la NM3 est le niveau limite de la structure actuelle », estime aussi Alain Recoura. « Jusque-là, c’est quand même un peu du bricolage. Aujourd’hui, nous avons une petite génération de joueurs qui permet d’avoir des résultats. Nous profitons du fait que Grenoble est une grosse ville étudiante pour récupérer des joueurs. Certains restent, d’autres non. Il faut jongler avec ça, mais ça a ses limites. »
« Nous nous mettons à intéresser le Grenoblois, pas que le basketteur »
François Chamoillaux est conscient de ces limites. Le projet est de miser sur la formation des jeunes pour que, dans quelques années, la plupart évoluent en NM3 à Grenoble. « Nos gamins qui ont treize, quinze, dix-sept, vingt ans aujourd’hui, je veux que ce soient eux qui jouent en Nationale masculine 3. Dans l’équipe actuelle de NM3, ce sont des purs produits de la formation de clubs : certains de chez nous, d’autres non. Ce ne sont pas des martiens, nous n’avons pas d’Américains, etc. »
Il y a une volonté de faire que le public et les jeunes du club s’identifient au Grenoble Basket 38. « La NM3, c’est la vitrine, c’est ce qui fait parler du club. Par contre, ce qui fait que les gens s’y attachent à terme, c’est la proximité. De l’équipe une, il y a quatre ou cinq joueurs qui entraînent les jeunes. Du coup, ces derniers s’identifient beaucoup plus facilement. Je veux capitaliser sur ça. C’est possible de le faire », explique François Chamoillaux.
Déjà, la montée en NM3 a eu des effets positifs cette saison. En moyenne, 200 à 300 personnes viennent assister aux matchs. « Nous nous mettons à intéresser le Grenoblois, pas que le basketteur. Nous commençons à avoir des supporteurs, des gens qui ne sont pas du club », se réjouit le président.
Actuellement, le Grenoble Basket 38 est le seul club du comité de l’Isère de basket-ball à figurer en championnat de France masculin. Il pourrait être rejoint la saison prochaine par Domène, en lice pour l’accession en NM3. Ce serait l’occasion d’assister à un beau derby au centre sportif Hoche qui, à n’en pas douter, attirerait les foules.
Laurent Genin