En appelant ses confrères de la Communauté de communes Saint-Marcellin Vercors-Isère à cesser de lui faire la bise, la maire de Morette Aude Picard-Wolff a lancé un débat de société qui a rapidement gagné les médias nationaux… jusqu’à toucher nos voisins britanniques, américains ou même chinois.
Comment porter une attention internationale sur un petit village isérois de moins de 500 habitants ? En signant une tribune pour remettre en cause la pratique du baiser pour se saluer entre hommes et femmes. C’est du moins ce qui s’est passé lorsque la maire de Morette, Aude Picard-Wolff, a fait valoir auprès de 73 élus qu’elle ne souhaitait plus les embrasser pour leur dire bonjour.
Car l’élue EELV (Europe-écologie les Verts) est également conseillère communautaire à la Communauté de communes Saint-Marcellin Vercors-Isère. C’est donc à ses 73 collègues qu’elle a annoncé son refus du baiser de rigueur, jugé intime mais aussi typique d’une forme d’inégalité entre hommes et femmes. Le tout assorti d’une demande de réflexion sur le sujet adressée au président de la Communauté de communes Frédéric De Azevedo.
Le débat porté jusque dans les médias internationaux
L’appel a été suivi d’un article en pleine page du Dauphiné libéré du 17 décembre 2017, qui allait porter le sujet bien au-delà de la scène médiatique locale. « La bise au travail est-elle sexiste ? », se demande ainsi le magazine Elle, tandis que Le Parisien met en avant des questions sanitaires en se demandant si la pratique de la bise permet la propagation des maladies.
France Info, RTL, Capital… Chacun s’empare du sujet, avec pour point de départ la tribune de la maire de Morette. Si les élus de Boulogne-sur-Mer entendent défendre cette pratique, le débat dépasse le cadre national pour intéresser à l’étranger. « Mort au French Kiss* ? », s’interrogent ainsi nos confrères britanniques du Telegraph, secondés encore par Mail Online.
La radio publique américaine NPR (National public radio) n’hésite pas, pour sa part, à faire un parallèle entre les scandales récents de harcèlement sexuel et la pratique de la bise à la française. Et le site China Daily se penche également sur la controverse avec pédagogie, indiquant à ses lecteurs qui n’existe aucune « loi » contraignant les femmes à embrasser les hommes, mais qu’elles se « sentent automatiquement obligées de donner et de recevoir la bise de tout le monde ».
FM
* Avec une volonté ironique, le French Kiss (« baiser français ») ne désignant pas la bise, mais le baiser amoureux avec implication linguale. Ou, comme chantait Brassens, « un baiser pour de bon, un baiser libertin, un baiser sur la bouche, enfin bref, un patin ».