FOCUS – Une route solaire productrice d’énergie photovoltaïque connectée à une flotte de vélos à hydrogène et à une station de recharge de véhicules électriques. Telle est la nouveauté que Grand Chambéry et Chambéry-Grand Lac économie ont inauguré en première mondiale, le mercredi 20 décembre. Une initiative répondant aux objectifs fixés par le plan régional Zero Emission Valley (ZEV), qui vise au déploiement d’une filière hydrogène d’excellence sur le territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes.
La toute nouvelle agglomération Grand Chambéry sera la pilote de la mobilité hydrogène en Auvergne-Rhône-Alpes… et même en Europe. C’est en tout cas ce qu’a annoncé le président de région Laurent Wauquiez, le mercredi 20 décembre, lors de l’inauguration d’une première mondiale lancée par Chambéry-Grand Lac économie. À savoir, une route solaire produisant de l’énergie photovoltaïque… à destination d’une flotte de vélos. Au nez et à la barbe de Grenoble ?
Une fois réinjectée sur une station de production d’hydrogène, cette énergie verte et 100 % renouvelable permettra en effet de recharger quinze vélos hydrogène à assistance électrique, ainsi qu’une borne de recharge de véhicules électriques.
L’objectif ? Proposer des solutions de mobilité propres et alternatives afin de booster la filière hydrogène sur le territoire régional. Un défi que Chambéry-Grand Lac économie partage, avec un certain succès, avec la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont le programme Zero Émission Valley (cf. encadré) vient de remporter l’appel à projet européen Blending call 2017.
L’occasion, pour Laurent Wauquiez, de consacrer « la Savoie, et en particulier Chambéry », comme terrains pilotes pour le déploiement de l’énergie hydrogène bien au-delà des limites régionales.
« Un réseau innovant et intelligent de production d’énergie »
Fruit d’une synergie public-privé, la réalisation d’« un réseau innovant et intelligent de production d’énergie » sur le périmètre de Grand Chambéry s’inscrit dans le cadre du projet Chargo, dont le syndicat mixte Chambéry-Grand Lac économie est le principal promoteur.
Parmi ses partenaires, outre Grand Chambéry et les communes d’Aix-les-Bains, de Chambéry, de La Motte Servolex et du Bourget-du-Lac, on compte également la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Ademe, et l’Institut national de l’énergie solaire (CEA/Ines).
Côté industrie, quatre entreprises du territoire se sont engagées dans cette initiative. En l’occurrence, Sodexo, la Société d’aménagement de la Savoie, Hygie Solaire ou encore le Crédit agricole des deux Savoie.
Des vélos à hydrogène alimentés par une route solaire
Le résultat de cette collaboration ? Une expérimentation s’étalant sur trois ans, au cours desquels les différents partenaires mettront à disposition des salariés de diverses entreprises une quinzaine de vélos à hydrogène pour qu’ils puissent les tester à l’usage… tout en en découvrant les avantages.
De fait, en plus « d’utiliser une source d’énergie renouvelable », ces deux roues à assistance électrique hydrogène ont une autonomie de 100 km et un temps de recharge inférieur à deux minutes, contre deux à trois heures de rechargement pour un vélo à hydrogène classique. Sans compter qu’au niveau sonore ils ne font presque pas de bruit.
« Les vélos […] seront destinés principalement aux trajets domicile-travail, mais aussi aux déplacements professionnels des utilisateurs » explique Chambéry-Grand Lac économie dans un communiqué de presse. Avant de préciser ses objectifs : « Proposés pour partie à la location, ils [les vélos, ndlr] pourraient concerner progressivement une centaine d’usagers réguliers sur le territoire. »
Côté avitaillement, la start-up savoyarde Atawey se chargera d’équiper et gérer deux bornes de rechargement, qui seront installées dans le parc d’activité Savoie Technolac et à Chambéry. La station de Chambéry fonctionnera par approvisionnement de bouteilles d’hydrogène, tandis que celle à électrolyseur de Savoie Technolac « sera alimentée en énergie photovoltaïque grâce à 80 m2 de route solaire ».
« Innovation française brevetée au terme de cinq années de recherches menées par Colas, leader mondial de la route, et l’Ines », la route solaire Wattway assure en effet la production d’une énergie renouvelable et propre à travers l’intégration de centrales photovoltaïques en chaussée routière.
Une solution de mobilité écologique, mais encore coûteuse
Ce sont là autant d’actions permettant de « tester le mode de fonctionnement le plus intéressant, tant au niveau économique que technique », souligne Chambéry-Grand Lac économie. Qui détaille : « Côté coûts, le vélo à hydrogène revient à 8 000 euros (avec une tendance à la baisse au fil de l’industrialisation), la station électrolyseur (production d’hydrogène) à 110 000 euros environ et celle dispenser (recharge de bouteille d’hydrogène) à 75 000 euros. » Par comparaison, un vélo en location peut couter jusqu’à 4 000 euros /an pour une collectivité.
Solution de mobilité écologique encore en phase d’expérimentation, le vélo à hydrogène permettra-t-il de donner un coup de pouce à la lutte contre le réchauffement climatique ? Grâce à la mise en place du projet Chargo et au déploiement du plan régional Zero Emission Valley, l’agglomération Grand Chambéry pourra sans doute répondre à cette question d’ici trois ans.
Giovanna Crippa
Un plan régional pour déployer une filière hydrogène d’excellence
Le mercredi 20 décembre, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, se félicitait avec Xavier Dullin, président de Grand Chambéry et de Chambéry-Grand Lac économie, Michel Dantin, maire de Chambéry et député européen, ainsi que d’autres élus savoyards pour ses initiatives en faveur de la transition énergétique.
Avec le plan régional Zero Emission Valley (ZEV), ces collectivités prévoient de déployer « un parc de 1 000 véhicules à hydrogène, 20 stations de recharge à hydrogène et 15 électrolyseurs ». Entendez par là des équipements permettant de produire l’énergie à partir de l’eau et de l’électricité.
S’étalant sur une période de dix ans, ce programme ambitieux pourra mobiliser quelque 70 millions d’euros, dont 10 millions d’euros de fonds européens. La région Auvergne-Rhône-Alpes investira, pour sa part, jusqu’à 15 millions d’euros sous forme de subventions ou de prise de participation.
« Les élus et acteurs économiques de Savoie ont d’emblée fait part de leur intention de participer pleinement aux expérimentations qui naîtront du projet Zero Émission Valley, au côté de la Région Auvergne-Rhône-Alpes », souligne Chambéry-Grand Lac économie dans son communiqué. Plusieurs entreprises se sont en effet déjà associées à cette initiative. Parmi celles-ci, Engie, Michelin et un acteur local comme Atawey, « une start-up de Savoie Technolac qui développe la technologie hydrogène dans les environnements les plus exigeants ».