REPORTAGE VIDÉO – Une trentaine d’employés de Carrefour adhérents de la CGT se sont mobilisés devant l’hypermarché Carrefour Meylan ce samedi 10 février. Objectif : sensibiliser la clientèle au plan choc concocté par Alexandre Bompard, PDG du groupe. « Un vaste plan social déguisé », selon la CGT, menaçant des milliers d’emplois dans le pays. Notamment à travers la restructuration des hypermarchés, entrepôts et sièges, la mise en location-gérance des établissements ou encore la fermeture de magasins.
« Vous faites vos courses dans cette enseigne sans savoir que Carrefour est un groupe qui a cumulé 980 millions d’euros de bénéfices et distribué 400 millions d’euros à ses actionnaires », harangue au micro de la sono Franck Clet, le secrétaire fédéral CGT commerce, services et distribution.
Autour de lui, devant l’entrée, une trentaine d’employés de Carrefour Meylan se sont rassemblés ce samedi 10 février dans le cadre du « mois national de colère ». Une manifestation organisée à l’appel de la section syndicale CGT de l’hypermarché meylanais et de différentes autres entités* de la CGT.
Un plan choc menaçant de nombreux emplois dans tout le pays
En cause, l’annonce du plan choc d’Alexandre Bompard, l’ex-PDG de Fnac Darty désormais à la tête du groupe Carrefour depuis juillet 2017. Que craignent les syndicats et les salariés de l’enseigne ? La perte de très nombreux emplois par la restructuration des hypermarchés, entrepôts et sièges, la mise en location-gérance des établissements tels les hypermarchés, supermarchés ou les commerces de proximité de l’enseigne, tout autant que par la fermeture de magasins.
Retour sur cette matinée de mobilisation à laquelle peu d’employés de Carrefour Meylan se sont joints, craignant peut-être des retours de bâton de leur hiérarchie.
Reportage Joël Kermabon
« Un vaste plan social déguisé pour renflouer les actionnaires »
Cette restructuration est « un vaste plan social déguisé destiné à supprimer à terme des milliers d’emplois sur tout le pays », estime la CGT qui ne décolère pas. L’organisation syndicale redoute ainsi la suppression de 2 100 postes par le biais de la revente ou de la fermeture des anciens magasins Dia rachetés en 2014. Auxquels s’ajoutent 2 400 postes sur le siège social, 1 000 postes dans les stations essence et les pools comptabilité – réception en magasin et plus de 1 000 postes par la mise en location-gérance de cinq premiers hypermarchés.
Soit à terme, sur quatre ans, près de 10 000 emplois dans la balance. Une « casse sociale », renchérit la CGT. La centrale syndicale a sa petite idée sur les raisons de ces restructurations. « Tout ça pour continuer à renflouer les poches déjà bien pleines d’une minorité de gros actionnaires ! », s’emporte le syndicat.
Les syndicalistes affirment ne pas comprendre. « Carrefour ne va pas mal, bien au contraire », affirment-ils. Outre les bénéfices engrangés et les dividendes distribués, le groupe « a aussi touché des millions d’euros d’aides publiques au titre du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et des millions d’euros d’exonérations de cotisations patronales », s’offusque le syndicat.
« Refaire de Carrefour de vrais commerçants au service des clients »
La CGT l’affirme, elle ne peut rester inactive face à ce qu’elle estime être « une attaque d’ampleur ». Ce qu’elle revendique ? L’arrêt immédiat de tous les projets destructeurs d’emplois et l’ouverture immédiate de négociations au niveau du groupe pour mettre en place un statut collectif unique Groupe Carrefour (franchise et location-gérance comprises).
Autre exigence : des embauches importantes et immédiates afin de mettre fin « à la souffrance au travail liée au manque d’effectifs ». Tout autant que des moyens suffisants et nécessaires dans les magasins pour « refaire de Carrefour de vrais commerçants, au service des clients et non des financiers ».
On pourrait s’étonner que seule la CGT soit montée au créneau. Pourquoi ne voit-on pas les autres centrales syndicales se joindre à la mobilisation ? « Carrefour est un groupe puissant. Il y a des volets sur lesquels pas beaucoup [de syndicats, ndlr] vont aller. Pour ce qui nous concerne, la CGT est une organisation de terrain qui assume ses responsabilités pour défendre les intérêts des travailleurs. Il nous semblait important d’aller vers cette logique de rencontre vis-à-vis de la clientèle avec tous les risques que cela fait peser », explique Franck Clet.
Joël Kermabon
* Le collectif CGT Groupe Carrefour, l’union départementale CGT Isère, l’union locale CGT de Grenoble et la Fédération CGT commerces, services et distribution.