FOCUS – La soixantaine de demandeurs d’asile hébergés sur le campus depuis le 5 décembre ont finalement obtenu l’accord de la présidence de l’Université Grenoble Alpes, ce jeudi 21 décembre : le Patio restera ouvert durant les vacances. Une décision accueillie avec soulagement par les occupants du bâtiment, censés quitter les lieux le 22 décembre à l’origine.
Migrants et militants avaient occupé l’amphithéâtre G le 4 décembre, avant d’être hébergés au bâtiment Le Patio, le lendemain, sur proposition de la présidence de l’UGA. © Manuel Pavard – Place Gre’net
« C’est la fête ce soir, on est contents », s’exclame une résidente du Patio, la voix couverte par la musique et les vivas. Pour elle comme pour la soixantaine d’occupants du bâtiment de l’Université Grenoble-Alpes (UGA) – pour la plupart demandeurs d’asile -, ce sursis de deux semaines a des allures de semi-victoire.
Depuis leur arrivée dans les lieux, le 5 décembre, au lendemain de l’occupation de l’amphi G, ces derniers connaissaient en effet les règles du jeu, fixées dès le départ par la présidence de l’UGA : le Patio devrait être libéré le 22 décembre au plus tard, date de la fermeture de l’Université pour les vacances.
Un compte à rebours particulièrement stressant, d’autant que les négociations entre les trois parties (préfecture, Université et collectif mêlant migrants et militants) semblaient s’enliser ces derniers jours. Lundi, une délégation de sept résidents exilés, accompagnés d’un membre de la Cimade, avait ainsi été reçue par le sous-préfet, sans résultats probants : celui-ci ne proposait que la mise à disposition de gymnases fermés la journée, dans le cadre du plan grand froid. Et dans le même temps, la préfecture et l’UGA se renvoyaient la balle concernant la responsabilité d’une expulsion à compter du 22 décembre.
Les représentants de l’Université sont venus à l’assemblée générale
Mais tout s’est finalement accéléré ce jeudi après-midi, au lendemain de la réunion entre les représentants de la préfecture et de l’Université. Patrick Levy, président de la Comue (Communauté d’universités et établissements), Lise Dumasy, présidente de l’Université Grenoble Alpes, et Joris Benelle, directeur général des services de l’UGA, sont venus à l’assemblée générale des résidents du Patio, afin de poursuivre les négociations et rendre compte de la rencontre en préfecture.
L’entrée du Patio, qui accueille depuis le 5 décembre une soixantaine de personnes, pour la plupart des demandeurs d’asile accompagnés d’une poignée de militants associatifs. © Le Patio Solidaire
La suite est racontée par Nicolas, membre de la Patate Chaude (l’une des associations soutenant l’action des migrants) : « Ils nous ont dit que le préfet leur avait garanti que les gymnases pourraient rester ouverts toute la journée, jusqu’à la fin de la trêve hivernale, et sans contrôles d’identité. » Une première avancée qui n’a toutefois pas complètement rassuré les réfugiés.
« L’absence de contrôles a été jugée peu crédible, poursuit Nicolas, les gens n’étaient pas vraiment en confiance. L’Université a insisté pour qu’ils acceptent cette solution mais les demandeurs d’asile avaient toujours peur pour leur situation administrative. On les a donc avertis qu’une bonne partie des gens refuseraient les gymnases et préféreraient rester au Patio. »
« Aucune intervention policière demandée »
« Au début, continue le militant, ils nous ont répété qu’ils ne voulaient pas que le Patio reste ouvert. Et finalement, à force de négocier, ils ont fini par dire OK, qu’on pouvait rester au Patio si c’était la volonté des demandeurs d’asile et si ceux-ci refusaient la proposition des gymnases. » « Et ils nous ont assuré qu’aucune intervention policière ne serait demandée », se félicite un résident du Patio.
Les résidents du Patio ont pu bénéficier depuis leur arrivée d’un répit bienvenu, après des semaines, voire des mois, à dormir dehors. © Le Patio Solidaire
La nouvelle a d’ailleurs été confirmée en fin d’après-midi, lorsque les membres de la présidence sont « repassés au Patio pour s’assurer d’un certain nombre de choses, ajoute Nicolas : qu’il y ait bien des extincteurs, des vigiles disponibles, un numéro d’urgence pour joindre un gardien… »
Si la présidence de l’UGA ne communiquera officiellement que ce vendredi sur le sujet, du côté des résidents du Patio, la proposition a été validée à l’unanimité. « Tout le monde est chaud pour rester pendant les vacances, indique un occupant. On verra en janvier pour la suite mais le plus urgent était de garantir une mise à l’abri immédiate. C’est chose faite ! »
Le collectif maintient néanmoins le rassemblement prévu ce vendredi midi devant le Patio, autant pour célébrer cet accord que pour « rester mobilisé » et « continuer à mettre la pression sur les institutions et la préfecture ».
Manuel Pavard