Défilé modeste mais remar­qué à Grenoble contre le Plan étudiant

Défilé modeste mais remar­qué à Grenoble contre le Plan étudiant

REPORTAGE – Environ 250 étu­diants et lycéens ont mani­festé du cam­pus au rec­to­rat de Grenoble, ce mardi 6 février, pour dénon­cer le Plan étu­diant du gou­ver­ne­ment. Une mobi­li­sa­tion plu­rielle, réunis­sant notam­ment Solidaires, Unef et CNT, qui a ensuite rejoint les rangs des syn­di­cats ensei­gnants pour battre le pavé grenoblois.

« Les études c’est vital, on est contre la loi Vidal ! », « Ouvrez les uni­ver­si­tés, c’est les patrons qu’il faut virer ! » ou encore « Ni Dieu, ni maître, ni sélec­tion ! »… Les slo­gans fusent sans répit dans cette mani­fes­ta­tion des lycées et étu­diants, réunis ce mardi 6 février pour s’op­po­ser au Plan étu­diant du gou­ver­ne­ment. Un pro­jet porté par la dépu­tée Frédérique Vidal, qui doit s’ap­pli­quer dès la pro­chaine ren­trée scolaire.

Environ 250 étudiants ont manifesté à Grenoble contre le Plan étudiant et la sélection à l'entrée de l'université. Un défilé modeste mais remarqué.Du campus au rectorat © Florent Mathieu - Place Gre'net

Marche du cam­pus au rec­to­rat © Florent Mathieu – Place Gre’net

Si la mobi­li­sa­tion ne passe pas inaper­çue, elle demeure modeste : envi­ron 250 per­sonnes com­posent le cor­tège, qui s’é­lance de la gale­rie des Amphis, sur le cam­pus, pour rejoindre le Rectorat. D’autres orga­ni­sa­tions syn­di­cales, d’en­sei­gnants celles-ci, les y attendent… une demi-heure plus tard. Autant dire que le tempo de la mani­fes­ta­tion est sou­tenu, au rythme notam­ment des Béruriers noirs que cra­chote le haut-par­leur de la Confédération natio­nale du tra­vail.

Environ 400 per­sonnes ont battu le pavé

Les dra­peaux noirs des anar­chistes de la CNT côtoient ceux de Solidaires, de l’Unef, du Mouvement des jeunes com­mu­nistes ou de la CGT. Ils rejoin­dront ceux de la FSU ou de FO, devant le rec­to­rat, pour for­mer un cor­tège au com­plet d’en­vi­ron 400 per­sonnes. Sans tou­te­fois réus­sir à ral­lier les lycéens de Champollion à sa cause.

Joris Rouillon de l'Unef veille parmi d'autres à la bonne marche de la manifestation © Florent Mathieu - Place Gre'net

Joris Rouillon de l’Unef veille parmi d’autres à la bonne marche de la mani­fes­ta­tion. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Le sens de cette mobi­li­sa­tion ? « Le Plan étu­diant n’est pas du tout satis­fai­sant et nous inquiète énor­mé­ment », explique Joris Rouillon de l’Unef. Pour le syn­di­ca­liste, la loi Vidal a trois objec­tifs : « Empêcher les lycéens d’en­trer à l’u­ni­ver­sité, les empê­cher de réus­sir en remet­tant en cause cer­tains droits comme la com­pen­sa­tion ou le rat­tra­page, et cas­ser le diplôme au niveau natio­nal en créant des licences à deux vitesses ».

Des vœux pour accé­der à l’en­sei­gne­ment supérieur

Ce sont de loin les nou­velles moda­li­tés d’ac­cès à l’u­ni­ver­sité qui choquent le plus les mani­fes­tants : les lycéens devront éta­blir une liste de vœux pour leur orien­ta­tion. Un dis­po­si­tif qui repré­sente une « accen­tua­tion des inéga­li­tés sociales, qui passe par les inéga­li­tés sco­laires », estime Benjamin Moisset de Sud Éducation.

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« On avait le bac­ca­lau­réat qui était le pre­mier diplôme uni­ver­si­taire et don­nait accès aux études supé­rieures. Aujourd’hui, c’est une remise en cause puis­qu’il faut mettre en place un dos­sier pour prou­ver son par­cours, qui peut être refusé en amont par le lycée puis par l’u­ni­ver­sité », dénonce ainsi Benjamin Moisset. Faisant remar­quer que les éta­blis­se­ments s’a­daptent déjà à cette réforme, avant même sa promulgation.

Les listes de vœux inquiètent tout autant Gwenaël, membre de la CGT des éta­blis­se­ments d’en­sei­gne­ment supé­rieur et de recherche (Ferc Sup). Ce pro­fes­seur d’in­for­ma­tique décrit les « dix mil­lions de dos­siers qui vont arri­ver natio­na­le­ment » et l’ab­sence de moyens humains pour les trai­ter. « Et mon métier, ce n’est pas de trier les bache­liers qui arrivent pour savoir qui a le droit d’ac­cé­der à des études supé­rieures ! », ajoute-t-il.

« Un inves­tis­se­ment mas­sif pour l’en­sei­gne­ment supérieur »

Que reven­diquent les syn­di­cats, outre le retrait du Plan étu­diant ? « Un inves­tis­se­ment mas­sif pour l’en­sei­gne­ment supé­rieur », répond Joris Rouillon. Pour le mili­tant Unef, le gou­ver­ne­ment devrait inves­tir un mil­liard d’eu­ros par an pour « rendre le modèle viable », soit cinq mil­liards sur le quin­quen­nat. « Exactement le même mon­tant que ce qui a été accordé aux plus riches avec la sup­pres­sion de l’ISF ! »

Devant le Rectorat de Grenoble, sous bonne garde policière © Florent Mathieu - Place Gre'net

Devant le Rectorat de Grenoble, sous bonne garde poli­cière © Florent Mathieu – Place Gre’net

Pour Benjamin Moisset, la ques­tion des bud­gets relève de la « construc­tion poli­tique » : « On sait que la démo­gra­phie des lycéens aug­mente, et en rédui­sant les finan­ce­ments, on pose de fait un pro­blème d’en­ton­noir d’ac­cès à l’u­ni­ver­sité. »

Et pas ques­tion de par­ler de lutte contre la sur­qua­li­fi­ca­tion. « Que plein de gens dans le pays aient un diplôme c’est une bonne nou­velle, ça veut dire que la popu­la­tion est très qua­li­fiée. Le pro­blème n’est pas la sur­qua­li­fi­ca­tion, mais la sous-uti­li­sa­tion des qua­li­fi­ca­tions pré­sentes ! », conclut Gwenaël côté CGT.

FM

Florent Mathieu

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